António Guterres à l'ONU
António Guterres à l'ONU

António Guterres, secrétaire général de l’ONU

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En 2017, un Portugais est devenu secrétaire général de l'ONU, après 10 années de bons et loyaux services en tant que haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés. António Guterres, ancien premier ministre du Portugal, est reconnu pour ses extraordinaires compétences de diplomate, de médiateur, qu'il a cultivées toute sa vie.


Le Premier ministre

Antonio Guterres est un ancien premier ministre socialiste du Portugal, de 1995 à 2002. Aimé des Portugais, la principale critique qui lui était faite était son manque d’autorité. Trop gentil. Pas de majorité absolue.

Ce furent 7 années où il était difficile de gouverner le pays, car pour le faire avancer dans un sens ou dans l’autre, il fallait que les décisions puissent être prises. Or, elles étaient souvent bloquées, précisément par un travail de l’opposition qui mettait des bâtons dans les roues à tout prix. Du moins c’est comme ça que je l’avais perçu à l’époque.

Les « guignols de l’info » portugais, le « contra-informação » faisaient répéter à la marionnette de Guterres à chaque sketch « é a vida« , « c’est la vie », dans un signe de résignation fataliste vis à vis de son impuissance. C’était effectivement le sentiment qui se dégageait de cette époque du gouvernement.

António Guterres
António Guterres

Guterres le catholique

On se souviendra également de Guterres en tant que catholique, dans un parti majoritairement constitué d’athées ou d’agnostiques, ce qui lui valait beaucoup d’opposition interne, en plus de l’opposition classique des autres partis. Le cas le plus flagrant dont je me souviens eu lieu lors du premier référendum pour ou contre l’avortement. Le Parti Socialiste était pour l’avortement, tandis que lui, premier secrétaire, était contre. Le premier référendum fut donc négatif pour les femmes qui voulaient avoir le droit d’avorter, de très peu.

Probablement que la position d’Antonio Guterres n’y est pas étrangère.

Il se démet de ses fonctions de Premier ministre le lendemain du résultat des élections municipales, où le parti de l’opposition, le PSD, avait clairement remporté la majorité des municipalités. Il avait dit à l’époque que c’était pour éviter la « jungle politique », le désordre. Si le pays avait été difficile à gouverner jusque là, il serait carrément impossible de le faire désormais.

Voilà pour l’homme politique, qui fut également président de l’internationale socialiste de 1999 à 2005.

Élève brillant, diplômé en ingénierie électrotechnique avec une moyenne finale de 19/20, il fut élu meilleur élève des lycées du Portugal. Tandis qu’il était au pouvoir, il eu un grand malheur : sa femme mourut de maladie prolongée en 1998, d’un cancer. Il se remariera en 2001.

Haut-commissaire pour les réfugiés de l’ONU

C’est en 2005 qu’il devint le Haut-commissaire pour les réfugiés de l’ONU, un poste qu’il occupa jusqu’en 2015. Il était clairement quelqu’un de taillé pour le poste au sein de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), de par ses qualités humaines et son sens de la diplomatie. Cette institution a reçu à deux reprises le prix Nobel de la paix, en 1954 et en 1981.

Aujourd’hui, comme à l’époque de Guterres, le rôle de l’agence de l’ONU est vital. Avec l’Irak, l’Afghanistan, le Yémen, la Syrie, l’Ukraine ou encore les conflits « oubliés » africains, il existe une recrudescence de guerres et de combats qui sèment la panique. Le budget de l’agence est en augmentation quasi constante. En 2007, il avait été de 1 milliard de dollars. En 2022, il était de 9 milliards ! Une paille, en face des milliards dont on parle pour sauver le système financier occidental de la crise. Priorités pour le moins étranges. Immorales nous disait Antonio Guterres.

Secrétaire général des Nations Unies

En 2016, l’ONU avait besoin d’un candidat consensuel qui fasse l’unanimité. António Guterres, au curriculum vitae irréprochable, était l’homme de la situation. Son côté « gentil », diplomate et son très bon travail au sein de l’agence pour les réfugiés de l’ONU lui donnait beaucoup de points au vu de la concurrence.

Au bout des 5 ans de ce premier mandat, il est reconduit, pour encore 5 ans.

On aurait envie de dire « malgré son bilan mitigé ». Oui, parce qu’il est mitigé. Le rôle de l’ONU, fondamental pour résoudre pacifiquement les conflits entre nations n’est pas de tout repos. Son pouvoir est limité, et chaque membre du Conseil de Sécurité tout puissant peut poser un véto sur les décisions de l’ONU.

Autant dire que si un problème concerne l’un des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (la Russie, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Chine), l’ONU ne pourra rien faire.

António Guterres ne peut donc pas faire grand chose pour l’Ukraine. Il n’a finalement qu’un rôle de médiateur, très ingrat. Dans ce contexte, il fait toutefois un bon travail, et n’a pas peur des mots.

À tel point que lorsqu’il « ose » ne pas se ranger sans faille derrière l’Occident, les Américains l’espionnent pour savoir s’il ne s’agirait pas d’un agent double russe.

Non, il est juste libre de sa pensée. Il n’a jamais fait semblant de ne pas être catholique, socialiste et humain avant tout. Quand il parle, il pense, avant la géopolitique, avant les religions, avant les intérêts des uns et des autres, aux personnes. Il pense aux réfugiés, qu’il a suivi pendant dix ans. Il pense aux drames derrière chaque décision politique.


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