Jardin des Bouddhas
Jardin des Bouddhas

Le Jardin des Bouddhas, Bacalhôa Buddha Eden

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A Bombarral, petite ville réputée pour ses vins, se trouve le plus grand jardin oriental d'Europe, parsemé de statues bouddhistes.


Est-ce que vous vous souvenez des talibans, et des bouddhas géants qu’ils ont détruits ?  Ces fanatiques musulmans ne voulaient pas voir chez eux en Afghanistan des symboles d’une autre religion.

Joe Berardo, milliardaire amateur d’art

On était alors en 2001, et la destruction de ce patrimoine de l’humanité à coup de bombes avait choqué le monde.

Joe Berardo aussi avait été choqué.

Berardo, c’est un milliardaire portugais, connu pour deux choses : ses démêlés avec la justice pour des histoires d’argent, et son goût très prononcé pour l’art.

Nous lui devons l’installation d’une des plus belles collections d’art contemporain du monde à Lisbonne, au Centre Culturel de Belém.

Bacalhôa Buddha Eden, à Bombarral

Pour rendre hommage aux bouddhas de Bamiyan, ancien patrimoine de l’humanité, l’entrepreneur portugais a eu une idée. Il se dit qu’il pourrait utiliser un de ses Domaines vinicoles pour y construire le plus grand jardin oriental d’Europe, la Quinta dos Loridos.

Quinta dos Loridos

En regardant le blason de la ville de Bombarral où se trouve la Quinta, il n’y a pas d’ambiguïté. Ici, on produit du vin.

Blason de Bombarral

Lorsque l’on arrive à la Quinta, le lien avec l’Orient n’est franchement pas évident. Il n’y a même carrément pas plus portugais que ces belles façades peintes en blanc, réhaussées de couleurs vives. Il y a même une petite chapelle !

Ce n’est qu’après avoir traversé l’accueil et acheté nos tickets que l’Orient se présente, enfin.

La pagode sur le lac
La pagode sur le lac

Jardin oriental

En se promenant dans les 35 hectares du Bacalhôa Buddha Eden, parmi les statues, on pourrait croire que nous sommes dans un lieu consacré à la religion. Mais non, pas du tout. Il ne s’agit que d’esthétique. L’intention de ses concepteurs est de promouvoir la paix et le dialogue entre les cultures avec cet hommage aux bouddhas détruits.

Un des nombreux bouddhas

Pourquoi pas, j’ai pu faire découvrir à mes enfants quelque chose qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, et de parler un petit peu de bouddhisme… du haut de mes maigres connaissances en la matière !

Le jardin est un mélange de la culture asiatique… et d’ailleurs. Un mélange qui, selon les estimations, pèse tout de même 6000 tonnes de marbre et de granit.

Guerriers en terre cuite chinois
Guerriers en terre cuite chinois

Organisé autour de plusieurs lacs artificiels où nagent de belles carpes koi, les sculptures d’inspiration asiatiques sont pléthore, et pas forcément bouddhistes. C’est le cas de ces 600 guerriers bleus et en terre cuite, copies de ceux retrouvés dans le tombeau du premier empereur de Chine. A noter, ces guerriers n’ont pas toujours été bleus. Le Buddha Eden est en perpétuelle évolution. La visite d’aujourd’hui ne sera donc pas la même que dans un an.

Bouddha doré
Bouddha doré

Le point central de la visite, c’est cet énorme bouddha doré, en haut d’escaliers monumentaux. Derrière lui, un bouddha impressionnant, haut de 21 m.

On vient se prendre en photo, faire des selfies devant ces statues. Si on est un peu joueur, on pourrait même faire croire à ses copains qu’on est parti en Chine ou au Vietnam.

Certains se prennent au jeu de la spiritualité, en collant des pièces de monnaie sur un des bouddhas du jardin. Mais est-ce bien sincère ? N’est-ce pas plutôt du simple vandalisme ?

Tiens, on y trouve de l’Art moderne ?!

C’est ce qui surprend le plus, en venant visiter le Buddha Eden. Trouver, au détour d’un chemin dans une bambouseraie, des oeuvres d’art moderne, ou de l’art africain, tout droit venu du peuple Shona du Zimbabwe… On ne saisit absolument pas le rapport, si ce n’est le goût personnel du fondateur.

Sculptures africaines
Sculptures africaines

Ce sont des œuvres d’art de grande qualité, et intégrées dans des jardins spécialement dédiés. Mais… bizarre en cet endroit. Mais c’est peut-être moi, qui possède une conception d’harmonie des espaces aujourd’hui dépassée ?

Pour moi, c’est à ranger dans les petits couacs…

Un autre exemple de bizarrerie : il y a un petit train qui fait le tour de la propriété. Je ne le conseille pas. C’est une très belle promenade à faire, à pied ! Un moyen de locomotion motorisé dans un tel espace de calme et de découverte, rempli de petits détails que la vitesse ne permet pas d’appréhender, c’est dommage. En plus, il est payant.

De même, au chapitre des petites critiques à faire, le restaurant n’en vaut pas le coup. C’est un buffet relativement cher pour ce que c’est et qui ne propose aucune spécialité orientale. Ce n’est pas ici que vous mangerez chinois !

A la sortie, l’inévitable boutique de souvenirs. Chose surprenante, vous ne trouverez pas de petit bouddha en plastique « made in China » en vente, ni rien d’autre d’asiatique. Il s’agit d’une boutique où l’on trouve les vins du domaine, dont un mousseux réputé… et c’est tout !

La découverte de panneaux pédagogiques sur l’histoire du vin à la fin de la visite aurait dû me mettre la puce à l’oreille…

Portail asiatique
Portail asiatique

L’immersion proposée au départ dans ce jardin oriental est ainsi étrangement mélangée avec des éléments culturels totalement hors sujet. Un peu comme si Joe Berardo avait voulu caser là des choses qu’il aime bien, mais qui n’y ont pas vraiment leur place.

Celui qui répond également au nom de « Jardin de la Paix » est en tout cas une belle rencontre de plusieurs cultures, c’est le moins que l’on puisse dire !

Nous pouvons remercier le doux délire de Joe Berardo, qui nous fait profiter d’un cadre respectueux du bouddhisme et de ses représentations, pour un prix symbolique, qui à mon avis ne suffit même pas à couvrir les frais d’un jardin hors normes.

Plan du Bacalhôa Buddha Eden

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