L’embellie économique semble enfin montrer ses premiers signes positifs dans le portefeuille des portugais. Ou du moins, pour ceux qui ont retrouvé un emploi durant les quatre premiers mois de cette année. Selon les données officielles, les personnes embauchées au salaire minimum ne représentent plus que 7%, de la totalité des embauches contre 24% sur la même période de l’année dernière ou 69% en 2017.
Sommaire
Au total, 756 000 travailleurs sont encore au « salaire minimum national », un nombre en baisse de 1,6% en avril par rapport au même mois de 2018. En 2019, 22,4% des employés portugais sont ainsi au salaire minimum, contre 23% en 2018. Il s’agit d’une inversion de tendance, depuis 2015 la proportion des travailleurs au salaire minimum ayant été à la hausse. La plus grosse part des personnes embauchées pour 600 euros mensuels est logiquement représentée par les moins de 25 ans.
Selon le gouvernement (qui se base sur les chiffres de la sécurité sociale), cette amélioration a été provoquée par l’augmentation de l’emploi des salaires plus élevés.
En 2019, le « smic portugais » est fixé à 600 euros, à comparer aux 505 euros en vigueur en 2015.
Les augmentations vérifiées du salaire minimum ont été un pied de nez aux institutions internationales. Face aux intentions du jeune gouvernement socialiste d’alors de desserrer l’étau salarial, l’Union Européenne ou le FMI avertissaient que les pires conséquences économiques pouvaient arriver au Portugal.
Force est de constater qu’ils se sont trompés, avec une réduction également des inégalités entre les salaires les plus bas et les plus hauts.
Pénurie de main d’oeuvre
Ces augmentations salariales s’expliqueraient par un scénario de difficultés à embaucher. Il faut dire qu’une bonne part des forces vives du pays ont quitté le pays au plus fort de la crise. Malgré les aides de l’Etat au retour de ses émigrés, il n’y aura pas d’effet massif. Souvent, les salaires à l’étranger sont bien plus élevés, même avec l’amélioration de l’économie du pays.
Les « aventuriers » étrangers qui viennent au Portugal travailler ont soit un statut d’expatrié, et travaillent pour une entreprise de leur pays d’origine, soit viennent créer leur propre entreprise, soit préfèrent un travail mal payé au Portugal qu’un chômage en France.
Les call-center sont un bon exemple de cette nouvelle économie. Ces sociétés embauchent en permanence, à des salaires un peu plus élevés en général que la moyenne du pays. Mais elles ont du mal à recruter, le travail étant difficile, exigeant bien souvent la connaissance d’une langue étrangère.
L’immigration, venue du Brésil, d’Afrique ou des pays de l’est n’est pas suffisante. Souvent non qualifiée ou avec des diplômes non reconnus, elle permet à peine de combler les manques urgents. Il s’agit d’emplois dans l’agriculture ou dans la restauration, en plein boom avec l’essor du tourisme de ces dernières années.
Lire : l’immigration au Portugal
Le secteur du bâtiment, avec les nombreuses constructions et rénovations à marche forcée, est en forte demande également.
Main d’œuvre qualifiée, mais sous-payée
Le Portugal, qui a basé autrefois toute son économie sur les bas salaires, est en période de transition. Ces dernières années, la population a amélioré ses qualifications professionnelles. Désormais, le taux de diplômés de l’enseignement supérieur est en ligne avec la moyenne de l’Union Européenne.
Mais cette amélioration qualificative ne s’est pas répercutée sur les salaires. Conséquence immédiate : les personnes instruites quittent le pays. Une personne qualifiée et instruite n’est pas limitée au marché de l’emploi portugais. Pourquoi rester au chômage au Portugal ou être payé au lance-pierres quand on peut obtenir un salaire décent à Londres ou Berlin ?
Résultat : le pays a formé des ingénieurs, des infirmières, et ce sont les autres pays qui en profitent, à un coût zéro.
En 2019, la tendance semble enfin aller dans la bonne direction. Il serait temps, au vu de l’augmentation du coût de la vie au Portugal.
Pour ceux qui font le pas de changer d’emploi, les augmentations de salaires sont importantes. Ceux qui l’ont fait en 2019 ont vu leur salaire augmenter en moyenne de 8,5%, contre seulement 2,9% pour ceux qui ont conservé leur poste.
La raison des bas salaires
Lorsqu’il s’agit de travailler avec des artisans portugais, l’étranger est souvent surpris négativement. Les critiques sont souvent les mêmes :
- Arrivent en retard
- Tiennent difficilement un engagement
- Respectent mal un cahier des charges
- Travaillent lentement
Le manque de productivité est ainsi une raison évidente d’un bas salaire. Mais il est aussi possible de retourner le problème : le bas salaire est la raison du manque de productivité.
Le même artisan ou employé, lorsqu’il est payé décemment à l’étranger, est sans doute l’un des travailleurs les plus productifs. La réputation des maçons portugais en France n’est plus à faire.
Nous sommes ici dans un cercle vicieux. Qui fera le premier pas ? L’employé qui donne tout pour peut-être recevoir un meilleur salaire, ou le patron qui augmente franchement ses « fainéants » d’employés ?
Avec la pénurie de main d’œuvre, la question se pose moins, l’employeur étant « obligé » de céder aux prétentions salariales s’il veut embaucher.
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