Qui vient au Portugal en plein hiver trouvera un pays très différent de celui qu’il a l’habitude de voir en été. Moins de touristes, pas de plage, peu ou pas de soleil. Mais il trouvera autre chose, il trouvera une fête qui semble être aussi importante que Noël, voire plus : le Carnaval.
Une fête que j’ai eu l’honneur de voir à Ovar, d’où j’en suis revenu avec une vidéo.
Sommaire
La tradition du Carnaval portugais
Au Portugal, comme ailleurs dans les pays catholiques, on a toujours fêté ce « mardi-gras », dernier jour avant le Carême, temps de jeune et de réflexion. C’est le jour où on dit « enlever la viande », « Carnelevare » en latin, ce qui nous a donné le mot actuel de « Carnaval ».
Mais là où la tradition s’est perdue en France et ailleurs, au Portugal, elle a été conservée et même ravivée de belle façon à Ovar, une petite ville entre Aveiro et Porto. A un tel point que les organisateurs s’auto-proclament « les plus authentiques » du pays. Etant donné que le terme « authenticité » est tout ce qu’il y a de plus subjectif, et qu’au Carnaval, « personne ne le prend mal » comme on dit en portugais (é Carnaval, ninguém leva a mal), je dis, « pourquoi pas » ?
Pendant plusieurs jours, toute la ville est en fête, avec plusieurs activités destinées à toutes et à tous, grands ou petits. Contrairement à Halloween, une fête essentiellement destinée aux enfants, le Carnaval portugais est véritablement universel, un rare moment de partage intergénérationnel. Ici la fête, c’est du sérieux aurions-nous envie de dire ! Il suffit de regarder les photos, pour s’apercevoir des trésors d’inventivité, de courage et de rigueur nécessaires pour arriver à un tel résultat.









Ovar, authentique Carnaval portugais
Il existe des Carnavals de toutes sortes, suivant les traditions locales. Souvent, on aurait du mal à croire qu’il s’agisse de deux fêtes ayant lieu le même jour tant les différences peuvent être nombreuses ! Ovar à cela « d’authentique » que le Carnaval s’y déroule de façon très classique. Même si les participants s’évertuent à être les plus ingénieux et créatifs possibles, le déroulé du « Grande Corso » obéit au même schéma depuis les années 1950.
Le Crande Corso, c’est le grand défilé, le point central de toutes les festivités. Il a lieu le jour de Mardi gras bien sûr, mais également le dimanche le précédent. Même si le jour de Carnaval est un jour férié au Portugal, nombreuses sont les personnes qui travaillent, et ne peuvent donc venir que dimanche. Et heureusement ! Il y a tellement de gens qui veulent venir voir le grand défilé que si tout était concentré le même jour, je pense que la fête pourrait vite devenir un cauchemar, surtout dans une petite ville qui n’a pas l’habitude des très grandes affluences…







Pour faire un bon défilé « classique », il faut : un roi et une reine, des gigantones (des géants de papier mâché), la fanfare des pompiers, et surtout, surtout, les associations locales, qui se démènent toute l’année pour que le jour du Carnaval soit grandiose.
Parce que oui, c’est toute l’année qu’on travaille, dans la bonne humeur, mais aussi sous pression. Tout doit être au top le jour venu. A Ovar, un concours est lancé chaque année, récompensant le meilleur groupe, le meilleur char et la meilleure école de samba du défilé, de la parade.
On imagine la déception lorsqu’un problème « technique » peut arriver lors du défilé. Il suffit de peu de choses, comme une roue du char qui se bloque pour qu’un an de travail s’envole en fumée ou presque… et cela arrive !





Cette façon de défiler, avec des chars thématiques, peu de gens le savent, mais elle nous vient d’une ville qui a oublié comment on fêtait le Carnaval : Paris ! C’était au XIXe siècle, lorsque Paris était le centre du monde ou presque. Aujourd’hui, le Carnaval parisien essaie de revenir, très influencé désormais parce qui se fait ailleurs, notamment au Brésil.
Mais il n’y a pas que Paris qui est influencé par le Brésil bien sûr, et Ovar, avec ses écoles de Samba, possède aussi un coté brésilien. Mais ce n’est qu’un juste retour des choses, il suffit de penser que le Carnaval brésilien est originaire du Carnaval… portugais ! Au final, tout le monde influence tout le monde, mais rien ne m’enlèvera de la tête que c’est quand même bizarre de voir des filles défiler en maillot de bain en plein hiver sous les latitudes portugaises…
Personnellement, si on me demande quel est le Carnaval le plus « authentique », je pense plutôt à ceux que l’on fait de la même façon depuis des centaines d’années, comme ceux de Podence avec leurs « caretos » par exemple. A Ovar, je n’ai vu personne enterrer le « entrudo », personne brûler vif Satan, personne se frotter aux dames pour leur apporter la fertilité ! Ce sont des souvenirs très lointains, à l’époque où l’on fêtait les Saturnales et les Lupercales romaines. On se déguisait déjà il y a 2000 ans !
Photos du Carnaval de Ovar






























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