Quarteira
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Fuir la France et s’installer au Portugal

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« Nous ne supportons plus l’escalade des incivilités, le manque de respect et l’augmentation de l’insécurité dont nous sommes victimes en France. » Est-ce que cette phrase vous parle ? C'est une mauvaise raison de venir au Portugal.


Nota Bene : je suis souvent abordé en messagerie privée ou par mail par des personnes me posant mille et une questions sur le Portugal, dans un projet d’installation. Je n’y réponds jamais, hormis bien sûr mes amis et famille. Je ne suis pas conseiller en installation au Portugal, d’autres le font très bien, moyennant finance.

Pour quelle raison avez-vous quitté la France ?

Ce n’est pas le coeur léger que j’ai quitté la France. Après avoir vécu à Paris, puis à la campagne, j’ai décidé avec mon épouse de partir vivre au Portugal.

Si j’ai quitté Paris pour partir à la campagne française, la raison est simple. Je n’avais plus les moyens financiers d’y vivre. Si j’ai quitté la campagne pour venir au Portugal, c’est pour une toute autre raison…

C’est par amour du Portugal. En aucun cas je n’ai fui la France, que j’aime. Je voulais en revanche que mes enfants apprennent la langue portugaise. Pari réussi, tout en conservant la culture française.

« La France n’est plus la France »

Je suis en contact très régulier avec des expatriés au Portugal. Il y en a de toutes sortes.

  • Ceux qui sont venus pour le boulot.
  • Les franco-portugais comme moi.
  • Ceux qui ne supportaient plus de vivre en France.
  • Ceux qui sont amoureux du Portugal.

Notez qu’on peut être un peu de tout à la fois. Venir pour le boulot en étant amoureux du Portugal, franco-portugais et ne plus supporter de vivre en France.

Mais lorsque la première raison invoquée pour venir vivre au Portugal, c’est de ne plus supporter de vivre en France, j’ai du mal. Je vais être brut de fonderie : en clair, ces gens-là pensent que le principal problème de la France, ce sont les musulmans. En tout cas, c’est l’impression qu’ils me donnent.

  • On est plus chez nous !
  • On va être grand-remplacé !
  • Je déteste les prières de rues, le voile islamique !
  • Ce sont des voleurs, des criminels !
  • L’incivilité, le crime, le manque de respect, c’est de leur faute !
  • Ils corrompent notre jeunesse !

Bon, j’en passe.

Ils adorent le fait qu’il y ait très peu de musulmans au Portugal. Pour certains retraités, c’est un bonheur, ça leur rappelle la France de leur jeunesse.

Mais ils viennent faire au Portugal ce qu’ils reprochent aux noirs et aux arabes de faire en France ? Ou pire ?

  • La majorité des retraités ne font pas d’effort de parler Portugais.
  • Ils vivent le plus souvent dans une bulle communautariste, entre retraités français.
  • Ils apportent leurs différences avec eux, pas forcément bien perçues. Vous savez, la culture de râler pour tout et pour rien, l’absence d’humilité, les manifestations, le goût de la confrontation permanente…

Combien j’en connais qui s’en fichent complètement de la culture portugaise, ou de sa langue ? Combien j’en connais qui trouvent que la gastronomie n’est pas aussi bonne qu’en France, qui pleurent pour un saucisson et qui trouvent que vraiment, il n’y a pas de bon travailleur au Portugal ?

L’extrême-droite fait d’ailleurs des scores de plus en plus importants auprès de ces Français expatriés. Ils reproduisent en quelque sorte au Portugal ce qu’ils reprochent aux autres d’avoir fait en France.

Quarteira
Quarteira, en Algarve. Le pire de la bétonisation de la côte de l’Algarve. C’est très moche, mais ça fait tourner l’économie.

Il fait beau et c’est pas cher

Deuxième catégorie de gens qui fuient la France pour de mauvaises raisons, les « pauvres », qui ne le sont pas forcément.

  • On paie trop d’impôts en France.
  • Le RNH, c’est le pied.
  • Il fait beau toute l’année et c’est pas cher.

Ce n’est pas forcément critiquable au premier abord. Inutile de s’intégrer, ils viennent dans leur petit coin de paradis, font leurs courses et n’apportent pas de mauvaise ambiance avec eux. Des touristes permanents en quelque sorte.

Mais c’est dommage de ne pas aller plus loin que le soleil et la plage. Remarquez qu’ils ne doivent pas s’intéresser beaucoup plus à la culture de leur pays d’origine…

Le mauvais côté ? Cette ignorance du pays d’accueil est hautement compatible avec la perte d’identité portugaise. Là où ils s’installent, on a souvent des immeubles moches en bord de mer et des restaurants sans âme. En bref : ils recréent une France en miniature, avec le même genre de mentalité pas forcément appréciée au Portugal.

Pourquoi ça m’énerve

Je suis d’origine portugaise, et j’ai grandi à cheval sur les deux pays. J’aime la culture, le patrimoine, l’Histoire, quelle soit portugaise, française, espagnole ou japonaise. Si je défends tant que possible la culture portugaise auprès des francophones, c’est parce que je veux faire découvrir la richesse du Portugal.

Lorsque je vois des gens débarquer avec leurs relents xénophobes au Portugal, pays tolérant et ouvert au monde, ça m’insupporte. Voir des relents xénophobes parfois niés ou ignorés à proximité, ça m’insupporte. Je ne l’appréciais pas en France, je l’apprécie encore moins au Portugal.

Des gens qui n’en ont rien à faire de la culture portugaise, mais qui fuient la France parce qu’elle perdrait sa culture face à « l’invasion ». C’est incohérent.

Avis à ceux qui déménagent parce que la France n’est plus la France : partez dans un petit village du Cantal. Vous serez tranquille, vous pourrez avoir votre fromage, ne pas voir d’étrangers et parler français à volonté.

Pas sûr que les locaux vous apprécieront énormément, mais c’est une autre histoire.


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