Au large de la ville de Peniche se trouve les îles des Berlengas. Ce petit archipel, à priori désertique, mis à part quelques petites maisons de pêcheurs et un Fort, regorge en fait de vie ! Nous sommes partis y faire un petit tour, histoire de voir à quoi pouvait bien ressembler ces rochers granitiques en plein océan atlantique.
Pour aller aux Berlengas, ou plus précisément sur Berlenga Grande, la plus grande des îles de l’archipel, il faut prendre le bateau. Il existe en été de nombreux transports maritimes, qui permettent de rallier la plus grande des îles, Berlenga Grande, toutes les heures au départ de Peniche. C’est au bout d’un voyage en mer de 30 minutes que l’on se retrouve aux Berlengas, distantes du continent et du Cap Carvoeiro de 16 kilomètres. Le voyage vaut le coup, c’est très agréable de chevaucher les vagues de l’océan :)
Sommaire
Lorsque l’on arrive en vue de l’archipel, ce que l’on aperçoit de loin, c’est un bout de pierre avec très peu de verdure, rempli de mouettes et escarpé. On a déjà fait plus hospitalier comme coin, en permanence battu par les vagues d’eau salée de l’Atlantique. Ceci n’a pas empêché les Berlengas d’être habitées depuis l’Antiquité (du moins Berlenga Grande), et encore moins la construction d’un Fort qu’on aperçoit en arrivant : nous sommes ici dans un endroit stratégique, aux premières loges pour défendre le continent, tout proche. Trois îles composent l’archipel des Berlengas : outre Berlenga Grande, nous avons également les groupes de rochers Estelas et Farilhões-Forcados.
Berlenga Grande
Le premier nom connu de Berlenga Grande pendant l’Antiquité était « Londobris », puis sous les Romains, « île de Saturne ». Après plusieurs passages de marins musulmans, de vikings, de corsaires français ou anglais, en 1513, des moines de l’ordre de Saint Jérôme (ou ordre des Hiéronymites) ont décidé de s’installer sur l’île. Ils étaient à la recherche de la paix et de la tranquillité, et pouvaient apporter de l’aide aux marins et éventuels naufragés, sous la protection bienveillante de la reine Leonor. C’est la fondation du monastère de la miséricorde de Berlenga, situé à l’endroit où se trouve aujourd’hui un restaurant. L’apparente vie de tranquillité que nous avons de l’archipel n’est pourtant qu’illusion. Les moines étaient constamment attaqués de toutes parts par des pirates de toutes origines : marocains, algériens, français, anglais ont eu raison de la vie monastique des Berlengas, sans même parler des difficultés naturelles que présente l’île en elle-même.
On se demande, avec un tel repère de pirates, si il n’existe pas un mystérieux trésor enfoui quelque part sur l’île, qui présente de nombreuses cachettes possibles, si on pense aux nombreuses grottes accessibles par mer uniquement !
Géographie de l’archipel des Berlengas
Géographiquement, nous parlons ici de petites îles. Berlenga Grande fait 1500 mètres de longueur, sur 800 de large, pour un périmètre de 4 kilomètres. Le point le plus haut culmine tout de même à 88 mètres, ce qui permet d’avoir une vue extraordinaire sur l’océan et la côte portugaise continentale. Berlenga Grande possède deux parties distinctes : à l’ouest, la plus grande, Berlenga, à l’est, Ilha Velha (littéralement « Vieille Île »). L’île est traversée par d’innombrables grottes, ce qui, en plus de la faune et de la flore maritime magnifiques, est un des points d’attraction majeurs pour les scaphandriers et autres férus de plongées sous-marine. On le voit sur les photos, un tas de petits bateaux un peu partout autour de l’île, qui sont là pour les plongeurs, nombreux en été. Un jour, moi aussi j’irais faire un tour dans les fonds marins des Berlengas, voir les petits poissons ! Une petite vidéo de Youtube publiée par la mairie de Peniche vous présente les Berlengas et ce qu’on peut y voir sous l’eau, si on a la chance de faire de la plongée.
L’édifice le plus visible de loin quand on arrive, c’est, comme de bien entendu, le phare du Duc de Bragance, Farol do Duque de Bragança. Haut de 29 mètres et construit en 1841, sa lumière est visible à 50 kilomètres à la ronde, et aide les marins à ne pas naufrager dans les eaux des Berlengas : par le passé, de nombreux navires ont coulé à cet endroit, faisant le bonheur des plongeurs, qui ont tout un fond marin à explorer. Décidemment, les Berlengas sont l’un des tout meilleurs endroits de plongée au Portugal.
Les grottes des Berlengas et le Canyon de Nazaré
Les fonds marins de cette région du Portugal et d’Europe sont uniques sur le continent. L’archipel possède un relief très creusé, troué de partout, avec de très nombreuses grottes. Il existe même une grotte qui peut être traversée en bateau !
Il existe un Canyon sous marin tout proche, qui n’est que le plus grand d’Europe. Il est plus grand que le Grand Canyon, avec ses 200 kms de long et ses, par endroits, 5000 m de profondeur ! C’est le Canyon de Nazaré : il longe la côte portugaise, près de Nazaré, et passe par les Berlengas. Il fait l’objet de nombreuses études actuellement, on a déjà trouvé un requin à 3600 m de profondeur…
Camping aux Berlengas
Pour les plus courageux, il est possible de camper aux Berlengas. Courageux, parce que les Berlengas sont tout de même un archipel assez inhospitalier pour les humains, et une fois le tour de l’île fait, ben… il n’y a plus grand-chose à faire, à moins d’être plongeur ou d’aimer les mouettes. J’exagère à peine, et camper à cet endroit est sans doute une expérience unique, où l’ont se sent bien isolé : impossible de rentrer chez soi avant le premier bateau du matin. Et les paysages sont époustouflants bien sûr, c’est bien pour ça que l’on vient ! Les photos parlent d’elles mêmes je pense, ça change des rues serrées parisiennes. Le camping est bien installé, avec le minimum vital pour camper : de quoi faire la vaisselle. Ah vous la vouliez la vie de warrior…
Nous sommes ici dans une réserve naturelle, la Réserve Naturelle des Berlengas, et on ne peut pas non plus se balader partout : c’est un espace protégé depuis 1981. De nombreuses espèces de plantes sont endémiques, n’existant nulle par ailleurs.
Plage du Carreiro do Mosteiro
L’île possède plusieurs plages, mais seule la plage principale, la plage du Carreiro do Mosteiro, peut être considérée comme étant une vraie plage. C’est ici que l’on commence et que l’on termine la visite aux Berlengas. Un superbe endroit pour se reposer, très agréable, avec un sable très fin et une pente douce rentrant dans l’océan tout doucement : on peut y nager comme dans une piscine :) J’aime bien l’acoustique de cet endroit, coincé entre les roches de l’île, on entend toutes les conversations, ou le bruit des mouettes, qui sont absolument partout, par ici. Et parlons-en, de ces mouettes qui n’ont pas peur des humains, et qui sont prêtes à tout pour manger ton goûter sous tes yeux si tu ne fais pas attention ! Les mouettes viennent manger dans la main des vacanciers venus bronzer. L’espèce dominante ici, ce n’est pas l’homme, mais l’oiseau.
Il existe d’autres plages, notamment une accessible à la nage (ou en bateau), toute petite avec du sable. Elle est juste à coté de la Forteresse des Berlengas, le Fort de Saint Jean Baptiste des Berlengas (Forte de São João Baptista das Berlengas).
Forteresse des Berlengas
La forteresse a été construite pendant la Guerre de Restauration (1640-1668), qui rétabli l’indépendance du Portugal vis-à-vis de l’Espagne, sous Dom João IV, quelque part entre les années 1640 et 1656 (on ne sait pas au juste). Il a été construit en utilisant les pierres de l’ancien monastère en ruines. Il n’était pas encore fini qu’il du résister à son premier assaut en 1655 : des bateaux turcs le bombardent. En 1666, le Fort de Saint Jean Baptiste des Berlengas doit faire face à une escadre espagnole.
Cette escadre était venue intercepter le bateau dans lequel venait la princesse française Marie Françoise de Savoie-Nemours, nouvelle épouse du jeune roi du Portugal, Alphonse VI de Portugal. Ce mariage était l’union entre la France et le Portugal, marquant leur alliance contre l’Espagne : il fallait pour les espagnols que la princesse ne rejoigne pas Lisbonne, empêchant ainsi cette alliance entre les deux pays. L’escadre décide de prendre le Fort avant l’arrivée du convoi nuptial, mais tombent face à une résistance héroïque et phénoménale de la part de la petite garnison de 25 hommes du fort. Ces hommes, à eux seuls, ont tenu tête aux 15 navires qui composaient l’escadre. Ils ont fini par capituler, mais l’escadre était trop affaiblie pour faire face aux bateaux français et rentrent à Cadix.
Cette forteresse est aujourd’hui le principal espace « hôtelier » de l’île, avec un petit restaurant, et quelques chambres, très rustiques. On ne vient pas pour le confort ! Pour arriver au Fort, soit on le fait par mer, soit on le fait, comme nous l’avons fait, en descendant les centaines de marches qui séparent la forteresse du phare. Ce n’est clairement pas le chemin le plus facile, mais ça en vaut la chandelle : cette « randonnée » permet d’avoir un joli point de vue sur cette partie là de l’île.
Les îles des Berlengas représentent un patrimoine historique et écologique unique au Portugal. C’est une réserve naturelle qu’il faut préserver et respecter ! Une petite promenade en mer, une petite bronzette sur la plage, un peu de marche jusqu’au fort, tout en admirant les magnifiques paysages et l’immensité de l’océan… bon voyage aux Berlengas =) !
Photos des Berlengas
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