Ce n'est pas facile, quand on arrive quelque part, et qu'on ne connait personne, de s'intégrer. C'est pourtant le premier pas vers une installation réussie au Portugal. Règle numéro 1 : les Portugais n'ont pas besoin de vous, c'est à vous de faire l'effort de vous intégrer.
Il faut différencier deux types de personnes qui s’installent au Portugal. Ceux qui ont de la famille, qui viennent chaque été, et ceux qui viennent « de nulle part » pour ainsi dire. Au premier abord, on pourrait croire que ceux qui « connaissent déjà » vont avoir plus de facilités, mais ce n’est pas forcément vrai…
Sommaire
Impossible d’établir des règles pour se faire des amis. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’un ami ?
Pour certains, il s’agit de quelqu’un en qui on a entière confiance, avec qui on partage des moments ensemble. Pour d’autres, un simple bom dia et un café peuvent suffire pour être amis. On le comprend, le concept de l’amitié est variable.
Pour notre article, nous allons partir sur la base de personnes avec qui on peut discuter de tout et de rien, juste pour le plaisir d’avoir de la compagnie. Il ne s’agit pas vraiment ici de faire un guide pour « avoir des amis », ça ne se commande pas, mais de se créer les conditions pour favoriser les rencontres amicales.
Parler portugais
C’est une évidence. Sans connaissance de la langue portugaise, point de conversations amicales. Inutile d’être bilingue, parfois, il suffit de connaître quelques mots pour démarrer une tentative d’échange.
Le piège, c’est de se voir répondre, malgré nos efforts en portugais, en anglais ou en français. L’autre croit bien faire, pour faciliter la compréhension, et aime montrer qu’il sait parler une langue étrangère. Mais en le faisant, il ne vous aide pas. Vous, vous êtes ici pour vivre au Portugal, et donc pour apprendre la langue aussi.
Insistez pour parler en portugais, même un tout petit peu. C’est en pratiquant que l’on apprend. Bom dia, boa tarde, obrigado, ça peut suffire pour démarrer.
Le piège des expatriés
Il faut d’abord se mettre d’accord sur la définition : un expatrié, c’est quelqu’un qui travaille pour une entreprise de son pays d’origine à l’étranger. Il a un salaire souvent conséquent, du moins d’un point de vue portugais, et est venu prendre des responsabilités au sein de la section portugaise de l’entreprise.
Ils sont là pour quelques années, les contrats de travail expatriés étant juridiquement limités. Il n’y a donc pas de réelle volonté de construire quelque chose au Portugal dans la durée, ni même un besoin de se faire des amis locaux. Si les amis « locaux » arrivent, tant mieux, mais ce n’est pas essentiel. L’apprentissage de la langue portugaise lui-même n’est pas fondamental pour la plupart de ces expatriés.
Qui sont leurs amis? D’autres expatriés. C’est presque un circuit fermé, où le Portugais n’a pas sa place.
Sachant qu’ils ne sont là que pour quelques années, ils peuvent préférer mettre leurs enfants dans une école internationale. Une école permettant un retour plus simple en France, pour les expatriés français. Les écoles internationales, même si elles sont fréquentées par des Portugais, ne favorisent pas vraiment l’intégration au Portugal.
Nous sommes ici dans un piège, dans lequel ceux qui ne sont pas expatriés, qui sont venus au Portugal pour rester, peuvent tomber. C’est facile de ne fréquenter que des gens qui parlent notre langue. Mais il faut se souvenir que dans un, deux, trois ans, ces expatriés repartent, vous laissant, vous qui êtes ici pour rester, à nouveau seul.
Comment s’en sortir, si on est venu pour rester et que l’on veut vraiment s’intégrer ? En mettant ses enfants dans une école portugaise. Les enfants ne se posent pas trop de questions au moment de nouer des amitiés, et on va forcément fréquenter les autres parents d’élèves…
Pour ceux qui préfèrent conserver ce côté international pour leurs enfants, continuez de lire le guide !
Le piège des franco-portugais
On aurait tort de croire que c’est beaucoup plus facile de s’intégrer, si on venait au Portugal chaque mois d’août, et que l’on parle déjà un peu portugais. Parfois, c’est même plus compliqué !
Les autres Portugais, qui ne sont pas des amis du mois d’août ni de la famille, peuvent être plus exigeants avec vous qu’avec un étranger « lambda ». Parce vous êtes vous aussi Portugais.
On vous dira qu’au Portugal, on parle en portugais, si jamais vous avez le malheur de parler en français à votre frère, lui aussi francophone. Personne ne le dira à un Martin Dupont, mais toujours volontiers à un Michaël dos Santos…
Il faut dire aussi que certains franco-portugais donnent parfois une image gênante de la communauté portugaise de France lorsqu’ils viennent en vacances au mois d’août.
Il faut dire aussi que certains pensent qu’ils sont en terrain conquis au Portugal. Ils n’ont pas la nécessaire humilité de comprendre que même s’ils sont Portugais, il y a plein de choses qui leur échappe face aux Portugais du Portugal. Ce genre d’arrogance est l’un des pires défauts que l’on peut avoir aux yeux d’un Portugais.
Le Portugal est un pays différent, avec des codes différents, loin des clichés des vacances ou de la communauté émigrée en France. C’est peut-être l’avantage de quelqu’un qui découvre tout pour la première fois, il n’a pas d’idée préconçue sur le Portugal et est donc par conséquent plus ouvert !
Le Portugais, inaccessible
J’entends souvent cette critique de la part d’étrangers venus s’installer au Portugal. Ils ont du mal à se faire des amis Portugais. Pour eux, les Portugais sont certes serviables et souriants, mais ils ne se nouent pas forcément d’amitié avec le nouvel arrivant.
Et c’est normal, en y réfléchissant bien.
Combien d’amis avez-vous fait dans votre pays d’origine à l’âge adulte, amis fraîchement débarqués d’une autre ville, que vous ne connaissiez de nulle part ?
Si vous aviez déjà votre cercle d’amis pour sortir le soir ou en weekend par exemple, vous n’avez pas « besoin » de faire de nouveaux amis, et par conséquent, vous n’irez pas forcément vers ce nouvel arrivant.
Au Portugal, c’est la même chose. C’est à celui qui arrive d’aller vers les Portugais. Eux ne devinent pas que vous cherchez des amis ! C’est d’ailleurs une réserve toute naturelle portugaise qui existe. Un Portugais, souvent, ne veut pas « déranger ». En vous abordant le premier, comment peut-il savoir qu’il ne vous importune pas?
Il faut donc, pour contrer cette relative inaccessibilité portugaise, montrer que vous, vous êtes totalement accessible !
Encore faut-il pour cela être en situation de pouvoir rencontrer des gens. Voyons les principales opportunités qui se peuvent se présenter au nouvel arrivant.
Au travail
Si vous avez la chance d’être employé au Portugal, les opportunités de rencontres ne manquent pas. En côtoyant des Portugais, à vous de vous montrer disponible. Toujours en faisant l’effort de parler, même a minima, le portugais.
Notez que l’on peut nouer de belles amitiés avec un Portugais en lui parlant en anglais, mais ça ne sera jamais tout à fait la même chose. Lorsqu’il vous présentera à d’autres amis Portugais, vous allez commencer à avoir du mal à vous intégrer. Ils ne vont pas parler anglais entre eux pour vous faire plaisir en permanence !
L’effort de parler portugais est essentiel, j’insiste sur ce point.
Si vous êtes dans une position hiérarchique supérieure par rapport aux Portugais qui travaillent avec vous, c’est assez délicat. Pour parler de mon cas personnel, je n’ai jamais pu nouer d’amitiés avec mes supérieurs hiérarchiques, que ce soit en France ou au Portugal. Je n’arrive pas à me dire que mon « ami » puisse me virer de mon boulot…
Et les Portugais, c’est la même chose. Il y aura toujours une certaine gêne envers le supérieur hiérarchique. Nous sommes ici plus dans la cordialité que dans l’amitié. A qui le Portugais va se plaindre que ça ne va pas au boulot?
Rappelez-vous, le Portugal est un pays de « doutores », où les gens accordent beaucoup d’importance aux titres ronflants. Nous ne sommes pas vraiment ami avec le « doutor », on lui doit le respect. Même si de nos jours, c’est de moins en moins vrai, il en reste tout de même un fond culturel diffus, qui peut parasiter les relations.
Se faire des amis, c’est plus facile lorsque l’on partage les mêmes galères. Travailler comme simple employé dans un call center, premier pourvoyeur d’emploi pour les expatriés au Portugal, c’est une belle porte d’entrée pour l’intégration. Vous n’allez pas avoir un salaire mirobolant, certes, mais vous pouvez gagner des amis pour la vie…
Pendant les études
Il est beaucoup plus simple pour un étudiant étranger de se faire des amis portugais que pour un travailleur. L’ensemble des élèves, du moins ceux de notre année, sont sur un même niveau hiérarchique. On fréquente les mêmes fêtes étudiantes, les mêmes bancs de la fac, les mêmes profs.
Les jeunes portugais sont par ailleurs ouverts et curieux, ils peuvent aller vers cet étudiant étranger, pour nouer une amitié, ou, pourquoi pas, une relation amoureuse. C’est la jeunesse après tout.
Cependant, les jeunes étudiants étrangers peuvent souffrir du même piège que les expatriés, en se refermant sur eux-mêmes, et en ne fréquentant que d’autres étrangers. Lorsqu’il y a beaucoup d’étudiants étrangers dans une même université, c’est une réelle possibilité. Combien d’étudiants français ne restent qu’entre français finalement, alors qu’ils habitent au Portugal ?
A dire vrai, certains de ces étudiants ne viennent que pour le temps des études, comme ces expatriés qui ne viennent que pour le temps de leur contrat de travail. Diplômés, ils repartiront aussi sec dans leur pays d’origine. Ils n’ont jamais vraiment cherché à s’intégrer au pays, et ce n’est pas grave.
L’école des enfants
C’est, après le travail, peut-être la première porte d’entrée pour nouer des amitiés au Portugal. Le centre d’intérêt commun est tout trouvé : les enfants. Les Portugais veulent aussi le meilleur pour leurs enfants, et apprendre à connaître les parents des amis de leurs rejetons en fait partie.
Il suffit d’inviter les petits camarades à un anniversaire, de prendre le goûter à la maison pour qu’ils jouent ensemble, et les opportunités pour échanger avec un Portugais surgissent, naturellement, sans forcer.
Lire également : Invité à dîner chez un Portugais, que faut-il savoir ?
Ces opportunités changent avec l’âge des enfants. C’est toujours plus simple de rencontrer les parents de jeunes enfants que ceux d’enfants en pleine crise d’adolescence…
Les enfants ne se posent pas de questions pour nouer de nouvelles amitiés à l’école. Néanmoins, ils sont comme les adultes, ils vont avoir tendance à se rapprocher de ceux qu’ils comprennent. Si par hasard ils sont dans une école française ou internationale, et qu’ils ne parlent pas portugais, ils vont se rapprocher naturellement des autres enfants qui, comme eux, ne parlent que français.
Ce n’est que plus tard, au bout de quelques mois, qu’ils sauront parler le portugais. Mais ils seront déjà « catalogués » français, et ne fréquenteront pratiquement plus que des francophones. Ils refont, même dès le plus jeune âge, le « piège des expatriés ».
Que l’on se rassure néanmoins : en grandissant, et en connaissant la langue portugaise, les enfants étrangers se mélangent de plus en plus avec les « locaux ». Certains décident même d’étudier à l’université portugaise plutôt que française. C’est à mes yeux une richesse pour les enfants de pouvoir conserver leur double culture.
Note : les enfants franco-portugais ont bien sûr plus de facilités, même s’ils ne parlent pas portugais. Ils peuvent aller chez mamie qui habite à la campagne au Portugal, ils peuvent jouer avec des cousins portugais. C’est bien sûr plus facile de s’intégrer dans ces conditions !
Membre d’une association
Si on a une passion, ou on aime pratiquer un sport, une activité en particulier, c’est plus facile de communiquer avec d’autres passionnés, d’autres pratiquants.
S’inscrire au club local, pour faire de nouvelles rencontres est une évidence. Si on est croyant, aller à la messe, à la mosquée ou autre institution locale de notre religion est également une très bonne idée.
Il faut aussi savoir faire des concessions. Même si ce n’est pas forcément notre passion, s’intéresser au club local peut s’avérer salutaire. C’est peut-être le moment de se mettre à la couture, au golf ou au foot !
C’est la solution préférée des conjoints d’expatriés, qui se retrouvent souvent seuls à la maison. C’est le conjoint qui travaille, pas eux, et l’expatriation est parfois très mal vécue à cause de ce sentiment d’isolement.
Note : il existe des associations qui s’occupent des expatriés. Pour les francophones, c’est la FIAFE, un grand réseau international pour accueillir les expatriés dans leur nouveau pays de résidence. Il s’agit d’expatriés au sens large, y compris ceux venus s’installer définitivement.
Outre la FIAFE, d’autres associations existent pour aider à s’intégrer au Portugal. Toutes sont éminemment francophones, et ne sont pas la meilleure solution pour rencontrer des Portugais. En revanche, c’est une fabuleuse porte d’entrée, un premier contact avec le Portugal. C’est ici que l’on pourra trouver de l’aide pour avoir des cours de Portugais, par exemple !
Il faut ensuite savoir aller vers d’autres associations locales, afin de ne pas tomber dans le piège du « circuit fermé » entre expatriés.
Nous pouvons mettre presque sur le même plan les associations et les groupes d’entraide des réseaux sociaux. Sur Facebook par exemple, plusieurs groupes existent afin d’aider la communauté francophone et expatriée à s’intégrer au pays, trouver de l’aide, faire des rencontres.
Mais il ne faut pas oublier : les groupes d’entraide, les associations d’accueil ne sont que des premiers contacts, et ne permettent pas de se faire des amis portugais, sauf coup de chance.
Pour s’intégrer au Portugal, il faut logiquement faire partie d’une association portugaise !
Choisir un club de foot portugais
C’est un petit bonus : si on s’intéresse au foot, nos chances d’une intégration réussie sont multipliées par 10. Si en plus on s’intéresse aux clubs et au championnat Portugal, les chances sont multipliées par 100.
Prenez votre club de foot portugais préféré, mettez un foulard du Benfica ou du Fc Porto un soir de match que vous allez regarder dans le bar local, le succès sera garanti. Surtout si les autres savent clairement que vous n’êtes pas Portugais.
Client régulier du café
Finalement, la meilleure façon d’avoir des amis, c’est d’être disponible et attentif. Avoir des habitudes, avoir une routine, c’est important. Votre café du matin, il faut le prendre systématiquement dans la « pastelaria » en bas de chez vous. C’est ici que ça se joue. Vous vous souvenez de la peur de déranger dont je parle au début de l’article? Elle s’estompe après une superbock ou deux…
Soutenir le Portugal en français
Aidez-nous à faire connaître le Portugal, en français !
Nous ne voulons pas faire payer pour accéder aux contenus. Le Portugal en français n’aurait alors plus de raison d’exister !
Le Portugal en français est un site gratuit, et il le restera, grâce à vous !