Euthanasie au Portugal
Euthanasie au Portugal

L’euthanasie au Portugal

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En cas de souffrance irrémédiable, il est possible de faire appel au suicide assisté. Le Portugal se place enfin comme pays où l'euthanasie est autorisée, après un très long combat juridique.


L’euthanasie au Portugal, c’était une histoire sans fin, jusqu’à ce 16 mai 2023. Le président de la république Marcelo Rebelo de Sousa promulgue finalement le projet de loi, en attente depuis des années de la validation finale.

C’est sans doute grâce à un changement des mentalités que le parlement portugais avait adopté le 20 février 2020 la loi autorisant l’euthanasie active. L’euthanasie avait déjà été refusée une première fois en 2018, avec le vote contre et décisif du Parti Communiste, étrange allié de la droite conservatrice à cette époque.

Une adoption en 2020 qui ne fut pas suivie d’effets, le président n’ayant jamais promulgué la loi.

Euthanasie active : lorsqu’une tierce personne tue volontairement, à sa demande, la personne en souffrance. Il ne faut pas confondre avec l’euthanasie passive, où on décide de ne pas prolonger la vie, en débranchant le respirateur par exemple.

En finir avec la souffrance sans espoir

L’idée derrière l’euthanasie est simple : si le malade n’a aucun espoir de guérir, qu’il souffre, il peut choisir de se suicider. Mais dans l’impossibilité physique de le faire, il doit demander de l’aide. Pour pouvoir faire sa demande, il doit être majeur et dans ses pleines capacités intellectuelles.

Ce choix est polémique. Pour les Catholiques, le suicide est interdit. Se tuer soi-même, c’est toujours tuer un être humain et est par conséquent un meurtre.

Pour d’autres, le problème est différent. Est-ce que la personne souhaitant l’euthanasie ne changerait-elle pas d’avis si elle était correctement prise en charge par les soins palliatifs ?

Soins palliatifs

C’est bien ici que réside le principal problème au Portugal. Les soins visant à alléger la souffrance ne sont pas encore généralisés. Bien sûr qu’il faut traiter la souffrance en premier lieu, mais peut-être qu’il est préférable de calmer la douleur grâce aux soins plutôt que de prendre une décision irréparable ?

Il est vrai que de nombreuses personnes « candidates au suicide assisté » changent d’avis une fois prises en charge correctement par les soins palliatifs.

Le droit de disposer de sa vie

Finalement, il existe la position des libéraux, que je trouve extrême mais parfaitement sensée. Une personne aurait le droit inaliénable de disposer de son corps comme bon lui semble, tant qu’elle ne cause pas de tort à autrui.

Je suis, sur le fond, d’accord avec cette idée, sauf qu’en se suicidant, est-ce que la personne ne cause pas de tort à son entourage ?

La Loi se devait d’être précisée

Sur le principe du suicide assisté, le parlement portugais a donc dit oui à l’euthanasie, a une large majorité. Les parlementaires ont ensuite débattu dans la spécialité les différents projets favorables à l’euthanasie.

Dans certains projets, la demande d’euthanasie doit être évaluée par au moins deux médecins, dans d’autres par au moins trois, alliés à une commission d’évaluation.

L’euthanasie doit être effectuée sous contrôle médical, par un professionnel qui n’a rien à gagner avec la mort du patient. Pas de médecin qui hériterait de la fortune de la personne candidate au suicide donc.

Il faut savoir que le droit de veto du président de la République n’est pas absolu. La loi, renvoyée à l’Assemblée de la République par le veto, peut alors être soit modifiée pour prendre en compte l’opinion du président, soit restée inchangée. Si la loi revient au président sans aucun changement de la part du parlement, il sera alors obligé de la promulguer.

C’est à l’issue de ce long travail que le projet de loi a été représenté au parlement, par deux fois et à l’identique, pour obliger le président à la promulguer.

C’est désormais chose faite, les personnes qui ne peuvent pas mettre un terme à leur vie par eux-mêmes et qui sont en souffrance médicale peuvent demander à bénéficier du suicide assisté. Le Portugal rejoint ainsi l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg dans la courte liste des pays qui autorisent l’euthanasie active.


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