Astérix en Lusitanie, extrait
Astérix en Lusitanie, extrait

Astérix en Lusitanie : un voyage au Portugal… un peu trop sage ?

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Le Portugal entre enfin dans la carte d’Astérix. Mais entre fado, pastéis de nata et “ó pá” à toutes les sauces, l’humour gaulois a-t-il trouvé sa place au pays de la saudade ? Voici mes impressions, entre tendresse et légère déception.

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Astérix enfin au Portugal

Le 23 octobre, Astérix en Lusitanie est arrivé dans les librairies.
Comme beaucoup de lecteurs, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais il trône déjà fièrement dans ma collection. Succès garanti, évidemment. Et pourtant, une petite inquiétude demeurait : comment faire rire à la manière de Goscinny à notre époque ? Le rire est devenu un terrain glissant, surtout quand il s’agit de caricaturer des peuples entiers – et les Portugais n’y échappent pas.

À l’heure où même les humoristes le disent, “le rire est en danger”, aborder les clichés portugais depuis la France relevait d’un exercice périlleux. On croise les doigts, me disais-je. La barre est haute depuis Astérix en Hispanie et son inoubliable Soupalognon y Crouton (olé !).

Des clichés… sous contrôle

Dès les premières planches, le ton est donné. C’est plat, un peu fade, sans la folie d’un Goscinny.
Mais au fond, que reste-t-il comme blagues “autorisées” sur les Portugais ?
Ne pas confondre immigrés et Portugais du pays, bien sûr. On peut évoquer le fado, le climat, les marins, le pastel de nata, la saudade, la gastronomie, ou encore l’excès de touristes. Et pourquoi pas la fierté d’être indépendants de l’Espagne.

Les blagues sur les poils ? Interdites. Sur la corruption ? Allez, ça passe. Sur l’accent ? Possible, mais avec modération. Bref, il fallait jongler entre stéréotypes inoffensifs et clin d’œil culturel universel. Un pari compliqué pour une BD lue dans le monde entier.

Petite note : Baba le pirate africain a perdu son accent. Il prononce désormais les R. Je vous laisse prendre vos conclusions, mais je vois un mot qui surgit, en lettres capitales : WOKE.

“Ó pá”, le Portugal vu par les traducteurs

En lisant la version portugaise en parallèle de la française, un détail m’a sauté aux yeux : le fameux “Ó pá”… partout.

Oui, les Portugais disent souvent “ó pá” (ou juste “pá”), mais sûrement pas à chaque phrase !

Dans Astérix na Lusitânia, les traducteurs semblent en avoir fait un tic de langage collectif. Résultat : les dialogues sonnent parfois faux, voire absurdes, comme cette scène où Amália – oui, comme Amália Rodrigues – parle de son angoisse de voir son père emprisonné, potentiellement condamné à mort, tout en disant “ó pá”, de façon totalement incongrue.

ó pá, avec Amália

Ce genre de maladresse m’a empêché d’entrer vraiment dans l’histoire : les personnages parlaient un portugais qui n’existe pas.

Un Portugal trop sage pour être drôle ?

Alors, verdict ?

Oui, j’ai pris du plaisir à le lire. Oui, c’est touchant de nous voir enfin représentés, comme un peuple “heureux d’être tristes, ou tristes d’être heureux”.

Mais il manque un petit quelque chose… un petit Goscinny, justement. L’histoire est décousue, plus prétexte à aligner les clichés qu’à raconter une aventure solide. Pas de Cristiano Ronaldo (ou si peu, quelques enfants jouant au ballon en genre de détail), pas de clin d’œil au Portugal moderne, et des dessins “minimum syndical” : tout est correct, mais rien d’extraordinaire.

Fabcaro et Conrad font le job, sans doute trop conscients du poids de l’héritage. Goscinny et Uderzo, eux, osaient. Ils étaient légitimes pour tenter, surprendre, inventer. Ici, tout semble calibré, convenu.

En guise de conclusion…

Astérix en Lusitanie ne ridiculise pas les Portugais – c’est déjà ça.

Mais à force de vouloir plaire à tout le monde, l’album finit par manquer d’âme. On sourit parfois, on se reconnaît un peu, mais on ne rit jamais vraiment. Le Portugal méritait sans doute mieux : un voyage avec un vrai souffle d’aventure, un peu plus de folie, un peu plus osé.

Où acheter Astérix en Lusitanie ?

N’importe quelle revendeur de bandes dessinées en France, pourquoi pas chez Leclerc, que nous avons également au Portugal (c’est là où je vais quand je veux acheter des rillettes du Man…)

📍 Version portugaise en France (Astérix na Lusitânia)

  • Simplement en ligne sur fnac.com ou Amazon.fr
  • Librairie Portugaise & Brésilienne à Paris.

📍 Version française au Portugal (Astérix en Lusitanie)

  • Disponible chez FNAC Portugal, Bertrand, Wook, ou El Corte Inglés. Mention spéciale pour « Ma Petite Libraire » de Porto, où nous avons acheté les deux versions (française et portugaise).
  • Et pareil, en ligne, avec l’inévitable Amazon.

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