On entend, souvent des gens dire qu'il ne faudrait pas écrire Magellan en français, mais conserver la graphie originelle, Magalhães. Historiquement, ce ne serait pas correct de le faire.
La première fois que l’Europe a entendu parler de Magellan, c’est grâce au récit qu’en a fait Maximilianus Transylvanus, qui travaillait alors pour Charles Quint.
Sommaire
Nous étions alors en l’an 1523, et Maximilianus avait interrogé les survivants de l’expédition. Il fut publié avant le célèbre Pigafetta qui accompagna le navigateur dans l’aventure.
Le latin, lingua franca
Jusqu’au siècle des Lumières, c’est en Latin que les érudits écrivaient. Lorsqu’ils voulaient être compris de la plupart des européens, ils utilisaient celle qui était toujours la « lingua franca », universellement comprise en Europe par les hommes de lettres.
Et en Latin, Maximilianus nommait le célèbre navigateur « Ferdinandus Magellanus« , lisible dans son « De Moluccis insulis » (Des îles Moluques).

Du latin aux langues nationales
Chaque langue nationale a ensuite « traduit » Magellanus : les Français et les Anglais en « Magellan », les Italiens en « Magellano », les Espagnols en « Magallanes », les Japonais en フェルディナンド・マゼラン (Ferudinando Mazeran).
Chacun transpose à sa langue la façon la plus simple pour lui de prononcer, en ayant pour base la langue érudite qu’est le latin.
En ce lointain XVIe siècle, les langues nationales étaient, en Europe, essentiellement des langues de travail, d’administration ou de culture populaire. Pas encore de transmission de connaissances internationales, rôle que le latin n’a perdu qu’au cours du XIXe siècle.
Pour rappel, ce n’est qu’en 1539 et l’ordonnance de Villers-Cotterêts que François Ier impose la langue française à la place du latin dans tous les actes juridiques et administratifs du royaume.
Le langage flexible du XVIe siècle
Et comment Magellan écrivait, lui? Certainement des trois façons, en portugais, espagnol ou en latin, suivant la langue choisie pour communiquer.
Lorsque Pigafetta, à son tour, publia le récit de ce premier tour du monde, il le fit dans une langue quelque peu étrange : un mélange de vénitien et de proto italien avec des mots espagnols. Il nous parle, dans cet ancêtre de la langue italienne, lui qui a connu le navigateur et qui était de l’expédition, de « Fernando de Magallianes ».
Disons-le simplement : à part le Latin, les autres langues européennes n’avaient pas encore d’orthographe fixée, les règles ayant apparu bien plus tard. On écrivait presque « comme on voulait », du moment que ça restait compréhensible.

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