Fête de la São João de Porto

Par

Chaque année, pour la Saint Jean, Porto célèbre le solstice d'été avec une fête pétrie de traditions séculaires.


Dans la nuit du 23 au 24 juin, les gens de Porto font la bringue.

On sort, on va voir des concerts organisés par la mairie, on va manger des sardines et toutes sortes de grillades que l’on peut manger dans la rue. Presque tous les restaurants installent un barbecue à leur porte !

Histoire et traditions de la São João de Porto

Personne ne se souvient de quand a commencé la fête de la São João.

On a des écrits du Moyen âge qui nous indique que déjà, beaucoup de personnes se retrouvaient dans ce qui est aujourd’hui le quartier de Ribeira, pour fêter le solstice d’été et les futures bonnes récoltes.

En symbole de cet espoir de bonnes récoltes, ont se tapait sur la tête avec des fleurs de poireaux, aux formes bien caractéristiques de phallus, symbole de fertilité.

Si on regarde toutes les traditions en rapport avec la Saint-Jean à Porto, on constate que pratiquement toutes sont en rapport avec la fertilité, avec l’histoire d’avoir de très bonnes récoltes.

Torre dos Clérigos et São João
Toute la ville se met à l’heure de la São João, comme ici devant la Torre dos Clérigos

Manjerico

Une des traditions les plus sympas de la São João, c’est de s’offrir des petits pots de basilic fin. Attention ! Pas de basilic, mais bien de « basilic fin », « manjerico » en portugais, une variété aux feuilles beaucoup plus petites que le basilic classique.

Manjerico
On ne doit pas sentir le traditionnel basilic avec le nez, mais le toucher avec la main pour s’imprégner de son odeur… Regardez aussi le petit message qui accompagne la plante, habituellement en rapport avec l’amour que l’on veut donner à son aimée…

C’est une tradition qui ressemble un peu dans les faits au muguet du 1er mai en France. On en retrouve en vente absolument dans tous les coins de rues, vendus par des particuliers.

Traditionnellement, on devait offrir ce petit pot à sa future fiancée.

Vendeurs de basilic à Porto
Devant l’ancienne église de Carvalhido à Porto, des vendeurs de basilic. On achète du basilic pour la Saint Jean, ça porte bonheur.

Martelinho

Le « martelinho », le petit marteau en plastique, est peut-être l’objet le plus emblématique et caractéristique de la fête de la Saint-Jean de Porto. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette tradition est relativement récente. C’est dans les années 1960 qu’un industriel du plastique portugais a proposé aux étudiants de Porto de l’utiliser. Il s’agissait de faire le plus de bruit possible !

Au départ, le martelinho était donc utilisé pour les fêtes étudiantes de Porto du mois de mai. Le succès a été tel qu’ils ont décidé de s’en servir pour la fête de la Saint-Jean. Un usage qui n’est plus jamais perdu, malgré les tentatives des responsables de la mairie de Porto à l’époque de l’interdire.

Ils trouvaient que ça n’avait pas de rapport avec les traditions de Porto. Et à raison ! Ce marteau était une « greffe » en plastique sur une tradition millénaire, ce n’était pas approprié.

Martelinho
Martelinho, petit marteau en plastique

Malgré l’interdiction faite aux fabricants de vendre ces marteaux en plastique, les gens de Porto ont dit :

« Ce n’est pas parce que c’est interdit qu’on ne va pas s’en servir ».

Les fêtards les ont donc utilisés quand même ! Rappelez-vous, à cette période le Portugal était encore sous la dictature, c’était un vrai esprit de rébellion que d’enfreindre une interdiction.

De son côté, l’industriel du plastique qui les vendait a fait plusieurs procès, et finit par gagner. Il a eu l’autorisation de continuer à vendre ses marteaux.

Aujourd’hui, le martelinho est devenu le jouet, la référence de la São João.

À quoi ça sert ?

On tape sur la tête des gens, comme avec la fleur de poireau, pour se porter bonheur. Le symbole phallique est d’ailleurs toujours très présent, nous sommes toujours dans une tradition de fertilité et de porte-bonheur.

Cascatas

Si à Noël on a les crèches, à la Saint-Jean, on a les « cascatas » à Porto.

Il s’agit de représentations de la ville en miniature, avec des personnages traditionnels de Porto, des paysages de la région. On peut les voir surtout dans les vitrines des boutiques. Chaque année, il y a un concours pour choisir la plus belle cascata de la Saint-Jean.

Cascata de São João
Cascata de São João

Lanterne de la Saint-Jean

La nuit tombée, des centaines de points lumineux parcourent le ciel de Porto à la Saint-Jean, telles des lucioles au-dessus d’un champ. Ce sont des « lanternes célestes », des ballons de papier qui flottent dans les airs, grâce à l’air chaud produit par une bougie en son intérieur.

Lorsque la bougie s’éteint, le ballon retombe, après un parcours au gré du vent.

C’est une tradition très ancienne, séculaire, et qui semble venir en ligne droite de Chine. Rien d’étonnant à cela, si on sait que le Portugal et la Chine se connaissent depuis plus de cinq siècles. Pensez à Macao !

J’adore voir les gens tenter de faire décoller ces lanternes, sortes de mini montgolfières, et voir la joie dans leurs visages lorsqu’ils y parviennent enfin !

Lanterne de la Saint-Jean
Lanterna de São João

Spectacles de rue

La Saint-Jean, c’est une fête très musicale. Vous avez bien sûr les grands concerts organisés par la mairie, avec des stars et en soirée, ouverts à tous. Mais vous avez aussi des spectacles qui se font payer « au chapeau ».

Des musiciens, des artistes du monde entier peuvent se retrouver pour la São João à Porto, et nous font découvrir leur musique, leur art. Ici des percussionnistes, là-bas des acrobates, ou encore des « tunas », les groupes de musique étudiants.

Percussionnistes
Des percussionnistes à la Saint-Jean, c’est adapté, entre les marteaux et autres fleurs de poireaux !

Fête foraine

Évidemment, les manèges ne pouvaient pas manquer, dès qu’il s’agit d’une fête au Portugal. On apprécie la grande roue, qui permet d’avoir une vue phénoménale sur Porto, mais aussi les baraques de churros, de bifanas et autres « bolachas americanas ».

C’est un peu le principe de la São João. On sort de chez soi, on rencontre des amis pour manger et s’amuser. Entre deux manèges pour les enfants (et pas que), on tape sur la tête des passants avec un petit marteau en plastique ou on admire les belles cascatas dans les vitrines des boutiques.

Il ne faut pas avoir peur de la foule, mais, rassurez-vous, personne ne se marche sur les pieds, personne ne s’énerve, personne n’est pressé ou stressé. On est au Portugal après tout.

Toujours plus de monde à la fête

C’est quand même un régal de se balader dans les rues avec ses marteaux et de taper sur la tête de parfaits inconnus. Les gens s’amusent, l’ambiance est toujours bon enfant.

D’année en année, il y a toujours plus de touristes. Eux aussi jouent le jeu et utilisent les martelinhos, écoutent de la musique, dansent ou mangent des sardines ou une bifana au coin d’une rue.

Personnes mangeant dans la rue
Un des nombreux endroits où l’on peut manger de la « street food », tranquillement assis sur un banc…

Feu d’artifice final

La São João, c’est pour Porto, le jour le plus important de l’année. Férié municipal, tout le monde sort dans les rues, n’ayant pas l’excuse du travail le lendemain pour ne pas venir.

C’est pendant la courte nuit de la Saint-Jean que l’on peut regarder un très grand feu d’artifice, lancé depuis le pont Luís et des bateaux dispersés sur le Douro. Voir ces lumières colorées se refléter sur les eaux du fleuve, entre les bateaux « rabelos », c’est un instant de pure magie !

L’âme de Porto n’est jamais aussi forte que pendant ce point culminant de la Saint-Jean, et chaque année, nous brûlons d’impatience d’y retourner. On vous y retrouve ?

👉 Découvrez nos services d’aide à l’installation au Portugal.
Vous voulez habiter au Portugal ? Nous pouvons vous aider !


A lire aussi

×