Œillets rouges
Œillets rouges

Et si le 25 avril 1974 n’avait jamais eu lieu ?

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Le 25 avril, c'est la fête nationale au Portugal. On célèbre chaque année la fin de la dictature, le retour à la liberté et au progrès. On célèbre aussi la fin de la guerre coloniale et, malheureusement, le démantèlement trop précipité des anciens territoires portugais d'Outremer.


Avertissement

Ce qui suit n’est pas un cours d’histoire. Il s’agit de se poser certaines questions, et de proposer une alternative crédible au déroulé de la « Révolution des oeillets« . Tout n’a pas été rose dans les années 1974 et 1975. Les séquelles des erreurs du 25 avril se font encore sentir aujourd’hui, au Portugal, comme dans les anciennes provinces d’Outremer.

Personne n’affirme qu’il aurait mieux valu garder la dictature jusqu’à aujourd’hui. Cet article n’est pas un pamphlet pro-fasciste. Ma seule prétention : réfléchir à une autre façon de passer d’un régime dictatorial à un régime démocratique. Le 25 avril n’était pas, selon moi, la meilleure façon de faire.

Tout d’abord, abordons ce que la dictature avait de plus mauvais, selon le récit habituel. En observant à la loupe, ce n’est pas si simple d’affirmer que le Estado Novo, le régime dictatorial de Salazar, est la source de tous nos maux actuels.

La dictature provoque la pauvreté

On compare souvent le développement économique portugais des années 1980 au pays pratiquement du Tiers-Monde qu’était le Portugal des années 1950. Ce développement des années 1980 aurait été provoqué par la démocratie. On se dit que si la révolution n’avait pas eu lieu, nous serions toujours un pays en retard économique, comme dans les années 1950.

Je ne suis pas sûr de pouvoir être d’accord.

L’économie portugaise était pendant la dictature, une économie contrôlée et protectrice. Le Portugal avait une industrie, et produisait des produits qu’il vendait aux Portugais d’ici ou d’Outremer (les colonies). Sur le marché mondial, le pays n’était pas compétitif, mais dans un pays « orgueilleusement seul », il pouvait tirer son épingle du jeu.

D’autres pays ont suivi cette voie alternative de développement le long des années 1980 et 1990. Des pays autoritaires. Voyons quelques exemples :

  • La Corée du Sud, dictature jusque dans les années 1980. Elle passe rapidement d’un pays profondément rural dans les années 1960 à la puissance technologique que nous connaissons aujourd’hui.
  • Taiwan, dictature également jusqu’à la fin des années 1980, passera progressivement d’une dictature à la démocratie, sans révolution. Comme pour la Corée du Sud, nous passons d’un pays du Tiers-Monde à une puissance industrielle de pointe.

Ces deux pays asiatiques ont connu un développement économique sans précédent dans leur histoire. Nous parlons aujourd’hui de deux des pays les plus riches du monde en PIB par habitant, au sommet de la compétitivité et de la modernité.

Ces deux pays ont eu pour point commun des dictatures qui ont pu mettre en place des programmes autoritaires de développement. Le progrès à marche forcée, en quelque sorte.

Il n’est donc pas vrai de dire que la dictature est une cause de la pauvreté. Rien ne prouve que le Portugal ne se soit pas développé également avec une dictature de dix ans supplémentaires.

Nous sommes des Latins, et des catholiques. C’est peut-être ici qu’il faut chercher la faute de notre retard ? C’est en tout cas une raison souvent invoquée. Mais… les Autrichiens et les Irlandais sont catholiques également. Les Français et les Italiens sont Latins également. On va devoir chercher d’autres coupables.

25 avril, catastrophe industrielle

Ce que l’on entend moins, c’est ce que la libéralisation économique qui suivit le 25 avril provoqua au Portugal. Des faillites en série, des usines qui ferment, une forte montée du chômage. Les produits portugais, n’étant plus protégés par l’État, se sont vu concurrencer par des produits étrangers meilleurs et bons marchés.

Il est vrai que l’émigration portugaise chuta à partir de 1974. On passe de 80.000 Portugais partis à l’étranger en 1973 à 43.000 en 1974 puis 25.000 en 1975, toujours en baisse jusqu’en 1983 à 14.000 départs par an.

L’espoir d’un meilleur Portugal, enfin libéré des guerres, alliés au choc pétrolier de 1973 rendant moins attractifs les pays étrangers ont eu cette conséquence bénéfique pour la population portugaise.

Évolution du nombre de personnes à la recherche d'un nouvel emploi, en milliers
Évolution du nombre de personnes à la recherche d’un nouvel emploi, en milliers (Pordata)

Observez le graphique ci-dessus : en termes de chômage, les années de la troïka furent bien pires que les conséquences de la révolution d’avril. Avec la différence désormais d’avoir des personnes diplômées au chômage, parties chercher un pays qui les valorise.

Regardons un autre graphique, celui des personnes à la recherche de leur premier emploi.

Évolution du nombre de personnes à la recherche de leur premier emploi, en milliers
Évolution du nombre de personnes à la recherche de leur premier emploi, en milliers (Pordata)

À partir de 1974, jusqu’en 1979, le nombre de personnes à la recherche d’un premier emploi explose d’année en année. Le pays est victime de toutes les convulsions sociales, de toutes les faillites, de tous les Portugais revenus des colonies. Il n’y a tout simplement pas de travail pour ceux qui n’avaient pas la chance d’en avoir déjà un.

Dans un tel contexte, l’émigration massive que le Portugal connaissait depuis les années 1960 ne faisait que continuer. Bien sûr qu’à un moment, le Portugal ne pouvait plus envoyer 100.000 personnes par an à l’étranger : ceux qui pouvaient partir l’avaient déjà fait.

Nombre de Portugais partis émigrer
Nombre de Portugais partis émigrer (Pordata)

Pourtant, ce qui semblait impossible arriva : dans les années 2010, avec la crise des subprimes et la troïka, les Portugais émigrèrent en masse à nouveau. Nous ne pouvons pas dire que cette émigration ait été provoquée par la guerre ou la dictature.

J’entends ceux qui disent que le taux de chômage s’est résorbé avec le temps, et que les investissements étrangers ont réussi à redonner de l’emploi au Portugais. Mais ces investissements étaient (et sont toujours) à la recherche d’une main d’oeuvre à bas coût en territoire européen.

La première vague de libéralisation économique avait tué l’industrie portugaise. Sans protection, concurrencée par les produits étrangers, l’industrie portugaise n’a jamais pu se développer jusqu’à atteindre un niveau suffisant pour pouvoir entrer sur le marché mondial.

Les pays asiatiques, eux, c’est ce qu’ils faisaient. Ils protégeaient des secteurs clés de leur industrie naissante, et n’importaient que ce qu’ils jugeaient utile à leur nations.

L’estocade finale fut portée à notre industrie par l’Union Européenne, complètement inféodée aux intérêts du libéralisme économique. Cette fois, ce n’était pas que le Portugal qui était concerné, mais toute l’Europe. On en voit les conséquences aujourd’hui, le mot « réindustrialisation » étant dans toutes les bouches de nos leaders occidentaux.

À savoir : le Portugal n’était pas un pays complètement isolé. Son intégration dans l’AELE (Association Européenne de Libre Échange), aux côtés de pays tel que le Royaume-Uni, la Suisse, la Suède ou la Norvège par exemple, lui permirent de se développer à l’international, tout en gardant le contrôle de ses importations. Les pays de cette alliance étaient complémentaires. L’AELE fut très favorable au Portugal, ce qui lui permit de développer très rapidement son industrie.

L’éducation et la formation professionnelle

Nous aurions pu faire du protectionnisme en démocratie. Du moins, en théorie. La dictature de Marcello Caetano semblait être à l’époque, déjà, une dictature de « transition » vers plus de liberté, sur le modèle de ce qui allait se passer en Corée ou à Taiwan. Le Portugal, de toute façon étant du côté des Occidentaux (OTAN), allait y venir, tôt ou tard, avec ou sans Révolution.

Mais mon postulat de départ, de dire que nous aurions pu rattraper notre retard industriel et enfin participer d’égal à égal avec les autres acteurs mondiaux n’aurait eu de réalité que si, et seulement si, nous avions les ingénieurs, les intellectuels pour le faire.

Est-ce que la dictature pouvait y parvenir, dans un pays comme le Portugal des années 1970 ?

Pendant de longues années, le Portugal était un pays en retard éducatif. Le « Estado Novo », le régime politique de Salazar, ne voulait pas que les Portugais soient « trop instruits ». Les étudiants étaient considérés avec méfiance, ce que mai 1968 en France ne fit que confirmer aux yeux des instances dirigeantes portugaises.

L’alphabétisation des Portugais fut lente pendant les longues décennies de dictature. Dans un tel contexte, l’Université était, pour la plupart des Portugais, un mirage. Et pourtant, l’État Portugais avait pris conscience d’un besoin d’évoluer. En 1971, le jeune ministre de l’éducation José Veiga Simão travailla à une réforme complète du système éducatif portugais. Cette réforme constitue encore aujourd’hui l’ossature de l’enseignement actuel.

Les relativement bons résultats de l’école portugaise depuis 1973, lorsque la réforme entra en vigueur, sont en grande partie le fruit du travail de Veiga Simão, au sein du gouvernement de Marcello Caetano. Il faut dire que Caetano était sensible au problème de l’éducation, étant lui même un professeur universitaire de Droit de très grande renommée.

L’oracle de Marcello

Lorsque Marcello Caetano fut destitué et mis à l’exil en 1974, il aura ces paroles prémonitoires :

Sans l’Outremer, nous sommes réduits à l’indigence, c’est à dire, à la charité des nations riches, et il est par conséquent ridicule de continuer de parler d’indépendance nationale. Pour une nation qui était à l’aube de se transformer en une petite Suisse, la révolution a été le début de la fin. Il nous reste le soleil, le tourisme, la pauvreté chronique, l’émigration de masse et les devises de l’émigration, mais seulement tant qu’elles durent. Les matières premières, nous allons maintenant les acquérir aux puissances qui s’en sont emparées, aux prix que les nombreux vendeurs voudront. Tel est le prix que les Portugais vont devoir payer leurs illusions de liberté.

Marcello Caetano

Ce texte est horriblement prémonitoire, et nous interroge. Nous y reviendrons plus loin.

La guerre coloniale

Jusqu’à maintenant, on dirait que la dictature faisait un sans-faute pour le développement du Portugal. Protection et développement de l’industrie, amélioration du système éducatif.

Bien sûr, il y a le manque de liberté d’expression et les prisons politiques. Mais ce n’était pas, et de loin, le plus gros point noir du régime dictatorial portugais pour la population lambda. Si la guerre coloniale n’avait pas eu lieu, sans nul doute que le régime aurait pu évoluer doucement vers une démocratie, comme Taiwan ou la Corée du Sud, qui n’ont pas eu de guerres coloniales à affronter.

Les raisons qui menèrent les colonies à se rebeller contre le pouvoir de Lisbonne sont nombreuses. Il y a bien sûr l’autodétermination des peuples, un droit légitime et acceptable. Mais il y a aussi d’autres intérêts, moins avouables, que Marcello Caetano évoque à demi-mot dans ses paroles prémonitoires en 1974.

Qui sont ces puissances qui se sont emparées des ressources de nos anciennes colonies?

Les morts de la guerre

Marcello Caetano, comme nous aujourd’hui, le savons bien, que les indépendances en Angola ou au Mozambique n’ont pas profité aux peuples. De violentes guerres ont traversé les pays africains de langue portugaise pendant de longues années. On parle, rien que pour l’Angola, de 800.000 victimes de la guerre civile, et pour le Mozambique, d’un million de victimes.

À la compétition de quelle guerre a le plus tué, les guerres civiles qui suivirent les indépendances gagnent largement. L’ensemble des morts de la guerre coloniale, côté Portugais, est estimé entre 8.000 et 9.000 morts. Du côté des anciennes colonies, le compte est plus difficile à obtenir, mais juste pour l’Angola, on estime entre 4.000 et 6.000 morts, pour le Mozambique, 10.000 morts.

Ce fut le prix de leur liberté illusoire, désormais contrôlés par des intérêts antagonistes.

Ces guerres civiles étaient des avatars de la guerre froide. D’un côté des soldats appuyés par l’URSS, et de l’autre, des soldats appuyés par les États-Unis. Tous se battent sur fond de contrôle des matières premières, celles-là même que le Portugal contrôlait.

Les « Harkis » Portugais

Il s’agit d’un tabou, que l’on ne peut plus dire de nos jours, mais oui, de nombreux Angolais se sont battus sous les drapeaux du Portugal, contre les Angolais rebelles. Ils étaient nombreux en Angola à ne pas vouloir l’indépendance ! Et il y en avaient tout autant qui la souhaitaient, mais dans une transition douce, avec peut-être une union comme nous pouvons l’avoir aujourd’hui avec l’UE.

Ils sentaient que sans la puissance coloniale, dans laquelle ils commençaient à obtenir de plus en plus de droits, leurs pays pouvaient sombrer dans le chaos. Se sont-ils trompés ?

Soldats portugais, d'origine africaine et européenne
Soldats portugais, d’origine africaine et européenne

La Révolution coupa court à toute tentative de conciliation, le Portugal ayant cédé à toutes les exigences des indépendantistes. Il n’y a pas eu de transition, juste un départ massif, abrupt, laissant les anciennes colonies dans un état de désorganisation le plus complet.

Dès lors, les pays africains, livrés à eux-mêmes, sans leurs élites, vont se déchirer.

Dès lors, le Portugal doit faire face à des centaines de milliers de « retornados« , les Blancs qui vivaient en Afrique et qui ont fuit du jour au lendemain un pays qui était aussi le leur.

Ouverture trop timide

Il faut dire que le pouvoir central portugais n’avait pas vraiment œuvré en sa faveur aux yeux des Africains. Difficile intégration des Noirs au sein du pouvoir politique, manque d’égalité entre Noirs et Blancs, ce ne sont pas les rares députés Noirs qui auraient pu inverser le cours de l’Histoire.

Il est vrai que les Blancs non plus n’avaient pas de droits politiques, la dictature étant pour tout le monde. Le Portugal considérait toujours plus ses territoires d’Outremer non pas comme des colonies, mais comme un bout de Portugal détaché en Afrique ou en Océanie avec le Timor Oriental.

Mais il tarda à le faire. Certes d’importants investissements avaient été faits pour industrialiser également l’Outremer, et des Universités furent créées. Mais il fallait faire encore plus, et surtout, réduire les inégalités sociales.

Les nouvelles opportunités données aux populations pauvres des colonies étaient reconnues. La Propagande du régime s’évertuait également à montrer les quelques progrès obtenus. Tant et si bien qu’au début 1974, la guerre coloniale semblait contrôlée, pour ne pas dire gagnée par l’État portugais.

Mais pouvions-nous réellement gagner une guerre contre des rebelles? Les colonies semblaient ne plus jamais pouvoir garantir la paix totale aux populations. Luanda ou Lourenço Marques (actuelle Maputo) n’entendaient pas les tirs d’obus ou de mitraillettes. Les civils étaient en paix, la guerre étant quelque chose de lointain, quelque chose de la campagne, du maquis.

Mais pour que les centres urbains puissent avoir la paix, il fallait envoyer des soldats dans ces campagnes lointaines. Pour ces soldats, la guerre n’avait plus de sens. Les combattants portugais étaient fatigués de se battre pour un idéal moribond, celui d’une Nation portugaise sur plusieurs continents.

Les soldats en avaient marre, et à raison.

Ce que je n’évoque pas ici, c’est le coût de la guerre coloniale, qui pesait lourdement sur le budget de l’État. Un coût en perpétuelle augmentation à l’époque de Marcello Caetano jusqu’en 1974. Sans ce coût, le Portugal de la révolution obtint de nouvelles perspectives d’avenir, qui ont permis de réduire quelque peu les conséquences de la perte des anciennes colonies.

Caetano, entravé par la frange la plus conservatrice de la société, n’avait pas la possibilité d’aller aussi vite qu’il le désirait dans ses réformes. La révolution allait permettre de se débarrasser de toute entrave.

Les différents mouvements révolutionnaires, trop disparates, allaient mener le pays au chaos pendant les années qui suivirent 1974. Un pays tiraillé entre les communistes d’un côté, les conservateurs de l’autre, et ceux qui voulaient imiter les démocraties occidentales au milieu. Finalement, la fin des entraves en provoquèrent d’autres, caricatures des démocraties n’arrivant pas à dégager de nets vainqueurs. Le pays devient ingouvernable.

Le projet de Spinola

António de Spinola, premier président de la République de la révolution, avait un idéal, qu’il avait exposé dans son livre « Portugal et le futur », publié peu avant la révolution.

António de Spínola
António de Spínola

Lui, général des armées ayant servi pendant la guerre coloniale, il savait que la guerre ne pouvait pas être gagnée par les armes. Il y aurait toujours des résistants, il y aurait toujours des « irréductibles », qui n’accepteraient pas la domination du Portugal.

Mais il savait aussi que de nombreux « autochtones » voulaient la paix avec le Portugal. Pourquoi pas au sein d’une fédération, à l’issue de référendums.

Ce projet de transition plus douce fut torpillé par les militaires, subalternes de Spinola. Eux voulaient la fin immédiate de la guerre, et l’indépendance immédiate pour toutes les colonies. De fait, la révolution avait été noyautée par les Communistes, contre qui s’opposait Spinola.

Spinola ne parvint pas à contrer le virage « trop à gauche » que prenait selon lui la révolution. La cassure était trop nette, trop radicale avec l’ancien monde dans lequel il vécu. Il sera écarté du pouvoir après sa tentative de coup d’état de 1975.

Ce n’est qu’en 1976 que le Portugal connaîtra enfin un semblant de stabilité démocratique, avec l’élection de Ramalho Eanes.

Uchronie

Et si Marcello Caetano avait pu continuer sa politique, où en serions-nous aujourd’hui ?

Il n’y aurait probablement pas eu de guerres civiles au sein des anciennes colonies. Le Portugal contrôlait de fait l’essentiel des territoires, et permettait aux populations urbaines de vivre pratiquement normalement.

Il faut se rappeler que les pays africains de langue portugaise connurent un grand développement économique et sociétal, même pendant les guerres coloniales. Les dictatures locales et les guerres civiles qui s’en suivirent gâchèrent des années de développement.

Avec l’évolution des droits sociaux pour les Noirs, un changement de mentalités et la conséquente diminution du racisme, peut-être que les Angolais, Mozambicains, Capverdiens et autres Guinéens auraient accepté un statut de Portugais d’Outremer, à l’exemple des Antillais pour la France ?

En protégeant encore quelques années de plus la frêle industrie portugaise, qui pouvait encore profiter des matières premières africaines à juste prix, peut-être que les nombreux ingénieurs formés par les nouvelles universités portugaises auraient pu trouver du travail directement au Portugal ?

Plutôt que d’émigrer aujourd’hui pour aller enrichir des sociétés anglaises ou allemandes…

L’Union Européenne a été bénéfique pour nous. Mais comme le disait Marcello Caetano, c’est de la charité. La petite taille du Portugal d’aujourd’hui ne lui permet pas de négocier âprement face aux grandes puissances économiques.

Pour résumer le fond de ma pensée : nous aurions dû avoir quelques années de Marcello Caetano de plus. Des années où nous aurions au moins essayé de faire une transition dans le calme avec nos anciennes provinces d’Outremer. Une transition qui aurait été bénéfique à tous.

L’ouverture du pays sur le monde n’aurait pas dû se faire au détriment de notre tissu économique. J’entends bien les critiques disant qu’il était au mains de quelques puissants, jouissant d’un monopole qui freinait le progrès compétitif à l’international. Sûrement, mais avec l’ouverture progressive des frontières à ladite compétition internationale, les caciques industriels auraient fini par s’adapter.

Les Révolutions n’ont jamais été bénéfiques de mon point de vue. Tout faire trop vite, dans la précipitation, empêche de réfléchir posément à la société que nous avons. Les dégâts sont presque toujours bien trop importants face aux bénéfices. D’autres pays n’ont pas eu besoin de faire de révolutions pour être parmi les plus riches du monde, tout s’étant fait dans le calme.

Mais bon, vous connaissez l’expression, avec des si, on aurait pu mettre Paris en bouteille !


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