Au Portugal, tout le monde connaît la Bataille de Aljubarrota. C’est le ciment de la nation, la bataille qui a assuré l’indépendance définitive du Portugal vis-à-vis de Castille et de la future Espagne, et qui représente également un haut fait d’armes, un exploit militaire sans précédent.
Chaque année, la petite ville de Aljubarrota commémore cette bataille qui eu lieu sur son territoire avec une foire médiévale, où l’on peut découvrir plusieurs aspects du Moyen-Âge portugais. Nous y sommes allés faire un tour, et… on a ramené des photos :)
Sommaire
La Bataille de Aljubarrota
La fin du XIVème siècle était une époque perturbée, marquée par la peste et la Guerre de Cent ans qui dévastait la France. Toute l’Europe était la proie à une grande instabilité politique. En 1383, le roi Dom Fernando du Portugal meurt sans laisser de fils pour lui succéder.
Sa fille unique était mariée au roi Jean de Castille, qui dès lors avait des prétentions : il voulait, en plus d’être roi de Castille, devenir le roi du Portugal, de par son mariage avec la fille de Dom Fernando, la princesse Beatriz. Ceci était évidemment hors de question pour la bourgeoisie portugaise de l’époque, qui préféra désigner comme successeur du roi Fernando son demi-frère Dom João, le maître de Avis (ordre militaire religieux), fils illégitime de Dom Pedro, (Pierre Ier du Portugal, celui qui s’était marié avec Inês de Castro).
Ce qui devait arriver arriva, comme à chaque conflit d’intérêt des seigneurs et des puissants : la guerre éclata. Le roi de Castille, aidé par la chevalerie française, envahi le Portugal. Le maître de Avis, et le fidèle connétable Dom Nuno Alvares Pereira leur feront face, aidé par des archers anglais, qui poursuivaient au Portugal leur guerre contre les français. Les anglais sont par ailleurs les alliés des portugais depuis l’an 1373, ce qui en font les deux plus anciennes nations alliées au monde, le traité étant toujours en vigueur.
La Bataille de Aljubarrota marque la fin de la guerre, et la défaite définitive de Castille. Les pertes du coté castillan furent immenses, alors qu’ils avaient une armée 5 fois plus nombreuse, environ 30 000 hommes selon les chroniqueurs de l’époque. Cette victoire portugaise fut une grosse surprise pour l’époque en péninsule Ibérique : c’etait la victoire de l’infanterie et des archers contre la cavalerie. C’est en l’honneur de cette victoire fondamentale que fut érigé le monastère de Batalha (Bataille), classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco. On devine facilement pourquoi cet édifice religieux porte un tel nom, surtout que son nom officiel est « Couvent de Sainte Marie de la Victoire »…
La boulangère de Aljubarrota
Une légende populaire remontant de cette époque nous parle d’une boulangère, « padeira » en portugais, qui aurait contribué à la victoire du Portugal, en tuant plusieurs soldats castillans, déserteurs de l’armée. Elle les aurait enfermés dans son four à pain, et en tuant à la pelle ceux qui tentaient de sortir. En l’honneur de la légende de la « padeira de Aljubarrota », on peut voir une statue à l’entrée de la ville.
Il parait qu’elle était horriblement moche, avait 6 doigts à chaque main et avait mené une vie dissolue avant de s’établir à Aljubarrota… on ne saura jamais distinguer le vrai du faux, ce n’est qu’une légende après tout.
La ville de Aljubarrota
La ville conserve largement ses caractéristiques de ville très ancienne, avec ses bâtiments ne dépassant pas un étage, ses petites rues serrées et une campagne avoisinante aux superbes vues sur la montagne, toute proche. Cette ville est un cadre idéal pour réaliser une foire médiévale, pas de doute. Les habitants sont très impliqués dans cette fête.
Tout le monde joue le jeu, en s’habillant comme au Moyen-Âge, anachronismes inclus, mais qu’importe ! Il n’est pas rare de croiser dans les rues des ménestrels ou des troubadours qui jouent de la musique dans les rues, de voir des jongleurs amuser la galerie, et surtout beaucoup de vendeurs, des artisans locaux nous proposant leurs articles, fabriqués à la main et leurs spécialités culinaires.
La ville, pour augmenter le réalisme, à embauché un théâtre de rue. Les acteurs, habillés d’époque, en chevalier ou en simple paysans, font comme ci ils étaient véritablement des habitants moyenâgeux de la ville de Aljubarrota. Ils vont par exemple discuter entre eux, se battre même, avec la rapide intervention d’un chevalier, qui remettra de l’ordre dans les rues. C’est vraiment sympa, on est l’espace d’un instant immergé dans le passé. Pour bien faire, la ville a caché les panneaux de signalisation routière avec du gros tissu, merci beaucoup ! Ce genre de détail a toute son importance, mine de rien.
Plusieurs animations ont été organisées, comme, entre autres, un dîner médiéval. Je n’ai pas pu y participer, sans doute l’année prochaine (il faut s’inscrire la veille), ça m’interresse de manger comme à l’époque, avec les explications qui vont bien avec. Des jeux médiévaux étaient également proposés, où l’on pouvait s’entrainer au tir à l’arc ou participer à un tournoi d’échecs. Des tentes étaient dédiées à l’information et à la culture, avec des passionnés nous expliquant l’art du combat ou des coutumes médiévales.
Aljubarrota est une ville charmante et accueillante, à voir absolument pendant la foire médiévale : pendant l’après-midi, il n’y a pas encore beaucoup de monde si vous n’aimez pas l’agitation touristique en trop grand nombre, et vous pouvez déjà déjeuner comme on le faisait il y a des centaines d’années, à l’ombre des vignes. Rendez-vous l’année prochaine en août ?
Photos de Aljubarrota
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