Les guerres coloniales portugaises furent terribles. Ne pouvant compter que sur eux-mêmes dans des régions hostiles, les soldats avaient pourtant des "anges tombés du ciel" qui prenaient soin d'eux...
Comment faire parvenir rapidement des soins dans des régions inaccessibles ? Ce problème trouva une solution, grâce à 47 femmes parachutistes. Ces femmes militaires n’avaient pour mission que d’exercer leur métier : infirmières.
Sommaire
Les six Maries
C’est en 1961, au tout début des guerres coloniales, qu’une première formation d’infirmières a lieu. Une formation pour apprendre à sauter en parachute d’une part, et pour apprendre à sauver des vies d’autre part. Des onze candidates qui ont suivi la formation, seules six femmes obtinrent leur « boina verde » (béret vert) et leur brevet en 1961. Comme elles se nommaient toutes « Maria », on avait surnommé ce premier groupe les « seis Marias », les six Maries.
D’autres femmes suivront, pour un total de 9 formations et 47 infirmières parachutistes, de 1961 à 1974. Des femmes d’un courage inouï, plongeant au coeur des zones de combat en parachute, pour aller soigner des cas souvent désespérés. Combien d’entre elles ont entendu les dernières paroles de soldats portugais ?
Isabel Rilvas
C’est une femme hors du commun qui souffla l’idée de femmes parachutistes à Kaúlza de Arriaga, responsable militaire. Née en 1935 et fille du comte de Rilvas, Isabel est passionnée par l’aviation et les acrobaties.
C’est la première femme de péninsule ibérique à effectuer des acrobaties aériennes !
Déjà pilote, elle fréquentera la formation de parachutiste en France, à Biscarosse, étant élève de la parachutiste et secouriste Jaïc Domergue.
Kaúlza de Arriaga demandera l’autorisation à Salazar d’instituer les premières infirmières parachutistes portugaises. Il avait été inspiré par Rilvas et les parachutistes françaises déployées dans les guerres coloniales tricolores.
Des femmes libres
Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Nous sommes dans une société patriarcale, où les femmes doivent rester à la maison. Travailler dans les champs, s’occuper des enfants ou faire des pièces d’artisanat, aucun problème. En revanche, devenir infirmière et travailler pour un hôpital, c’était compliqué dans les bonnes familles traditionnelles.
C’est dire à quel point Isabel Rilvas pouvait détonner !
Les premières parachutistes avaient été recrutées parmi des infirmières déjà en poste dans un hôpital, souvent dans un contexte religieux. Souvenons-nous : beaucoup de ces infirmières étaient aussi des bonnes-soeurs potentielles.
Des anges tombés du ciel
Toutes jeunes et célibataires, de la guerre, elles ne connaissaient rien. Mais toutes partirent librement, dans un esprit chrétien de don de soi, pour aider les autres.
Le surnom que les soldats leur attribuèrent ne pouvait pas être mieux trouvé. C’était presque littéral : des anges tombés du ciel.
Le plus souvent, c’est en hélicoptère qu’elles se déplaçaient jusqu’aux blessés. Mais parfois, l’hélicoptère ne pouvait y aller. Alors, à bord d’un avion, elles sautaient carrément au milieu des opérations, pouvant être à tout instant la cible du feu ennemi. Militaires, elles l’étaient, mais ne se limitaient pas qu’à porter secours à leurs camarades. Les infirmières portaient secours à tout le monde, sans distinction. Dieu ne choisi pas !
Un courage hors-normes
Imaginons un instant leur rôle. Partir dans un avion, sauter en parachute sous le feu ennemi, arriver près d’un ou plusieurs blessés, parfois mourants. Là, il faut stabiliser le blessé en attendant l’évacuation providentielle. Parfois, il faut faire au mieux, avec peu de moyens. Parfois, il faut amputer. Souvenons-nous : il s’agit souvent de filles de bonnes familles, éduquées et aisées qui se retrouvent ici. Leur mission était bien plus grande qu’elles : sauver des vies.
Des femmes hors du commun, c’est le moins que l’on puisse dire.
Leur courage et détermination furent reconnus de tous. Les récits d’anciens militaires abondent, admiratifs de leur abnégation. Nous parlons bien de femmes qui ont pris la décision de quitter une vie tranquille en métropole, souvent contre l’avis de leur famille.
Contrairement aux hommes infirmiers, qui avaient reçu une formation d’infirmier une fois militaires, ces femmes étaient avant tout infirmières, à qui on avait donné une formation militaire. Peut-être pour cela, les soldats avaient une confiance presque aveugle en ces femmes compétentes et dévouées à leur métier.
Une seule mort est à déplorer pour ces infirmières. Un regrettable accident, où un de ces anges fut pris dans l’hélice de son avion…
A la fin de la guerre, celles qui avaient été les premières femmes a avoir été acceptées dans l’armée portugaise continuèrent leur carrière militaire. La dernière des « anges » n’est partie à la retraite qu’en 2002…
Pour aller plus loin
Je conseille le petit documentaire de la chaîne brésilienne « Hoje no mundo militar ».
A lire également, l’article du Correio da Manhã « Anjos caídos do céu em tempo de guerra« .
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