bola de berlim
bola de berlim

Bola de Berlim, gourmandise allemande version portugaise

Par

Ces authentiques bombes de gras et de sucre sont chez elles au Portugal. Toutes les pastelarias se doivent de les proposer ! Mais ce petit gâteau si portugais a en fait des parents allemands...


Etant enfant, lorsque j’étais encore un simple collégien, je prenais mon goûter à la cafétaria. Et souvent, si j’avais très faim, je prenais une « bola de Berlim ». C’était gras et sucré, tout ce qu’il me fallait du haut de mes 12 ans pour tenir jusqu’à la fin des cours !

Ce beignet, frit dans l’huile et saupoudré de sucre, est délicieux avec sa crème aux oeufs. Très populaire dans le pays, je n’arrivais pourtant pas à en manger plus de deux. Oui, j’étais, et je le suis toujours, très gourmand, et je mange facilement si je ne me retiens pas, plusieurs gâteaux d’affilée.

Mais ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que la bola de Berlim était finalement assez récente au Portugal, et d’origine allemande de surcroît. Comment est-ce possible?

Pastel de nata et bola de berlim
Les Dieux des Pastelarias. Le pastel de nata, évidemment, et cette monstrueuse bola de Berlim, pleine de crème et de sucre.

Réfugiés allemands de la seconde guerre mondiale

Pendant la guerre qui dévasta le monde entre 1939 et 1945, le Portugal resta neutre. C’était un havre de paix dans un océan de barbarie. Un endroit parfait où venir se réfugier lorsque votre pays n’assure plus votre protection, ou pire, cherche à vous nuire.

Ainsi, de nombreux Juifs allemands sont venus se réfugier au Portugal. Le pays n’était malheureusement pas une destination finale pour eux, étant peut-être trop pauvre pour les retenir.

Ou peut-être avaient-ils peur que la neutralité ne s’arrête, ou encore avaient-ils peur d’un éventuel antisémitisme du régime de Salazar? Celui-ci avait du mal à accepter que des Juifs s’établissent au Portugal, il ne voulait pas s’attirer les colères de Hitler… ni celle de ses alliés occidentaux. Autant le dire, la diplomatie portugaise avait du mal.

Les Juifs allaient le plus souvent de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis, pays de toutes les promesses, accueillant à bras ouverts ces réfugiés qui ont tant fait par la suite pour la grandeur de l’Amérique! Pensez à Albert Einstein pour vous en convaincre…

En attendant leur autorisation de se rendre en Amérique, beaucoup ont dû travailler pour subvenir à leurs besoins. Pourquoi pas dans les toujours populaires « pastelarias », où l’on peut boire un café avec un petit gâteau.

Ce sont eux qui nous ont donc apporté la recette du « Berliner », ou Boule de Berlin en français. Désormais, nous allons l’appeler Bola de Berlim au Portugal !

Légende du berliner

Les beignets existent depuis l’Antiquité. Le fameux gastronome romain Apicius nous en donne déjà une recette !

Le Berliner qui nous intéresse, lui, est plus récent. La légende raconte que c’est en 1756 qu’un pâtissier berlinois l’invente. Voulant servir en tant qu’artilleur dans l’armée de Frédéric II de Prusse, il ne pu réaliser son rêve : il était inapte.

Il demande tout de même à être incorporé, non pas en tant qu’artilleur puisque c’était impossible, mais en tant que simple boulanger. C’est pendant les campagnes militaires que notre pâtissier aura l’idée d’un gâteau en forme de boulet de canon, frit dans des casseroles, puisqu’il n’avait pas de four sous la main.

Berliner
Berliner

Une recette allemande, mais à la sauce portugaise

Le beignet allemand d’aujourd’hui est assez différent de ce que vous pouvez trouver au Portugal. L’allemand est plus petit, souvent fourré avec de la « marmelade », du chocolat, des confitures…

Nous au Portugal, on a de la crème aux oeufs, la « creme de pasteleiro« . Beaucoup. Donc très vite, les pâtissiers portugaise se sont dits qu’il valait peut-être mieux faire des berliners fourrés à la crème aux oeufs. On goûte, et… c’est le bonheur. Le beignet se marie divinement avec la crème aux oeufs.

Et voila, la « bola de Berlim » est née !

C’est aussi, chose curieuse, devenu un incontournable des plages. Son format, rond, facile à manger et sans miettes, est totalement compatible avec le soleil, le sable et l’eau salée de l’océan.

Qui n’a pas entendu sur une plage portugaise le fameux cri « oooooolha à boliiiinha » ? Un régal, qui change des glaces.

vendeur de bolas de Berlim
Voici l’image même de la tentation, un vendeur de bolas de Berlim sur une plage !

Le Portugal n’est pas le seul pays a avoir adapté cette recette allemande à son goût. On trouve ainsi des sonhos au Brésil, des krafni en Croatie, des paczki en Pologne ou encore des pampushki en Ukraine.

Aujourd’hui, les bolas de Berlim connaissent également bien d’autres variantes au Portugal. Mais moi, je préfère toujours celle avec de la crème aux oeufs !

bola de berlim
Bon appétit !

A lire aussi

×