Ville ou campagne ? Pour vous aider à faire votre choix, je vais vous présenter un petit village du littoral centre portugais. Mon village, proche de la ville, proche de l'océan, proche de l'autoroute, proche de toutes les commodités, et pourtant, on est bien à la campagne. Une campagne plus industrielle qu’agricole, une campagne où la plupart des gens vivent dans des maisons individuelles.
Un village comme tant d’autres du centre littoral du Portugal
La commune de Ilha est à 15 km de Pombal, à mi-chemin entre Lisbonne et Porto. Avec ses 2000 habitants, c’est l’un des rares endroits au Portugal qui ne perd pas de population, et même, qui en gagne ! Autrefois, avant 1974, c’était un village principalement paysan, rural. Bâti au beau milieu d’une grande forêt de pins, il ne pouvait en être autrement. Avec le temps, il est devenu de plus en plus lié au BTP et aujourd’hui, la ruralité n’est pratiquement plus existante. Dans ce village portugais du centre, nous ne sommes pas tous les uns sur les autres comme on pourrait l’être en ville. La plupart des gens possèdent une maison individuelle, et avec cette maison, un jardin cultivé, parfois même carrément tout un champ.
Sommaire
C’est un village qui évolue, qui est dynamique et qui a énormément évolué depuis le 25 avril 1974. Une évolution grâce au pouvoir public d’une part, mais aussi et surtout grâce à l’associativisme qui a été permis depuis la Révolution d’avril. Évolution encore grâce aux très nombreuses personnes qui sont parties à l’étranger, notamment en France, pour essayer de gagner mieux leur vie qu’au Portugal. Ils ont essayé de construire leur maison petit à petit, chaque année, pour pouvoir y vivre leurs vieux jours, et malheureusement certains n’ont jamais réussi à terminer leur projet.
Les maisons du village
Au niveau immobilier, il y a un peu de tout au village. Il y a des maisons anciennes et traditionnelles, tout comme des maisons récentes, toutes marquées par la mode de leur époque. Peu de maisons vraiment anciennes de plus d’un siècle, la plupart tombant en ruine. Les gens préfèrent en général du neuf à la rénovation. Chose nouvelle maintenant, il y a des immeubles et des appartements. Ils sont sûrement très confortables, mais moi ça me fait bizarre de ne pas avoir son petit jardin, d’avoir son petit carré de verdure à soi.
Aujourd’hui, le village est bien équipé, mais ça n’a pas toujours été ainsi. Avant 1974, il n’y avait même pas d’électricité, alors qu’il y avait la haute tension qui passait juste au-dessus. Aujourd’hui, il y a même la fibre. Le village s’est amélioré petit à petit au fil des années et, par exemple, autrefois, il n’y avait pas de route goudronnée. Elles ont été goudronnées petit à petit, et maintenant pratiquement toutes les routes sont goudronnées. Des trottoirs ont également été ajoutés, ainsi que l’eau courante. Autrefois, l’eau venait exclusivement des puits.
Il n’y a qu’une seule chose que je trouve manquante aujourd’hui, c’est le tout-à-l’égout. Mais un jour ça viendra. Les villages des alentours l’ont déjà.
Entraide et convivialité entre villageois
Les villageois n’ont pas attendu après l’État pour créer de nouvelles choses dans leur village. Ils ont créé des associations, surtout après 1974. Ils ont pu ainsi améliorer leur qualité de vie. On est solidaire entre nous, on se débrouille en famille, on se débrouille dans le village, on se débrouille dans nos lieux-dits, sans jamais attendre de l’autre quoi que ce soit. C’est très portugais ça, une solidarité directement issue du monde rural, parce qu’autrefois il fallait vraiment se serrer les coudes pour réussir à transformer cette forêt en quelque chose de fertile. Cette solidarité-là, on la retrouve aujourd’hui du côté religieux, un côté qui a permis d’avoir des « alminhas », ces petits édifices religieux que l’on retrouve un peu partout dans toutes les « freguesias » du pays, tout comme des chapelles ou des églises. Regardez la belle église que nous avons aujourd’hui à Ilha !
Les grands moments de convivialité dans un village, ce sont les fêtes, principalement organisées par l’Église. À Ilha, nous allons avoir en février la fête de Saint Joseph, Saint Patron du village ou la fête du cœur Immaculé de la Vierge Marie en août. Pour les plus gourmands, il y a les « tasquinhas », les « mini-tavernes » en septembre. La fête du village, c’est un moment où on peut voir des concerts de ranchos folkloriques ou des groupes de jeunes rockeurs, ou simplement partager un bon repas avec une boisson autour d’une table, avec des copains qui viennent de tous les endroits du village et même d’ailleurs.
La fête du mois d’août dans un village portugais, c’est pratiquement obligatoire. On profite que les enfants du village, partis à l’étranger gagner leur vie, soient en vacances au Portugal pour que tous s’y retrouvent.
Au fil des années, on a construit un salon de la paroisse, qui permet de faire des fêtes à l’abri, comme des mariages ou des baptêmes. On a construit un très beau parvis ou ces fours à bois qui permettent de cuisiner et ainsi vendre de la nourriture aux gens qui font la fête.
Associations du village
Même si l’Église est tout à fait centrale, tout ne tourne pas autour de la religion, surtout au niveau associatif. Nous avons plusieurs associations laïques, mais qui peuvent prêter, bien sûr, main forte à l’Église.
Nous avons, en premier lieu, une des plus anciennes, la « Banda Filarmónica Ilhense », un groupe de musique où l’on joue principalement des cuivres. Ils font des défilés, ils jouent de la musique dans le village et un peu partout au Portugal. On peut les trouver aux processions de l’église.
La Filarmónica partage ses locaux avec une autre association, le Rancho de Ilha.
Rancho : plusieurs personnes se regroupent pour danser et chanter des musiques traditionnelles populaires portugaises.
Il y a aussi des associations de lieux-dits. Chaque petit coin du village ou presque a sa propre association ! C’est notamment le cas des Helenos, mon lieu-dit à moi, où nous avons construit ce fabuleux salon de fêtes et un bar qui dessert très bien la population locale. Il existe une saine compétition entre les différents lieux-dits pour savoir lequel aura la plus belle fête, le plus beau salon ou le plus bel équipement.
Une association pour laquelle j’ai une tendresse particulière, l’association des « Cestinhos » (« petit paniers » en français) fait un très beau travail de vannerie.
Mais attention, il s’agit d’une vannerie spéciale. Elle n’utilise pas d’osier, mais du « bracejo ». C’est une plante qui ne pousse pratiquement qu’à Ilha et quelques autres rares endroits au Portugal (que je ne connais pas). Cette plante-là permet d’avoir des travaux beaucoup plus fins, beaucoup plus travaillés, très agréables à regarder.
Malheureusement, c’est quelque chose qui est en train de disparaître, d’où l’utilité de l’association. Pourquoi ça disparaît ? Parce que c’est un travail qui n’est pas rentable. Il y a de moins en moins de gens qui savent le faire, malgré les honneurs et la reconnaissance.
Sport associatif
Au chapitre des associations essentielles, il y a, bien sûr, les associations sportives, foot en tête. Ilha se devait forcément d’avoir son petit club de foot, très apprécié des gens du village. Le « Grupo Desportivo da Ilha » est très connu, d’ailleurs, pour avoir une fabuleuse équipe féminine de foot qui remporte pas mal de très beaux matchs au Portugal.
Avec le temps, les infrastructures sportives se sont améliorées. Le terrain a obtenu une pelouse synthétique, puis a eu de la lumière artificielle pour les entraînements et les matchs de nuit. Il y a maintenant un petit bar où on peut se restaurer pendant un match. Il y a tout ce qu’il faut. Il y a même un salon, un petit peu à part du terrain de foot, où on peut organiser des fêtes et ainsi récolter de l’argent pour l’équipe de foot.
L’autre façon de récolter de l’argent pour une petite association, c’est d’avoir recours aux sponsors qui, ici dans ce cas-là, sont très nombreux. Ces sponsors nous donnent une petite idée du tissu entrepreneurial local.
Services de l’état : mairie, école, santé…
Dans un souci d’économie, l’État a regroupé des services. Autrefois, on avait un médecin par village. L’État a jugé bon de regrouper plusieurs médecins au sein d’une seule structure qui n’est plus à Ilha, mais à un village voisin, à 5 km. C’est plus pratique parce qu’on a plus de services regroupés au même endroit, mais les gens de Ilha n’ont plus le médecin à côté de chez eux.
Même chose pour les écoles. Autrefois, il y avait une école par lieu-dit, mais c’était souvent des classes avec plusieurs âges, plusieurs niveaux. Ces petites écoles ont toutes été regroupées au sein de la grande école primaire de Ilha. Il y a désormais bien une classe par tranche d’âge. Quelque part, je trouve ça mieux. Les enfants ont plus de camarades avec qui jouer, ils voient plus de gens d’autres endroits que le bout de leur rue.
Les anciennes écoles ont souvent été reprises par les associations locales. Par exemple, l’association des chasseurs, contents de récupérer des locaux gratuitement.
Il n’y a pas de souci particulier au niveau des structures médicales, même après le regroupement de plusieurs services. On parle d’un centre clinique qui n’est qu’à 5 km. De toute façon, aujourd’hui, tout le monde se déplace en voiture. Au pire, il y a toujours des autobus, des autocars qui peuvent nous emmener à Guia où se trouve le centre clinique, ou qui peuvent nous emmener en ville, à Pombal. Ce sont d’ailleurs ces autobus qui sont utilisés par les élèves lorsqu’ils doivent aller au collège de Guia.
Parc de loisirs
Une des plus belles réussites du village, c’est son parc de loisirs, « parque de lazer ». C’est un endroit où on peut pique-niquer entre villageois. On a installé des barbecues, mis de l’eau courante et des toilettes. Ce type de parc, on le retrouve un peu partout au Portugal. Dès qu’il y a un village avec un peu de nature à valoriser, où on peut pique-niquer, hop ! vous allez avoir le parc de loisirs.
C’est vrai que c’est super agréable d’être à l’ombre des pins et d’écouter l’eau qui coule de la petite rivière.
Passé rural toujours présent
Ilha est un village tourné vers l’avenir, avec des vestiges du travail du passé. Certains vestiges ont survécu, comme la scierie qui traite le bois et le débite en planches, tandis que d’autres, malheureusement, non. C’est le cas de l’ancienne usine de briques qui n’a pas survécu à la concurrence et n’a pas su se moderniser. Autrefois, tout était encore fait à la main.
Fort heureusement, d’autres entreprises ont réussi, et même très bien réussi, que ce soit à Ilha et dans beaucoup d’autres villages ruraux du Portugal. Nous pouvons encore trouver beaucoup de traces de cette époque sans électricité, sans voiture, sans tracteur. C’est un passé qui appartenait à mes grands-parents, où on devait tout faire à la force humaine ou animale.
Tourisme rural
La fontaine du village, ancien lavoir, est un bon exemple de ce passé oublié. Plus personne ne vient ici, plus personne ne vient laver ses vêtements comme autrefois. Pourtant, il y a encore de l’eau qui coule dans cette fontaine…
Seuls quelques randonneurs viennent ici à la découverte de nouveaux chemins de randonnée. On comprend les villageois, dès lors qu’ils ont eu l’électricité et leurs réservoirs d’eau, ils n’avaient plus aucune raison de venir ici. Quel changement a vécu ce village en à peine 50 ans ! Aujourd’hui, c’est devenu un village très confortable, avec une très bonne qualité de vie. On y trouve, par exemple, des « pastelarias » où l’on peut manger un très bon gâteau et boire un excellent café. Il y a aussi des bars où l’on peut prendre un verre avec les copains, ainsi que des services simples comme une boîte aux lettres pour envoyer notre courrier ou une banque et son « multibanco », la caisse de retrait portugaise.
Vendeurs ambulants
Parmi les choses du passé que j’aime bien, et qui vont peut-être disparaître, la livraison du boulanger ou du poissonnier. Ils font le tour des villages avec leur fourgonnette et leurs marchandises, vendant pratiquement porte à porte leurs produits. Il faut être attentif à leur klaxon, ils ont chacun le sien, celui du boulanger n’étant pas le même que celui du poissonnier. Quand ils klaxonnent, on sort et on va à leur rencontre pour leur acheter ce dont on a besoin. Si on n’est pas à la maison et qu’on a un accord avec le boulanger, il peut nous laisser le pain accroché à la porte.
Aujourd’hui, les gens prennent leur voiture et vont au supermarché du village, ou alors un peu plus loin en ville, pour avoir accès à un Lidl ou un Intermarché. À côté de notre supermarché indépendant, on retrouve d’autres commerçants, comme celui qui vend de très bons poulets rôtis ou un boucher. Nous retrouvons également la pharmacie.
Ilha est un village jeune, tourné vers l’avenir, mais n’oublie pas ses anciens. Il y a quelques années, une maison de retraite a été construite. Le cimetière est très bien entretenu, témoignant du respect que les Portugais ont pour leurs aînés, ceux qui nous ont précédés sur cette terre.
Il y a d’autres villages à Pombal et ailleurs au Portugal qui ne sont pas des endroits à visiter, mais plutôt des endroits où vivre. Pour les découvrir, on peut emprunter les nouveaux chemins de randonnée qui se développent et, par exemple, tomber sur un terrain constructible en vente.
Moi, je dis ça, je dis rien…
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