Voter au Portugal VS voter en France : l’injustice française

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Au moment de choisir un parti politique, ce n'est pas très compliqué. On choisit celui que l'on préfère, et on part le jour des élections à son bureau de vote pour voter pour lui.


Voter en France

Rappelons ce que nous savons tous en France : on reçoit par la poste le programme politique des candidats, et le petit bulletin qui va avec. On le met dans une enveloppe que l’on glissera dans l’urne de son bureau de vote.

C’est super, on dirait qu’on est en démocratie, la vraie. Sauf que… pas tout à fait. Les petits partis, qui n’ont pas assez d’argent pour envoyer à l’ensemble des électeurs leur programme et leur bulletin doivent se débrouiller autrement.

Prenons par exemple le Parti Pirate Français. Lui, si vous n’êtes pas déjà sensibilisé à leur combat, vous n’en avez probablement jamais entendu parler. Ils n’ont pas les moyens d’envoyer à tout le monde leur programme, ni de budget marketing et encore moins l’attention des médias.

Donc ! Si vous voulez voter pour eux, il faut carrément imprimer soi-même leur bulletin.

Bulletin de vote du Parti Pirate pour les Européennes 2019

Ah c’est bête, j’allais voter pour eux, mais je n’ai pas d’imprimante ou de cartouche d’encre. Tant pis, je reste chez moi.

Ceci est un exemple, mais nous aurions pu parler d’une foule d’autres micro-partis inconnus, mais qui pourtant ont eu le droit de se présenter, légalement. Il parait qu’il y a plusieurs centaines de petits partis comme ça.

Créer un parti politique en France : le problème

C’est ici que nous avons un souci. Pour faire un parti politique en France, il suffit de créer une association Loi 1901 à caractère politique. En gros, il suffit d’une poignée de personnes. Cette liberté n’en est pas vraiment une, du moins à mon sens : on se disperse trop. Nous allons voir pourquoi le système portugais me semble meilleur, en tout cas en termes démocratiques.

Voter au Portugal

Au Portugal, les partis, pour convaincre, doivent occuper comme en France le terrain des médias. Télévisions, journaux et même réseaux sociaux. Personne ne va vous envoyer par la Poste un bulletin de vote. Certains vont se faire de la pub par courrier, pourquoi pas, s’ils en ont les moyens.

La vraie différence avec la France : le bulletin de vote lui-même. Il est fourni le jour même de l’élection, au bureau de vote. Dessus, on y trouve l’ensemble des candidats. On coche la case du candidat que l’on souhaite faire élire, et on met son bulletin dans l’urne.

Pour être bien sûr qu’il n’y a pas de favoritisme, l’ordre des candidats sur le bulletin est tiré au sort. Aux européennes 2019, c’est l’extrême gauche radicale qui est en premier, en 2014, c’était le Parti Socialiste.

Bulletin de vote portugais 2014

Même s’ils sont nombreux, on le voit, leur nombre n’est certainement pas de plusieurs centaines comme en France. Et pourquoi ?

Créer un parti politique au Portugal : la solution

C’est tout bête : pour créer un parti politique au Portugal, il suffit d’avoir 7500 personnes qui décident de le faire. Elles déposent leur signature, leur identité au Tribunal Constitutionnel.

On limite ainsi la création de partis fantaisistes, tout en gardant la représentativité nécessaire. Et surtout, on met tout le monde sur un pied d’égalité dans l’isoloir. On est d’accords : le pouvoir financier et médiatique, c’est autre chose, et c’est bien ce que qui compte au final. Mais venons-en, justement, à ce pouvoir financier.

Les micro-partis à la française, une source scandaleuse de financements politiques

Pour détourner la loi limitant le financement des partis politiques français, qui existe également au Portugal, qu’est ce qu’on fait en France ?

Des micro-partis.

Et c’est comme ça que l’on se retrouve avec plusieurs dizaines voire centaines de partis aux programmes pratiquement identiques, pouvant faire campagne pour des idées très proches du parti principal que l’on ne peut plus financer. Rien de tout cela au Portugal, ce qui est, peut-être, une des raisons qui empêchent l’extrême-droite de vraiment monter. Il n’y a pas de financement possible outre-mesure comme celui que pourrait faire un Steve Bannon.

Vous savez, Bannon, une personne envoyée par les américains pour faire augmenter les populismes en Europe. La désunion européenne ferait bien leurs affaires, alors ils y vont à fond et ne s’en cachent même pas.

C’est un peu dans ce contexte qu’arrive le nouveau parti portugais « Chega », populiste à souhait mais beaucoup plus « propre » que le parti du criminel Mario Machado. Donc, quoique l’on dise, même si Chega a des financements étrangers (ce qui n’est pas prouvé, mais en tout cas ils ont des moyens hors normes pour un parti qui vient de naître), ils ont tout de même 7500 citoyens qui sont avec eux.

Ils ont donc le droit de se présenter, légitimement.


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