Les entrepreneurs au Portugal le savent : il est dur d'obtenir un financement de la part d'une banque portugaise. La frilosité des banques est peut-être l'un des facteurs majeurs qui contribue à la stagnation économique du pays. Alors, comment se faire aider par une banque au moment de créer et développer son entreprise au Portugal ?
Étapes essentielles
- Avoir de solides garanties. Si vous hypothéquez votre maison, la banque pourra faire un effort.
- Avoir un projet solide, que la banque comprenne, ou du moins, le conseiller financier. Si vous demandez de l’argent pour investir dans la biotech alors que leurs clients sont plutôt des entrepreneurs du BTP, ça va être compliqué.
- Plus sérieusement, devenir candidat à un financement chez Portugal Ventures, principal outil de l’État pour aider les entreprises à se développer.
- On peut également regarder du côté de Start Up Portugal, une entité chargée d’aider les start ups. Ils cherchent surtout à attirer des capitaux étrangers, afin qu’ils investissent dans les jeunes entreprises portugaises.
- Si vous avez de la chance, peut-être que vous pouvez obtenir un investissement de Raize pour votre entreprise. Raize est une fintech portugaise qui met en relation les investisseurs avec les entrepreneurs.
Dur de créer une entreprise innovante
Oui, il existe au Portugal des initiatives pour créer et développer des entreprises innovantes, à forte valeur ajoutée. Le problème, c’est la taille des enveloppes budgétaires, bien trop petites pour les réels besoins du pays. Portugal Ventures ne gère même pas 300 millions d’euros au total. Raize de son côté, n’a que 100 millions d’euros à investir. Une broutille, surtout quand on sait qu’une bonne partie de ces investissements sont loin d’être frileux : tourisme, BTP.
Sommaire
On repassera sur les emplois à forte valeur ajoutée…
C’est d’autant plus frustrant pour un pays qui accueille la grande Mecque mondiale des entrepreneurs du Web, le Web Summit ! Les Portugais, pour financer leurs bonnes idées, se retrouvent souvent à « draguer » des investisseurs étrangers lors de ces grands évènements, ou bien tout simplement à le faire ailleurs qu’au Portugal. Vous savez, le fameux état d’esprit du « emigrante », le Portugais qui s’en va de son pays à la recherche de meilleurs cieux, n’attendant rien du Portugal…
Banques frileuses
Il y a quelques temps, je demandais à mon banquier, par curiosité, quelles étaient mes possibilités de crédit en tant qu’entrepreneur. Il m’a simplement répondu : aucune, sauf si vous passez salarié de votre propre entreprise. Comment suis-je supposé investir au Portugal dans ces conditions ?
Si le Portugal est un pays trop souvent en retard sur les autres pays européens, une des premières raisons qui nous vient à l’esprit est la frilosité des patrons portugais. Mais ce n’est pas forcément la seule, et si les patrons sont comme ils sont, ils sont bien aidés en cela par les banques portugaises.
Les banques portugaises ont du mal à prêter aux entrepreneurs.
Alors oui, la vieille entreprise, qui a un beau portefeuille client, avec un carnet de commandes rempli et qui a besoin d’une nouvelle machine pour pouvoir livrer tout le monde, elle, elle n’aura pas de problème pour obtenir son crédit.
Nous parlons dans cet article des autres entreprises, celles qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Par définition, une entreprise innovante, celle qui peut vraiment apporter de la valeur ajoutée au Portugal, n’a pas encore fait ses preuves.
La banque portugaise, un reflet de l’ancien temps
Nous ne pouvons bien sûr pas mettre toutes les banques présentes au Portugal dans le même sac. Mais prenons un exemple, celui de la Caixa Geral de Depósitos, plus grande banque portugaise, détenue par l’État. Il se trouve que j’en suis client depuis mon enfance.
J’ai, dans cette banque, mon compte bancaire particulier, mais également le compte bancaire de mon entreprise individuelle. Je travaille à mon compte, et je suis salarié de ma propre boîte. J’ai un tout petit salaire, mais des dividendes un peu plus conséquents, une fois par an.
Le conseiller bancaire sait exactement cela, et a une vision parfaite de mes comptes depuis plusieurs années. Je lui demande, en toute simplicité, mes possibilités de crédit immobilier.
Pour lui, il faut que je touche moins de dividendes, et que je grossisse mon salaire. C’est sur la base de mon salaire que le prêt sera effectué, pas sur celle des dividendes.
Cet état d’esprit, visible dans la plus grande banque portugaise, est hors du temps, et se retrouve dans beaucoup d’autres banques portugaises. Les banques ont peur de prêter à des entrepreneurs, jusqu’à édicter des règles ridicules. Bien sûr que si mon entreprise coule, mon salaire coulera avec !
Prêter oui, mais de la façon la plus sûre qui soit
Certains camarades m’ont dit qu’ils n’avaient pas eu de difficultés à obtenir un crédit, même en temps qu’entrepreneurs. Facile de comprendre pourquoi : ils investissent dans l’immobilier. Un bon projet, pour faire du « alojamento local » dans le centre ville de Porto ou Lisbonne, la banque sait qu’elle ne se mouille pas.
Mais maintenant, imaginez que vous avez un projet de création d’entreprise dans la technologie, dans des secteurs encore trop exotiques ? A moins d’avoir des garants en béton armé, le parcours pour se financer sera semé d’embûches, pour ne pas dire tout simplement impossible.
Les banques ne jouent pas vraiment le jeu pour motiver la culture de l’entreprenariat, et l’État n’y contribue guère.
La banque au Portugal, chasse gardée
Nous pourrions croire, finalement que tout n’est qu’une question du peu de goût pour le risque de la part des banques portugaises. Habituées à être tranquilles depuis les temps de Salazar, elles ont été bousculées par la crise des subprimes et de la Troïka, les refroidissant encore plus au moment de prêter de l’argent « à risque ». Un contraste saisissant, si l’on compare avec la légèreté des accords de crédit à la consommation au Portugal.
Peu de concurrence, peu de risques, peu d’implication dans l’économie réelle. Voici le constat que l’on pourrait faire de la plupart des grandes banques portugaises. De plus, les scandales financiers impliquant des banques sont devenus monnaie courante. Tout le monde a en tête la faillite de Banco Espirito Santo (BES) en 2014, provoquée en grande partie par la gestion criminelle de ses dirigeants.
On comprend que mal gérées, les banques n’aient pas la vision ou la capacité de jouer leur rôle de moteur de l’économie. Nous en revenons aux « mauvais patrons » portugais : les banquiers sont les pires.
Les banques brésiliennes au Portugal
C’est sans doute le symptôme le plus évident de l’étroitesse d’esprit de la banque au Portugal. En 2023, 400.000 brésiliens vivent au Portugal, un nombre en croissance constante. Un tel nombre intéresse fortement les banques brésiliennes, qui veulent investir dans le pays de Camões, et ainsi servir leurs compatriotes.
C’est un journal brésilien, le Correio Braziliense, qui nous l’indique dans un article : les banques brésiliennes n’arrivent pas à obtenir l’autorisation d’opérer au Portugal de la part des autorités de régulation bancaire.
Elles accusent les autorités d’avoir un mélange de protectionnisme des banques portugaises actuelles et de xénophobie au moment de délivrer l’autorisation. Quelque chose d’incompréhensible pour les Brésiliens, au vu de la simplicité qu’ils ont eu à s’installer au Luxembourg, par exemple.
Quelque chose que la Banque du Portugal conteste. « C’est pas nous, c’est la Banque Centrale Européenne », et c’est valable pour toutes les banques étrangères. Le Portugal, et l’Europe, justement échaudés par la crise financière et les faillites bancaires, ne prennent plus aucun risque et verrouillent tout.
En attendant, ceux qui veulent entreprendre au Portugal, en dehors du tourisme ou du BTP, doivent ronger leur frein.
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