Concert à Paris de Rodrigo Leão, au Café de la Danse
Concert à Paris de Rodrigo Leão, au Café de la Danse

Concert à Paris de Rodrigo Leão, au Café de la Danse

Par , le

En 2010, pour la première fois, le portugais Rodrigo Leão est venu en concert dans la capitale française. Rodrigo Leão, ancien membre des Sétima Legião et des Madredeus a depuis lors parcouru bien du chemin en solo.


Je suis un vieux fan, depuis les Sétima Legião, et sa venue à Paris, tout près de là où j’habitais à Paris, dans une petite salle intimiste comme le Café de la Danse était une opportunité unique à ne pas rater! Rodrigo Leão et son Cinema Ensemble, c’est magique, en plus d’être un régal pour les oreilles.

Ana Vieira au chant, avec le Cinema Ensemble au complet
Ana Vieira au chant, avec le Cinema Ensemble au complet

Nous sommes donc le vendredi 28 mai 2010. Il est presque 20 heures, dans cette salle près de la Bastille, situé dans un passage discret, dans un quartier très fréquenté par les jeunes (et moins jeunes), qui sortent le soir, après l’école ou le boulot. L’endroit est idéal pour aller boire un verre juste après le concert. Il n’y a pas de grande banderole ou d’affiche indiquant le concert de Rodrigo Leão. Il n’y a d’ailleurs pas eu beaucoup de publicité autour de l’évènement : le concert sera résolument intimiste, ce qui n’était pas pour me déplaire. Mais dans une salle aussi petite, pour quelqu’un comme Rodrigo Leão et tout son Cinema Ensemble (ils sont 9 musiciens au total, sans compté d’éventuels invités…) et les techniciens, on se demande comment ils gagnent leur vie!

Café de la Danse, à Paris
Café de la Danse, à Paris

Toute petite salle

Je trouve qu’il mériterait un salle un peu plus grande. On arrive ainsi dans le Café de la Danse, on peut remarquer qu’on n’est pas perdu et que c’est bien ici : il y a une pub pour la banque Caixa Geral de Depósitos. On arrive sur la salle elle même : c’est vraiment petit, on dirait un petit cinéma, mais elle est déjà bien remplie! En plein milieu des places, il y a le technicien du son, il y a quelques sièges vides derrière lui, allez hop, on va s’asseoir là.

Nous sommes en plein milieu, les musiciens seront face à nous, situation idéale. Je suppose que les places étaient vides, parce que les gens devaient avoir peur d’avoir la vue bouchée par l’énorme console du technicien du son, mais finalement ce n’était pas le cas. Par contre, les sièges sont vraiment pas confortables, ça rappelle un peu les mauvais sièges du Cirque d’Hiver, quand on était partis voir Mariza en concert

Accordéon, violon, alto et violoncelle
Accordéon, violon, alto et violoncelle

Présentation de l’album A Mãe

Mais tout ceci ne sont que des détails, l’essentiel est bien là : je vais voir Rodrigo Leão en concert. Bon, c’est un concert de présentation du nouvel album « A Mãe » surtout, et il n’y aura donc pas beaucoup des anciennes musiques que j’adore. Je ne dirais pas que c’est dommage, les nouvelles musiques sont vraiment bien, même si elles sont encore plus mélancoliques et nostalgiques que d’habitude : cet album est en hommage à sa mère décédée l’année précédente (d’où le titre, « mãe » voulant dire « mère » en portugais).

J’ai eu la surprise des musiques un peu gâchées sinon : le technicien avait devant lui une feuille avec l’alignement des musiques. Mais bon, qu’à cela ne tienne, je vais pouvoir découvrir en live (et en couleurs) les nouvelles musiques de cet album, ainsi que celles que Rodrigo a élaborées pour la série portugaise « Equador« , la plus grosse production télévisée portugaise de tout les temps.

Les artistes entrent en scène. Comme toujours, Rodrigo est au clavier, accompagné de son Cinema & Ensemble : Ana Vieira est au chant, Celina da Piedade joue de l’accordéon et chante, Viviena Tupikova du violon, Bruno Silva de l’alto, Marco Pereira du violoncelle, Luis Aires de la basse et finalement Luis San Payo de la batterie. Tous des fabuleux musiciens, accordés à la perfection, se connaissant depuis des années. Sur ce nouvel album, Rodrigo a pour la première fois composé ses chansons en pensant à Ana Vieira, qui a là des chansons adaptées à sa voix.

Leur première chanson, « As Ilhas dos Açores », est une musique originellement composée pour les Madredeus : très belle entrée en la matière. J’avais un peu peur que les musiques soient trop tristes et nostalgiques, mais « A comédia de Deus » a totalement dissipé mes craintes, toutes relatives. Ecouter ça en concert, c’est extraordinaire, et, comme toujours avec de véritables musiciens, toujours mieux que de se contenter de la version album, enregistrée en studio.

Les lumières de la salle jouaient leur rôle de mise en valeur des artistes, sans gêner
Les lumières de la salle jouaient leur rôle de mise en valeur des artistes, sans gêner

La qualité du son du Café de la Danse était nickel, rien à dire. En même temps, je crois que même sans électricité, ils s’en seraient bien sortis, sauf notre ami Rodrigo… qui va s’exprimer en trois langues au cours du concert. Tout d’abord, en français. On ne peut pas dire qu’il soit expert, mais ça fait toujours plaisir. Puis en anglais, où là ça va déjà mieux. Il nous explique que ce concert est un patchwork de ses musiques : on va écouter un peu de tout ce qu’il a fait au long de sa carrière. Ouais, sûrement, mais snif snif, pas mes musiques préférées (beaucoup de musiques avec hautbois, instrument ne figurant pas dans son Cinema & Ensemble…).

Dans ses musiques, il a tout de même choisi « solitude » et « la fête », qui sont des musiques chantées en français : ça aussi ça fait plaisir, même si Ana Vieira a du mal avec le français (je ne peux pas dire que je comprenais grand chose). Là où j’ai bien aimé, c’est plus tard lors du concert, où il s’exprime totalement en portugais. Je ne suis pas sûr d’avoir entendu autant de Portugais que ça dans la salle… :) On ne peut pas dire que la communauté franco-portugaise connaisse vraiment la « nouvelle musique » portugaise autre que la pimba, ce qui est fort dommage. Sur Le Portugal en Français, nous allons y remédier, c’est moi qui vous le dit!

Gomo, l’invité surprise

Le grand moment de la soirée, c’est quand un invité très spécial est venu chanter « Cathy », une des nouvelles chansons. Cette musique est normalement chantée par Neil Hannon, de « Divine Comedy », mais ce soir là, c’est Gomo qui est venu! Gomo, c’est un super musicien chanteur, qui a fait des trucs aussi sympa que « Feeling Alive » ou « Final Stroke ». Et il est venu exprès de Lisbonne, pour chanter une seule chanson… je ne sais pas combien ils gagnent, encore une fois, mais vraiment, quand on voit tout le tintouin que l’on faisait à l’époque pour Hadopi etc, je pense que pour Rodrigo Leão, ça passe à coté, mais d’une force… bref, ils jouent, ils font des concerts et gagnent leur vie comme ça. C’est d’ailleurs assez rare pour le souligner, il n’y avait pas de ventes de CDs à la fin du concert ni rien. Dommage, parce que j’aurai bien acheté un album pour offrir :D

Gomo, pour la chanson "Cathy"
Gomo, pour la chanson « Cathy »
Gomo est un splendide intérprète
Gomo est un splendide interprète

Chaque musique était ponctuée par un tonnerre d’applaudissements, chaudement mérités. Le « encore » était monumental, et ils sont venus jouer 3 nouvelles musiques, pour terminer sur « Pasión ». Vous le savez, Rodrigo Leão est très éclectique, il nous transporte d’un tango à une musique d’Europe de l’Est, d’une chanson anglophone à une chanson portugaise, mais tout en conservant une unité, cette nostalgie, ce calme parfois « endiablé ».

Étranges sentiments que l’on peut avoir lors d’un concert du compositeur. Je suis resté sur ma faim, on en voudrait plus, tellement de musiques qu’il fallait entendre, découvrir ou faire écouter à ce public parisien, qui était peut-être aussi éclectique que les musiques de Rodrigo : il y avait un peu de tout, de la famille de Portugais aux bobos, en passant par des étudiants ou des connaisseurs. Pour finir, je vous laisse avec une vidéo d’une des musiques entendues ce soir là : « A estrada », qui veut dire « La route ».


A lire aussi

×