António Costa
António Costa

Panorama des partis politiques de gauche portugais

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Au Portugal, comme un peu partout dans le monde démocratique, il existe deux grands courants politiques : la gauche et la droite. Pour y voir plus clair, décryptons dans un premier temps les partis qui se réclament de la gauche.


Quand on regarde le bulletin de vote, on peut se retrouver un peu perdus. Pour les Européennes 2024, il y a 17 forces politiques présentes. Oui, je sais pour qui je vais voter, mais est-ce que je connais les autres partis ? Peut-être que finalement, le Volt, RIR ou Nova Direita sont plus adaptés à mes idées que le PS ou le PSD ? Dans ce premier article, nous allons aborder les partis de gauche.

Bulletin de vote
Bulletin de vote pour les Européennes 2024

Partido Socialista

C’est le principal parti de l’opposition en 2024, équivalent du Parti Socialiste français et de toute la gauche « modérée » européenne.

logo PS Portugal

Pour rappel, le principe de la gauche modérée : on aide un peu plus les individus directement plutôt que les entreprises et les entrepreneurs.

Pour pouvoir gouverner en 2015, ils avaient crée la « geringonça », le bidule, avec deux autres partis à leur gauche : le Bloco de Esquerda et le Partido Comunista.

Il s’agissait principalement d’un « pacte de non agression », où les deux autres partis s’engageaient à ne pas voter contre les décisions socialistes. Cet accord, signé en 2015, n’était plus que « verbal » en 2019. En votant contre la proposition de budget socialiste, les deux partis on provoqué la chute du gouvernement et les élections législatives 2022.

Avec les élections anticipées de 2024, le PS céda sa place au gouvernement au PSD.

Bloco de Esquerda

Le « Bloc de Gauche » est historiquement une alliance de plusieurs partis, situés idéologiquement entre les Communistes et les Socialistes. Ils sont similaires au Front de Gauche français.

Cette gauche est plus radicale et moderne que le PS, et mise beaucoup sur les avancées sociales et sociétales. C’est un parti qui plait aux jeunes, et beaucoup à ce que l’on pourrait qualifier de « bobo » en France, sans que ce ne soit forcément péjoratif au Portugal. Des gens cultivés un peu déconnectés de la réalité, en somme, ce qui semble être un contresens.

Catarina Martins
Catarina Martins, à la tête du Bloco de Esquerda. Son slogan : Fortes raisons, engagements clairs. Une allusion claire aux « raisons » qui ont poussé son parti à provoquer des élections anticipées.

CDU : Partido Comunista / Partido Ecologista Os Verdes

Les communistes portugais sont des « vrais » communistes à l’ancienne. Partisans de l’orthodoxie, leur idéologie n’a pas bougé d’un iota, et semblent vivre dans le passé. D’un autre côté, peuvent-ils faire autrement, sous peine de ne plus se distinguer du Bloco de Esquerda ?

Ce n’est pas à eux qu’on reproche le plus leur intransigeance, les Portugais connaissent bien les Communistes. Si un jour, ils sont au pouvoir, je crois qu’à peu près tout le monde s’imagine se retrouver quelque part entre Cuba et la Corée du Nord. Il ne s’agit pas du Communisme « moderne » à la chinoise ici.

Ils sont alliés, comme toujours, aux écologistes Os Verdes, tout aussi communistes qu’eux, au sein de la CDU, Coligação Democrática Unitária.

À chaque élection, ils perdent un peu plus de voix.

LIVRE

Le Livre est un parti très similaire au Bloco de Esquerda. Tellement similaire que son leader, Rui Tavares, est un ancien du Bloco de Esquerda. La gauche portugaise souffre du même mal que la gauche française : la division.

Au niveau des idées, ils sont originaux principalement pour leur méthode de désignation de candidats aux élections. Ils organisent, à chaque fois, des primaires internes.

Rui Tavares
Rui Tavares. Leur slogan est ironique, avec un petit jeu de mots. Botar abaixo, ça veut dire démolir. C’est justement de ça qu’ils sont accusés, d’avoir démoli la gauche et le gouvernement. Botar acima, ça voudrait dire construire.

Sauf que parfois, ces primaires peuvent leur coûter cher. Rui Tavares, en se mettant en retrait, a permis à Joacine Katar Moreira de devenir la principale candidate aux législatives 2019, et de gagner le seul siège de député jamais remporté par le LIVRE. Ils pensaient, et peut-être à juste titre, qu’une noire bègue avait plus de chances de remporter l’élection, du moins auprès de l’électorat visé.

La suite ? Joacine et son parti sont entrés en désaccord (encore un autre à gauche), et Joacine est désormais une député sans étiquette.

PAN, partido dos animais, das pessoas e da natureza

Idéologiquement, ils sont difficiles à situer. A l’assemblée, leurs députés siègent entre le PS et le PSD. Un parti au centre un peu à gauche donc, qui pourrait s’allier avec l’un des deux grands partis, à sa convenance si besoin.

Eux, leur truc, ce sont les animaux. Et, de par les résultats électoraux, qui avaient surpris de par leur ampleur, beaucoup de Portugais pensent comme eux. Au pays de la Tourada, il faut dire que parfois, le seul moyen de se faire entendre pour en finir avec ces spectacles, c’est de prendre le pouvoir, carrément.

Affiche du PAN
Inês de Sousa Real, tête de liste pour Lisbonne du PAN. Le slogan : Pour les personnes, les animaux, la nature, agir, tout de suite !

Autres partis de gauche

Nous venons de voir les partis politiques qui ont, ou avaient, un député à l’assemblée de la République. Mais il en existe bien d’autres, qui n’ont souvent, à eux tous, même pas 2% des intentions de vote. Avec peu de visibilité, et souvent peu de différenciation idéologique des autres grands partis, ils ont du mal à conquérir de nouvelles voix.

Partido Trabalhista Português

Leur présence sur Internet est très faible, leur site n’est pas mis à jour ni même référencé par Google. Dans les médias, leur présence est encore plus faible, pour ne pas dire nulle. Certains de ses membres sont d’anciens du Parti Communiste, d’autres, des anciens du Bloco de Esquerda. Vu de loin, on dirait tout simplement des candidats fâchés avec leur parti d’origine, et voulant se créer leur propre parti.

Movimento Alternativa Socialista

Il s’agit d’un parti Communiste, à tendance Trotskiste. Je me dis qu’au fond de moi, si Trotski avait pris le pouvoir au lieu de Staline en URSS, peut-être que le monde aurait été meilleur.

Nous le saurons jamais.

En attendant, le MAS, d’extrême-gauche, aurait pu avoir un discours qui fonctionne dans les oreilles portugaises. Pays de travailleurs exploités par le capitalisme, où les patrons s’engraissent et s’enfuient avec la caisse en cas de problème. Pays d’émigration, ne donnant pas d’opportunités à ses ressortissants.

Renata Cambra, candidate tête de liste pour Lisbonne lors des législatives. Le slogan : réveiller la gauche. On peut lire, en bas, « marre du blah blah », « marre des miettes », « marre du système ».

Le MAS s’était déjà allié avec le Partido Trabalhista Português, avec des résultats proches du néant. En 2019, le MAS ne fait que 0,06%…

Clairement, le programme de cette gauche extrême ne résonne pas dans les oreilles du Portugal. Ceux du CHEGA, en comparaison, oui. C’est le même constat en France. Pourquoi ? Je pose la question.

Reagir Incluir Reciclar

C’est le RIR, le parti de « Tino de Rãs », un ancien socialiste. Vitorino Silva de son vrai nom, avait amusé le Portugal avec ses discours enflammés lors d’un congrès du PS, lui qui n’était qu’un sombre inconnu élu d’une petite freguesia…

Il a évolué depuis, mais assume clairement son côté plus « rigolo », il suffit de regarder les initiales du parti…

Tino veut, par l’humour, le langage simple et la bienveillance, rapprocher les gens de la politique, et vice-versa. Une chose j’apprécie : son combat pour la simplification du langage administratif.


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