Carlos Catalogart nous raconte cette formidable aventure au dessus de l'Atlantique, faite par deux héros Portugais : Sacadura Cabral et Gago Coutinho. Un fait historique qui aurait dû se retrouver sur une pièce de monnaie. C'était sans compter sur les aléas de l'histoire...
Vous avez dit première traversée de l’Atlantique ? Bien-sûr, Charles Lindbergh et son Spirit of St. Louis, en 1927, n’est-ce pas ? Quel héros, quel panache, quel courage… comment ? Il n’a pas été le premier à traverser l’Atlantic Nord ?
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Mais alors … ah, le premier vol direct New York – Paris, of course, d’où l’intérêt en France pour lui. Huit années avant il avait eu Alcock et Brown – qui ça ? – qui avaient les premiers fait la traversée Terre Neuve-Irlande sans se poser une seule fois…
Le grand saut de l’Atlantique
Si vous avez déjà pris l’avion pour le Brésil vous savez que le grand saut de l’Atlantique demeure celui-là, de Lisbonne à Rio. Grand saut réalisé en 1922 par Gago Coutinho et Sacadura Cabral, deux aviateurs portugais dont les noms sont encore prononcés à l’école et ailleurs avec une certaine vénération.
Une vénération semblable à celle que l’on réserve à Vasco da Gama et aux autres ouvreurs de nouveaux chemins. Une copie d’un des avions utilisés peut d’ailleurs être vue à Belém à Lisbonne, pas loin de la célèbre tour.
Commémorer par la numismatique
Un fait de cette importance, qui a mérité la reconnaissance nationale et internationale, doit être gravé quelque part sur le métal d’une pièce d’escudo. Après tout, le cinquantenaire en 1972 était encore en plein dans l’ère des Escudos. Inspectons donc soigneusement la Spiral des Escudos, fouillons bien… non, il faut se rendre à l’évidence, Gago Coutinho e Sacadura Cabral n’y sont pas.
Ça alors … diable ! Mystère et bulle de gomme. Conspiration politique ? L’œuvre des sociétés secrètes ? Erreur, distraction de la Monnaie portugaise ?
Carlos Pernas, le maître derrière un des plus beaux sites de médailles au monde, nous révèle les raisons d’une telle bizarrerie dans le bulletin Numismática 132 de l’Association Portugaise de Numismatique. Traduisons et résumons.
Une année en retard sur le cinquantenaire, en 1973, le gouvernement de l’époque donne l’ordre de frapper une monnaie en argent de 50 escudos commémorant le cinquantenaire de la traversée aérienne de l’Atlantique Sud. Le dessin est fait, par Norte de Almeida, on célèbre le fait, pas les hommes – typique des dictatures.
Problèmes
Mais le Portugal frappe alors monnaie aussi pour l’Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, Macao, le Mozambique, Sao Tomé-et-Principe et le Timor Oriental. Ces territoires, que l’on nommait « colonies », voulaient aussi leur part de ce magot commémoratif, deux millions de pièces pour l’Angola, deux millions pour le Mozambique, etc.
Première réponse à ces revendications, on décide de frapper presque cinq millions de pièces pour les colonies. Certaines ont pourtant rouspété, elles n’avaient pas assez, on augmente le nombre pour presque cinq millions et demi ! Avec toutes ces tergiversations le montant d’argent nécessaire a grimpé et malheur, commence la crise du pétrole, les pays de l’OPEP prennent la main de leur précieux liquide, le cours des matières premières s’envole, le projet est entretemps devenu trop cher pour le pays.
On aurait pu changer de métal, la finition de la pièce… mais la Révolution des œillets est passé aussi par la entretemps, le processus de décolonisation enclenché… Bref, le projet a été lancé trop tard et trop doucement pour survivre à des changements structurels si importants.
Il en reste une histoire à raconter, surtout à l’approche du centenaire, pendant lequel, c’est sûr, l’événement sera célébré. La Monnaie portugaise a en effet annoncé une pièce commémorative de 2 euros pour 2022, les collectionneurs s’activent déjà.
Carlos Catalogart, pour le Portugal en français
Note de José : malgré leur absence de la numismatique portugaise jusqu’en 2022, les deux aviateurs ont été célébrés sur les billets de banque, dès 1972.
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