Blason DA SILVA
Blason DA SILVA

La famille da Silva

Par

C'est sans doute le nom de famille le plus répandu de la lusophonie. C'est aussi l'un des plus anciens, lié à d'innombrables histoires...


Je m’appelle da Silva. Comme tant d’autres personnes d’origine portugaise. C’est tout simplement le nom le plus répandu ! On calcule même que la moitié de la population lusophone aurait dans ses différents noms de famille au moins un « da Silva ».

Mon nom complet, José da Silva, m’assure ainsi une certaine anonymisation. Parce que nous sommes tellement, mais alors tellement nombreux ! Pour la petite histoire, dans l’annuaire à Paris, nous étions trois à porter le même nom dans la même rue…

C’est l’un des noms de famille les plus portés en France : selon l’INSEE, il est à la 180ème place, entre Chauvin et Bouchet.

Dans cet article, je vais vous dire tout ce qu’il faut savoir à propos de la noble et ancienne famille des « da Silva ».

da Silva ou Da Silva ?

Notez bien que j’écris toujours le « da » en minuscules. Le « da » est une particule, comme le « de » français, et ne prend donc jamais de majuscule. Lorsqu’il s’agit de classer notre nom de famille par ordre alphabétique, nous sommes ainsi rangés à « S », et non pas à « D ». C’est la même chose pour les « de Sousa » ou « dos Santos ».

Le « D » majuscule nous vient de France. En France, la première lettre d’un nom propre est toujours majuscule. Et comme l’on considère que le « da » fait partie du nom propre…

Lorsque l’on vous demande, comme très souvent au Portugal, votre premier et dernier nom pour vous identifier, vous devez dire votre prénom et votre nom de famille, sans particule. Dans mon cas, c’est « José Silva ».

Certains cousins à moi s’identifient toujours de cette façon. On pourrait croire du coup qu’un Sylvain Silva ne serait pas de la même famille que moi, José da Silva. Mais sur sa carte d’identité, il s’agit bien d’un Sylvain da Silva.

Parfois, on fait purement et simplement sauter le « da », y compris sur la carte d’identité. Il n’empêche, c’est tout de même la même famille.

da Silva, les Dubois français

Silva, en portugais, est un nom très ancien, du temps où l’on parlait encore un latin tardif. L’origine du mot est la même que « sylvestre » en français, d’où certaines anciennes orthographies du nom, « da Sylva ».

Étymologiquement, Silva veut donc tout simplement dire en latin « bois » ou « forêt ». Ce terme a donné le mot portugais « selva », la jungle en français. Traduit purement et simplement, les da Silva sont ainsi les mêmes que les Dubois (du Bois) français.

Aujourd’hui, « silva » ne veut plus que dire « ronce » en portugais.

Le premier des Silva, un général romain

Le premier des Silva connu était un sénateur et général romain. Lucius Flavius Silva Nonius Bassus. On le connait principalement en tant que général de la première guerre judéo-romaine. Silva est alors aux commandes de la Legio X Fretensis. Son principal fait d’armes : avoir battu les sicaires juifs retranchés dans la forteresse de Massada.

Il ne semble pas avoir été le premier ancêtre des Silva actuels. Il fut probablement une victime des purges de l’empereur Domitien autour de l’an 81.

L’origine de la famille Silva

Ce nom de famille est plus ancien que la fondation même du Portugal. Il est d’origine galaïco-portugaise, du temps où la Galice et le Portugal n’étaient qu’une seule et même nation.

Les premiers ayant porté ce nom étaient des nobles, seigneurs de la « Tour et Honneur de Silva », en portugais « Torre e Honra de Silva ». Une « honra » en portugais du Moyen Âge, correspondrait à un fief, une circonscription administrative dépendant d’un seigneur.

tour da silva
Tour da Silva

Silva était ainsi le nom de cette circonscription, à l’origine évidente : « le bois ». Le village de Silva existe toujours aujourd’hui, à quelques kilomètres de Valença, sur la frontière galicienne. Ils ne sont aujourd’hui même pas 300 âmes à y habiter…

Les « honra » ne dépendaient pas du pouvoir royal. Les seigneurs de Silva étaient ainsi issus d’une très ancienne noblesse guerrière, qui s’était faite elle-même. Exempts d’impôts, ils étaient les maîtres absolus en leurs territoires, ne devant pas grand chose de plus que le respect et l’assistance à leur suzerain.

Pelaio Guterres da Silva

Pelaio, le premier des Silva connus du Moyen Âge (XIème siècle), était un noble du comté de Portugal, alors dépendant du royaume de Léon. Il fut le seigneur de la Tour de Silva, à l’époque une simple résidence fortifiée en forme de tour comme il y en avait tant d’autres en Europe.

Son fils, Guterre Alderete da Silva s’illustra à la guerre aux côtés d’Henri de Bourgogne, père de Alphonse Ier, le premier roi du Portugal.

A ce stade, il nous est impossible de connaître leur lieu de résidence exact, ni même où se trouvait la première Tour da Silva. Malgré nos recherches, les informations sont souvent contradictoires !

Dans le village voisin de Silva, São Julião, nous pouvons y voir une Tour da Silva, construite au XIVème siècle. Plus tard au XVIIème siècle, on ajouta à la façade de cette tour le blason du comte de Priègue, Baltasar de Sequeiros Sottomayor Zuñiga y Silva, un noble galicien descendant des Silva.

Source : https://geneall.net/pt/forum/32081/condes-de-pliegue/

Blason DA SILVA
Le blason de la noble famille Silva, tel qu’il apparaît dans le Livre du Grand Armurier (Livro do Armeiro-Mor), datant de 1509.

Pourquoi est-ce que les da Silva sont si nombreux ?

Il est vrai que la popularité du nom de famille ne semble pas correspondre à ces lointaines origines. Nous parlons ici d’une famille noble, comme d’autres, et d’un village minuscule obscur du nord du Portugal.

Mais l’ancienneté du nom explique en grande partie sa popularité. C’était, à l’époque du royaume naissant du Portugal, un nom prestigieux, associé à l’indépendance du pays.

N’oublions pas qu’en ces temps reculés, l’usage d’un nom de famille était principalement lié à la noblesse. Le petit peuple n’avait souvent qu’un prénom, auquel on ajoutait, pour distinguer d’un homonyme, « fils de ».

João, fils de Manuel par exemple.

Avec le temps, et avec les déménagements, il fallait d’autres moyens pour distinguer les gens entre eux. On ajoutait ainsi, comme pour de nombreux nobles, leur ville ou village d’origine, ou encore le nom de leur ancien seigneur. Ceux qui appartenaient ainsi au village de Silva seraient connus comme étant des « Silva » ailleurs au Portugal.

Avec le processus de repeuplement du Portugal pendant la Reconquête, les personnes originaires de Silva s’éparpillèrent un peu partout dans le pays.

NB : il n’existe pas un, mais plusieurs villages nommés Silva au Portugal. Outre celui de Valença, il existe celui de Barcelos, également ancienne propriété des nobles Silva. Les autres villages du même nom ne sont pas liés à la famille, il s’agit de dénominations liées à la géographie. Silva Escura par exemple voudrait simplement dire « forêt sombre ».

D’autres Silva viennent tout simplement de leur ancien lieu d’habitation. Tout ceux qui habitaient près d’un bois, par exemple, comme les Dubois français. C’est probablement le cas des Silva en Italie.

Silva, nom Juif

La popularité du nom médiéval fut aussi la cause de sa popularité postérieure. En effet, c’était un nom idéal pour ceux qui voulaient rester « anonymes ».

De nombreux convertis, qu’ils soient Juifs ou musulmans prenaient par conséquent Silva comme nom de famille. Ce nom permettait aux marranes d’avoir la paix, se confondant avec les « anciens chrétiens » qui le portaient également.

Les personnes qui arrivaient ainsi au Brésil et désireuses de faire table rase de leur passé disaient se nommer Silva. Le premier des Silva au Brésil était le tailleur Pedro Silva, arrivé en 1612.

Aujourd’hui, il existe des Silva partout dans le monde, là où le Portugal avait des comptoirs ou des colonies. Nous retrouvons ainsi des Silva en Inde, à Malacca ou au Sri-Lanka, sans compter évidemment le Brésil, l’Angola ou le Mozambique…


A lire aussi

×