Familia Portugal
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D’où vient la terminaison en -ES des noms de famille portugais ?

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Les noms Gonçalves, Rodrigues, Marques ou Fernandes (entre autres) terminent avec les lettres ES. On retrouve une terminaison similaire chez nos voisins espagnols, avec les lettres EZ cette fois. Leur origine est la même, plus ancienne que le Portugal !


Pendant le haut Moyen Âge, entre la fin de l’Antiquité et le XIème siècle, les populations européennes adoptèrent la façon de nommer des peuples conquérants germains. Leur nom était alors limité au prénom. La façon de nommer à la romaine, incluant la famille, s’était perdue.

Le prénom du père devient nom de famille

Aux Xème et XIème siècles, avec l’augmentation de la population, les administrations naissantes avaient besoin de distinguer entre eux les individus. Les homonymes étaient devenus trop nombreux.

Le nom de famille n’était pas encore obligatoire, et encore moins héréditaire. On nommait simplement une personne, en plus de son prénom, par son surnom, par son lieu d’habitation ou de naissance, ou bien encore par le prénom de son père.

Patronyme : ce nom d’origine grecque veut simplement dire « nom du père ».

Aujourd’hui, de nombreuses cultures ont créé des noms de famille à partir du prénom du père. On retrouve ainsi le nom du père en tant que nom de famille dans les cultures d’origines slaves ou germaniques. Pour la langue anglaise par exemple, les noms de famille terminant en « son » sont une évidence : Richardson (son of Richard), Robertson (son of Robert) et ainsi de suite.

Au Portugal et en Espagne, les suffixes -es et -ez signifient aussi, comme le suffixe -son anglais, « fils de ». On retrouve ces premières terminaisons typiquement ibériques dès le IXème siècle en Navarre.

En France, les noms de famille issus du prénom du père n’ont pas gardé de suffixe. Les nombreux Martin, Thomas et autres Olivier étaient autrefois ainsi juste « fils de Martin, fils de Thomas, fils d’Olivier ». Avec le temps, le « fils de » s’est perdu.

A savoir : ce n’est qu’au XXème siècle que la graphie en -es des noms de famille portugais a été adoptée. Il est ainsi très commun de trouver des noms portugais terminant par -ez dans les sources écrites anciennes.

Origine de la terminaison en -es

Cette terminaison est un mystère. Il n’y a pas de certitude la concernant, ni au Portugal, ni en Espagne. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne la retrouve qu’en péninsule ibérique, sans équivalent dans les autres pays de langue latine, qui ont leur propre façon de marquer le patronyme.

Chez les Italiens, nous aurons plutôt des patronymes terminant par -i, issus du génitif latin. Ainsi, Lorenzi est le fils de Lorenzo, Nicoli le fils de Nicola et Stefani le fils de Stefano.

Pour les Roumains, c’est le suffixe -escu qui nous indique un patronyme. Nicolescu est ainsi le fils de Nicolae.

La piste de l’origine latine

Peut-être faut-il chercher du côté de la langue latine et du génitif terminant en -is. Ce génitif exprime une valeur de possession. Ainsi, nous pourrions dire hypothétiquement qu’un certain Rodriguis appartient à Rodrigue.

La piste préromaine

Le suffixe -es ou le suffixe -ez serait plus ancien que la langue latine en péninsule ibérique. Un usage qui ne se serait jamais perdu, venant d’une langue ibérique aujourd’hui oubliée. C’est une solution plausible, expliquant par la même occasion pourquoi les autres cultures latines n’utilisent pas de suffixe patronymique.

La piste wisigothique

Toutefois, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la majorité des noms en -es sont construits à partir d’un prénom d’origine germanique. Les Suèves et les Wisigoths qui occupèrent la péninsule ibérique n’avaient que peu de choses en commun avec les peuples ibères préromains…

Prénoms d’origine des noms de famille en -ES

Attention : certains de ces prénoms viennent directement du Moyen Âge, et ne sont plus utilisés aujourd’hui. C’est le cas de Pero, Lobo ou Gomo par exemple.

Il faut également prendre en compte l’évolution de la langue, et certains qui autrefois terminaient en -es ou -ez peuvent terminer aujourd’hui autrement : -oz, -as, -az, -iz…

PatronymePrénom d’origineNotes
AlvesÁlvaroIl s’agit d’un diminutif. En Espagne, ça serait Alvarez
AntunesAntónio
BentesBento
BritesBeatrizPeut-être un des rares cas de matronyme
DiasDiogoAvec le temps, le nom s’est simplifié
DominguesDomingo
EanesJoão
EstevesEstevão
FernandesFernando
GomesGomo
GonçalvesGonçalo
GuedesGueda
GuimarãesVimaraVimara est le fondateur de la ville de Guimarães, qui porte son nom
GuterresGuterre
HenriquesHenrique
LopesLobo
MarquesMarco
MartinsMartimAvec le temps, le Martines est devenu Martins. Pour les espagnols, c’est toujours Martinez
MendesMendo
NunesNuno
PiresPeroPero, une ancienne graphie de Pedro
RamiresRamiro
RodriguesRodrigo
SanchesSancho
SimõesSimão
SoaresSoeiro
TelesTelo
VazVasco

Les faux amis en -ES

Certains nom portugais, qui terminent en -es, ne sont pas d’origine patronymique. La plupart ont des origines toponymiques, parfois religieuses.

C’est le cas pour :

  • Aires
  • Borges
  • Chaves
  • Linhares
  • Magalhães
  • Meireles
  • Meneses
  • Neves
  • Paredes
  • Pontes
  • Tavares
  • Torres
  • Valadares

Pas d’ancêtre qui se nomme Chavo ou Nevo !

👉 Pour aller plus loin, lire : le nom de famille au Portugal


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