Afin de permettre au maximum de gens d'avoir accès à l'informatique et Internet, le Portugal avait investi en 2008 massivement dans les ordinateurs bon marché.
Le Portugal a une très forte volonté d’améliorer l’éducation de sa population, quel que soit son âge. C’est depuis longtemps une priorité du gouvernement, qui au lieu de lancer des paroles vaines, essaie de concrétiser réellement cet objectif.
En 2008, avant la crise, d’importants programmes d’éducation pour adultes, et d’importantes initiatives modernes pour les plus jeunes avaient démarré. Une de ces anciennes initiatives était le « Computador Magalhães« , Ordinateur Magellan. L’objectif de cet ordinateur était de faire en sorte qu’il n’y aie pas d’enfant de primaire qui ne sache pas se servir d’un ordinateur au Portugal.
En 2021, bien des années plus tard, le pari ne fut pas tenu. Nous l’avons vu avec les confinement du COVID-19. Le premier ministre de l’époque, José Socrates, est aujourd’hui accusé d’avoir dilapidé l’argent des contribuables et d’avoir mené le pays à la banqueroute.
Trop d’argent dépensé pour peu de résultats
L’Etat s’était donné les moyens de réussir son pari, avec cet ordinateur portable, le premier de fabrication nationale, à bas prix, pour tous. 500 000 ordinateurs avaient été livrés pour les élèves de primaire en 2008 ! Bas prix, cela voulait dire « jamais plus de 50 euros ». Les enfants les plus pauvres ne payaient rien. Lorsque l’on sait qu’un élève coûtait à l’époque à sa famille environ 150 euros par an rien qu’en livres de classe, ce qui est énorme, il fallait bien que l’ordinateur soit à un si faible coût pour qu’il soit universellement adopté.
Les modèles achetés dans le commerce peuvent coûter jusqu’à 285 euros : il existait à l’époque dans le commerce le modèle « Descobrir » (découvrir), pour les enfants, et le modèle « 60 minutos » (60 minutes), qui est en fait adapté aux adultes qui font leurs premiers pas dans le monde de l’informatique. Le modèle distribué dans les écoles primaires pour une modique somme (qui varie donc suivant les revenus des parents) se nomme lui e-escolinha (e-petite école).
L’ordinateur était fabriqué à Matosinhos (banlieue de Porto), par l’entreprise portugaise JP Sá Couto, en partenariat avec Intel. C’était en fait l’évolution du Classmate PC d’Intel (donc bon, « technologie portugaise », c’est vraiment à mettre entre guillemets…). Il était tout petit et résistant ; il fallait bien, pour des enfants… Il possèdait des caractéristiques techniques tout à fait honnêtes pour l’époque, suffisantes pour accompagner l’enfant quelques années dans sa scolarité :
- Processeur : Intel ULV 900Mhz
- RAM : 1 Go
- Disque Dur : 30 Go
- Ecran : 9 pouces
- Webcam, enceintes stereo, micro, 2 ports USB, port cartes SD, WiFi, ethernet.
- Batterie : 3 heures
- Système Opératif : Windows XP et Linux Caixa Magica (une distribution portugaise de Linux).
L’ordinateur était évidemment rempli de logiciels d’apprentissage, tous en Portugais. Sur Linux, ils avaient installé Open Office, sur Windows, Microsoft Office.
En 2020 et 2021, où sont les équipements informatiques pour tous ?
Perso, je trouvais que ce petit ordi est très bien équilibré, les enfants avaient véritablement avoir un très bon outil entre les mains pour acquérir de bonnes bases en informatique, avec la part belle aux logiciels issus de l’open source (Linux, Firefox, Open Office. Mais, comme partout, ce qui a fait la différence au final, ce ne sont pas les outils, mais les professeurs chargés d’enseigner aux enfants à s’en servir… Et là, ce fut un demi-échec.
Le Portugal, à travers le consortium constitué de JP Sá Couto, Prologica et Intel, avait la volonté d’exporter dans le monde entier cet ordinateur. On y avait presque réussi, avec des commandes fermes d’un million d’ordinateurs de la part du Venezuela par exemple. Depuis, le Venezuela a connu une crise sans précédents, le monde entier a dû traverser la crise des subprimes et le Portugal était sous tutelle de la Troika.
Pour supporter les 180 euros de coût de fabrication à l’unité de chaque ordinateur, l’Etat comptait sur les contrats d’internet mobile que les parents d’élève pouvaient signer pour leur Magalhães : les trois opérateurs de téléphonie mobile nationaux de l’époque (TMN, Vodafone et Optimus) devaient reverser une partie de l’argent à l’Etat.
Au final, avoir un ordinateur avec l’internet mobile était véritablement accessible à tous. Je n’ai pas l’impression qu’on soit mieux lotis aujourd’hui. Peut-être que le gouvernement socialiste de l’époque avait eu les yeux plus gros que le ventre? Trop optimiste? Ce qui est sûr, c’est que sans la crise provoquée par les américains, nous aurions peut-être un autre pays aujourd’hui…
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