Un "bourge", qu'est-ce que c'est ? Quelqu'un qui a de l'argent, une certaine culture et une éducation qui le distingue des autres. Ce terme péjoratif existe en portugais, c'est le "beto".
Aucun beto ne va vous dire qu’il en est un, tout comme aucun bourge ne vous dira qu’il en est un. Pourtant, ils se reconnaissent à des kilomètres. Ce sobriquet de « beto » leur est donné par ceux qui n’en font manifestement pas partie.
Sommaire
Pour reconnaître cette classe sociale, c’est facile : ils sont souvent de droite, catholiques et riches.
Il sont aux antipodes des Portugais de France. Ils n’ont pas eu besoin d’immigrer, ils vivaient bien à l’époque de Salazar. Leurs valeurs conservatrices et traditionnelles représentent cet ancien Portugal, ce Portugal des « doutores », dont ils sont nostalgiques.
Comment reconnaître un beto, ou la version féminine, beta ? Je vous donne quelques pistes. Si vous vous reconnaissez dans au moins trois caractéristiques, vous êtes vous aussi probablement un bourge portugais.
Betinho : diminutif de « beto », on utilise ce terme pour désigner les jeunes betos.
Tia : les femmes sont toutes des tantes
Les betos plus âgés sont systématiquement, pour les plus jeunes, des oncles ou des tantes, même sans aucun rapport familial. On demande à l’enfant d’appeler cet ami de « tio » et surtout, pour les amies, de « tia ».
Attention : je précise bien de « tio » ou de « tia », pas le diminutif populaire de « ti ».
Vous êtes beto, votre ami Lourenço vient vous visiter, vous aller le présenter à votre enfant comme étant « Tio Lourenço ». C’est de là qu’est parti le sobriquet populaire de « tia » pour désigner ces vieilles bourgeoises des quartiers chics, répondant à tous les codes des betos.
En résumé :
- Beto : le père
- Tia : la mère. Il est plus souvent utilisé que le terme « beta ».
- Betinho, betinha, le fils, la fille
À savoir : l’inverse de beto, ça serait chunga. Quelque chose de mauvaise qualité. On peut l’utiliser pour des personnes, mais aussi pour des objets, des évènements…
Prénom de beto
Nous le savons bien, le prénom que nous recevons de nos parents dit beaucoup de nous. Ce n’est pas la même chose de s’appeler Lourenço (prénom très apprécié des betos) que Rúben.
En français, nous pourrions comparer ça à ceux qui se nomment Cécile-Marie plutôt que Lyana.
C’est tout de même un peu moins flagrant au Portugal, les anciens prénoms étant toujours à la mode. Les prénoms sortis d’une pochette surprise, aux orthographes inventifs restent limités au Portugal.
De plus, certains parents, n’étant pas forcément des betos (mais avec une grande envie de l’être), peuvent donner un prénom « chic et distingué » à leur descendance.
Là où ça devient flagrant que nous sommes face à un beto, c’est lorsque son nom de famille n’est pas très commun. On va s’appeler Vilhena, Villas-Boas ou Mello avec deux L.
Oui, avec deux L, parce que ces familles privilégiées ont pu, par le passé, garder l’ancienne graphie de leur nom de famille au moment de la grande réforme de l’orthographe républicaine de 1911…
Lire également : les prénoms portugais
Si nous pouvons avoir un doute pour reconnaître un beto en n’utilisant que son prénom, leur diminutif va dissiper tout malentendu.
Une Carlota va devenir « Tota », Francisco sera un « Quico » (et non pas Chico !) ou encore Leonor qui devient « Nônô ». Les betos ont le goût des sobriquets qu’ils trouvent mignon, mais qui sont pour la plupart des portugais considérés comme juste… ridicules.
Voir une dame de 50 ans, bon chic bon genre, avec son collier de perles se faire appeler « Nônô », ça peut faire sourire le reste du Portugal.
On ne connait pas très bien l’origine du terme « beto ». Peut-être est-ce le diminutif d’un prénom de « beto », comme « Alberto » ou « Humberto » ?
Lieu de vie
Comme toute personne des classes aisées, ne faisant pas semblant d’être du peuple (le fameux « bobo » français), le beto vit dans des quartiers, dans des villes à leur mesure.
Nous allons donc principalement retrouver des betos à Cascais, la banlieue chic de Lisbonne, ou à Foz, à Porto, où ils peuvent être connus sous le nom de « fozeiro ». En France, nous dirions qu’ils habitent dans le XVIe arrondissement de Paris.
Les betos provinciaux sont des « agrobetos ». Ils ont en modèle les betos de Cascais ou de Foz, mais il leur manque quelque chose : la ville et toutes les opportunités sociales de se montrer.
Éducation et hobbies
Les betos ne fréquentent pas l’école publique. Ils vont dans un « colégio », une école privée, généralement catholique. En plus de l’école, ils peuvent avoir plusieurs activités, souvent associées à leur statut de « bourges ».
Alors oui, vous pouvez imaginer le golf, l’équitation et autres sports élitistes. Mais, et c’est une spécificité portugaise, ils ne rechignent pas devant un bon spectacle tauromachique.
N’oublions pas qu’il s’agit de conservateurs, attachés aux anciennes valeurs.
Tellement attachés à ces valeurs que les parents vouvoient leurs enfants.
Valeurs politiques
Un beto est de droite. La vraie, traditionnelle et chrétienne. Nous parlons ici d’un parti mourant au Portugal, le CDS, qui correspond aux Républicains en France. Ils participent tous les deux au PPE européen, et défendent des valeurs communes.
Leur ancien leader, Chição (de son vrai nom Francisco Rodrigues dos Santos) est emblématique de ce qu’est un beto.
Codes vestimentaires
Tout est très bien repassé. Les habits sentent le neuf.
Regardez la mèche de cheveux, regardez la montre, regardez la chemise et la veste impeccables. En plus, il y a les yeux bleus. Comme nous sommes au XXIe siècle, et qu’il faut avoir l’air détendu, il ne porte pas de cravate et a une petite barbe.
Pour mieux comprendre, pensez pull noué sur les épaules, pensez chaussures bateau. Polo Ralph Lauren ou Lacoste, veston et, pourquoi pas, lunettes de soleil.
Club de foot de beto : Sporting
Au Portugal, tout le monde aime le foot. C’est un sport populaire, mais aussi de betos. Mais il y a néanmoins des différences !
Un club est reconnu comme étant celui des betos : le Sporting. Dès le départ, ce club avait été fondé par des éléments de la « bonne société » de Lisbonne.
Et si les betos jouent au foot, ils vont choisir un club plus adapté à leur milieu social. Des clubs aux cotisations plus chères, aux bonnes installations et équipements, parfaitement adaptés à ces enfants de bourgeois.
Lorsque vous voyez un Sporting contre Benfica, ce ne sont pas seulement que deux clubs de la capitale qui s’affrontent !
Outre le foot, les betos peuvent pratiquer la voile, le tennis ou le badminton parmi tant d’autres. Le choix du sport est beaucoup plus varié que dans les classes populaires, où tout se résume au foot…
Moralité : si vous êtes du Sporting, que vous habitez à Cascais ou Foz et que vous aimez les chaussures bateau tout en votant CDS, ne cherchez pas plus loin. Vous êtes un beto.
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