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Adultes sans qualifications : tentatives d’amélioration

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Le Portugal, pays en retard au niveau de la formation de sa population active, a essayé de combler le fossé. Sans trop de succès.


Avant la crise des subprimes, le Portugal investissait massivement dans l’éducation et la formation. L’un des piliers de cet investissement était le programme « Novas oportunidades », nouvelles opportunités, qui permit a des milliers de personnes de retrouver les bancs du lycée pour récupérer une formation qu’ils n’avaient pas eu.

Logo Novas oportunidades

 

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Une très grande partie de la population active portugaise n’a pas de qualifications, n’ayant pas fini le lycée, ou même le collège : en 2001, selon l’OCDE, 9% de la population était encore analphabète ! Il y a eu une nette amélioration depuis, ce chiffre tombant à 3% en 2015. Mais on se demande si c’est grâce aux efforts des gouvernements successifs, ou bien juste parce que les personnes âgées finissent par décéder…

Formation pour adultes

Le programme se dirigeait aux adultes qui n’avaient pas complété la 9ème année d’études ou le lycée, avec pour but d’augmenter leurs qualifications. Au travers des reconnaissances des compétences acquises au cours d’une carrière professionnelle, les adultes pouvaient rentrer directement au lycée, même s’ils n’avaient pas complété le collège : c’est la reconnaissance que le travail est tout aussi formateur que la théorie de l’école (même plus, si vous voulez mon avis…).

Pour mesurer l’ampleur de l’impact de cette mesure, je peux vous dire qu’au village de mes parents, plusieurs adultes ont fréquenté ces cours, dont mon propre père. Un large choix de formations professionnelles de niveau secondaire (lycée) étaient à leur disposition. La flexibilité du programme prenait en compte les réalités de ce nouveau type d’élèves, qui n’avaient pas tout leur temps disponible. C’est pourquoi les horaires de cours étaient à négocier avec les profs, ainsi que le type de formation.

En début de l’année, une grande réunion au lycée technique de Pombal (ETAP, ecole technique et artistique de Pombal) eu lieu, avec tous les intéressés par la formation adulte de la municipalité de Pombal. Il s’agissait de leur présenter l’initiative « Novas oportunidades », et de leur faire découvrir les formations qu’ils pouvaient choisir.

Pour que la formation se fasse, il fallait un minimum d’élèves. C’était le rôle du coordinateur (coordinatrice dans ce cas) : faire en sorte que tout le monde se retrouve avec une formation, même si ce n’est pas tout à fait ce qu’ils demandaient, et aux bons horaires. Les chômeurs préféraient le matin, les travailleurs préféraient le soir.

Ce n’était clairement pas une mince affaire, mais pour que ce soit un succès, comme on l’observa, la population fut fortement mise à contribution. Ce n’est pas l’Etat qui imposait, mais bien la population qui soumettait ses conditions, la formation avait été conçue de façon très locale.

Les critères d’évaluation des acquis se fit selon des critères internationaux : la formation leur était véritablement utile. Par ailleurs, les formations proposées prenaient en compte les réalités socio-professionnelles d’une région. Pombal est une ville industrielle, au secteur du BTP puissant : on eut plutôt des formations en rapport avec l’industrie et le bâtiment, tandis que vers des villes plus agricoles, les formations étaient plutôt en rapport avec l’agriculture.

Ce programme provoqua l’engouement chez les personnes qui n’avaient pas eu la chance, bien souvent, de pouvoir étudier. Mes parents se souviennent bien : pour aller au collège, il fallait faire tous les jours 5 kms à pied de bon matin, puis 5 kms à pied le soir. Nombreux étaient ceux qui préféraient tout simplement aider les parents dans les champs, ou partir directement sur leur moto à l’usine (à l’âge de 14 ans) ou, plus vieux, partir en France (mon père est parti en France à l’âge de 17 ans…).

Pas trop la place pour les études, donc.

En 2021 ?

Ce programme, était très critiqué. On accusait de distribuer des diplômes à tour de bras, sans réelle qualification professionnelle. Il fut remplacé en 2013 par un nouveau programme, le Qualifica.

Je ne sais pas si les résultats sont meilleurs. Ils sont certainement moins massifs, avec beaucoup moins d’adhésion de la part des adultes en âge de travailler. Et pour enfoncer le clou, le Portugal est toujours dans les pires d’Europe en ce qui concerne l’abandon scolaire au lycée. Il y a encore beaucoup de travail à faire…


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