C'est malheureusement presque une constante dans toutes les cultures. Maris violents, enfants battus et crimes passionnels sont le quotidien des faits divers. Au Portugal, ça existe évidemment aussi.
Il existe deux types de violences. La violence physique, la plus visible, mais aussi la violence psychologique. Nous avons regardé l’état des lieux au Portugal, le pays des « brandos costumes », des moeurs douces.
Sommaire
Est-ce que cette réputation est justifiée lorsqu’il s’agit de ce qui se passe dans l’intimité d’une famille ?
Violences physiques
Féminicides
Il n’existe pas de statistiques concernant les féminicides au Portugal (comme pour la Grèce, la Suède ou la Belgique par exemple). Il faut dire que le terme « féminicide », qui est un néologisme, n’est pas accepté partout.
Les données que nous avons sur le Portugal nous viennes de la Commission pour la citoyenneté et l’égalité de genre, selon celles fournies par la Police Judiciaire.
Pour 2023, nous avons ainsi, dans un contexte de violence domestique, 22 homicides volontaires, de personnes tuées par un proche. 17 étaient des femmes, 2 des enfants, et 3 des hommes.
Selon « L’Observatoire des Femmes Assassinées », sur une période allant du 1er janvier 2023 au 15 novembre 2023, 25 femmes ont été assassinées au total.
De ces femmes assassinées, 15 l’ont été dans un contexte de relations d’intimité, présentes ou passées (pensez à l’ex mari), 4 dans un contexte familial (un frère, un père…), 2 dans un contexte de crime sans rapports particuliers d’intimité (une inconnue dans la rue), 1 lors d’une dispute ponctuelle et finalement 3 sans définition du contexte.
Cette violence des hommes envers les femmes ne se limitent donc pas qu’au compagnon ou ex-compagnon.
Après un pic de féminicides en 2014 avec 45 meurtres, les statistiques sont au global en baisse.
Le pire dans tout ça ? Sur les 15 féminicides, 12 avaient déjà eu des violences antérieures, dont 11 connues par d’autres personnes (amis, famille, collègues ou même les autorités).
Pour 6 d’entre elles, une plainte avait même été déposée auprès des autorités.
Hommes et enfants
Même si les femmes sont malheureusement, et de loin, les premières victimes, il ne faut pas oublier que les hommes aussi peuvent mourir assassinés par leur compagne. Nous pouvons imaginer facilement que la femme tentait de se libérer de l’emprise de son bourreau de mari… ou pas.
Mais les enfants ?
Les enfants sont peut-être les grands oubliés de la violence familiale. Les enfants sont très peu à porter plainte, et sortent donc des statistiques. De plus, certains enfants croient même qu’ils méritent leur sort.
Sans compter bien sûr les enfants qui perdent leur mère, tuée par leur père, qui se retrouve en prison… Ce n’est trop souvent que par dénonciation du voisinage ou de l’école que la police et les services à l’enfance peuvent agir.
Pour rappel, les violences faites aux enfants ne se résument pas qu’à la violence physique ou sexuelle. Le manque d’attention, la négligence, l’éducation ou la santé sont aussi des paramètres pris en compte dans la violence.
100 000 crimes de violence domestique en 5 ans
Selon l’APAV, une association d’aide à la victime, en 2019, 83% des 43 000 personnes qu’ils avaient aidé depuis 2014 sont des femmes. Les hommes ont moins tendance à chercher de l’aide, par honte, et sortent ainsi des statistiques. Le nombre d’hommes tués par rapport au nombre de femmes tuées nous suggère pourtant que la proportion de victimes masculines doit être bien supérieure à celle constatée par l’APAV.
Selon le gouvernement, il y a en 2019 une augmentation de 10% des plaintes pour violence domestique par rapport à 2018. Rien ne semble expliquer cette augmentation constatée.
Les portugaises se taisent
Si on compare les données portugaises aux données européennes, il semblerait qu’il y aie moins de violences faites au femmes au Portugal qu’au Danemark. Mais ces rapports, basés sur des enquêtes au sein de l’Europe des 28, peuvent être biaisés.
Simplement parce qu’une danoise aura peut-être plus tendance à se plaindre auprès des autorités qu’une portugaise ?
Il faut dire que la justice portugaise est souvent pointée du doigt. Elle ne prendrait pas au sérieux les plaintes pour violences conjugales. On se souvient du juge, M. Neto de Moura, très laxiste envers les hommes violents au moment de rendre ses jugements.
Quoiqu’il en soit, les chiffres semblent meilleurs en France comparativement au Portugal. 103 femmes sont mortes en France en 2023, victimes de féminicide, ce qui, rapporté à la population, est inférieur au Portugal.
Violences psychologiques
Moins visibles que les violences physiques, les violences psychologiques peuvent pourtant avoir des conséquences encore plus graves. En caricaturant, mieux vaut perdre une dent que la raison.
Ce type de violence est encore plus difficile à détecter. Pratiquement personne ne porte plainte contre ce type de violence, aux conséquences pourtant redoutables. Combien de suicides, provoqués par la terreur psychologique ?
Sur les statistiques européennes, comme pour la violence domestique, il semblerait que les pays nordiques soient hyper violents lorsque le Portugal et le sud en général semble un havre de paix.
Mais si une personne n’ose pas porter plainte alors qu’il a été victime d’une agression physique, le phénomène est amplifié pour l’agression psychologique.
Des mesures à prendre
Il y a beaucoup à faire au Portugal pour améliorer l’accueil des femmes victimes d’un homme. Un changement de mentalité dans la justice, mais plus encore, un accueil adapté.
Les commissariats et gendarmeries s’équipent, peu à peu, de salles d’accueil de victimes. Il s’agit d’espaces spécialement dédiés.
Dans le même but, les gendarmes et policiers ont des actions de formation, les sensibilisant à cette problématique. Peut-être que si les autorités prennent enfin en mains la violence domestique, les victimes oseront se confier et dénoncer. A partir de ce moment, nous prédisons une augmentation statistique des violences domestiques. Tout simplement parce que les portugaises ne se tairont plus.
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