Billet de Banque de l'Angola
Billet de Banque de l'Angola

1ere école d’ingénieurs d’Afrique Noire, fondée par le Portugal

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C'est en Angola que le Cours de Géométrie et Fortification de Luanda a été fondé. Nous étions alors en 1699, et cette première école s'était originellement installée dans la forteresse de Saint Michel de Luanda (Fortaleza de São Miguel).


Ce texte a été traduit et adapté de l’original « A primeira escola de Engenharia da Africa Subsaariana, fundada pelos portugueses em Angola », de l’historien Daniel Jorge Marques Filho et publié sur la page Facebook « Nova Portugalidade« .

L’objectif de cette première école était de former une équipe technique locale capable de construire et de maintenir les édifications de la ville de Luanda. L’idée était de recruter avantageusement des « enfants du pays », adaptés au climat et aux conditions locales. Le XVIIIe siècle, et spécialement les années 1760 sont un tournant de l’histoire d’Angola et de son histoire intellectuelle.

Forteresse de Saint Michel, Luanda
Forteresse de Saint Michel, Luanda

Ingénieurs locaux

En 1764, après des années de fermeture par manque de professeur, le Cours de Géométrie de Luanda fut réactivé par D. Francisco Inocêncio de Sousa Coutinho, administrateur colonial. A partir de ce moment, la bureaucratie de l’Empire pouvait enfin se reposer sur de nouvelles personnes. C’est ainsi qu’ont commencé à apparaître en Angola les ingénieurs et militaires de carrière. Il s’agissait de créer une nouvelle voie efficace de réforme et rénovation de la structure administrative, en premier lieu des Capitaineries-Mor, centres administratifs militaires et territoriaux.

Billet de banque de 1946
Francisco Inocêncio de Sousa Coutinho, administrateur de l’Angola. Billet de banque de 1946.

La période du Marquis de Pombal fut marquée par une grande circulation de livres à Luanda, publiés pour justifier idéologiquement le nouvel ordre établi. Dès 1759, l’envoi en Afrique des livres « Colecção Authentica » permirent une redéfinition identitaire locale.

A savoir : Luanda avait été occupée de 1641 à 1648 par les Hollandais, désireux de remplacer les Portugais dans le lucratif négoce de la Traite Négrière. Ce sont des colons Brésiliens qui chassèrent les Hollandais.

En 1770, Francisco Xavier de Mendonça Furtado apportait dans la capitale de l’Angola des exemplaires de « Dedução Cronológica e Analítica (1768) », pour qu’ils soient distribués entre les « personnes les plus dignes » de sa Majesté. Il s’agissait de diffuser des livres scientifiques et rationalistes, qui permettaient, selon les termes de l’époque, « amener la civilité aux gens barbares ». Etaient arrivés également en Angola, sous la tutelle du Conseil de l’Outremer, plusieurs exemplaires de la traduction de De Officiis (Traité des Devoirs) de Cicéron, à répartir entre les personnes « capables de profiter de ses leçons ».

Elites coloniales

Ces personnages de l’Empire ce sont établis en Angola avec leurs familles. Ils s’y sont mariés et ont laissé une descendance, en s’intégrant ainsi dans la société coloniale de Luanda. En faisant partie de cette élite, ils pouvaient également la modifier. C’était le cas de la famille Pinheiro de Lacerda, à l’origine d’une véritable dynastie de cartographes, qui nous a laissé aujourd’hui une importante collection de cartes et de textes descriptifs d’un Angola à l’époque encore mal exploré.

En ce qui concerne l’histoire de l’Angola, ce sont surtout les élites coloniales des XIXe et XXe siècles qui ont été étudiées. Tout nous indique pourtant qu’il existe une histoire « plus ancienne », en attente d’être écrite sur les élites des siècles précédents.

A savoir : le climat de l’Angola était particulièrement hostile aux colons. Les maladies qu’ils contractaient pouvaient, le plus souvent, les tuer. D’où l’intérêt de recruter localement une nouvelle élite. Ce fait fut aussi celui qui empêcha l’installation d’usines en Angola, malgré plusieurs tentatives de l’administration coloniale…

Ingénieur Noir
Ingénieur Noir

Un rêve qui n’a jamais existé

Ce texte que je viens de traduire, publié par Nova Portugalidade, a une finalité que j’apprécie, mais qui ne regarde quelque part que le bon côté. Cette association est nostalgique de l’ancien empire Portugais, un empire où tous seraient Portugais à égalité, de Timor au Brésil, en passant par l’Angola.

C’est un rêve, que je pourrais partager, mais qui n’a jamais existé. Les « autochtones », sauf quelques rares cas (l’élite), ont toujours été considérés comme étant des citoyens de seconde zone, voire de la main d’oeuvre gratuite par le biais de l’esclavage.

Nous n’oublions pas que de nombreux Noirs étaient parfaitement intégrés dans les élites non seulement locales, mais également européennes. La Lisbonne de Pombal avait beaucoup d’habitants d’origine africaine, du plus pauvre au plus riche.

De même, la population de Luanda dans les années 1780 peut nous donner une idée du nombre de cette élite locale.

Dans la ville basse, habitaient 1.004 blancs, 1.103 métisses libres, 137 métisses esclaves, 864 noirs libres e 3.592 noirs esclaves. Dans la ville haute, les blancs étaient 512 individus, 313 métisses libres, 217 métisses esclaves, 382 noirs libres e 1.737 noirs esclaves.

« André do Couto Godinho: homem preto formado em Coimbra… »

Les Portugais peuvent se reprocher beaucoup de choses dans leur Histoire, dont ce triste monopole de la Traite Négrière du XVIIIe siècle. Lorsque d’autres se reposaient sur leur industrie naissante, nous cherchions des bras « pas chers » pour nos plantations du Brésil. Une malédiction pour l’écrasante majorité du peuple, pauvres Portugais paysans du continent, qui ne voyaient aucune retombée concrète et positive de ce commerce dans leur quotidien.

Ce texte que j’ai traduit et publié nous permet de voir que pourtant, tout n’était pas tout noir. Il y a eu des réelles tentatives d’amélioration du quotidien des « autochtones ». Certains avaient même été inclus dans l’élite locale, grâce à l’éducation. C’était, au final, l’objectif du Portugal, qui se voyait, avant les autres Nations européennes, comme apporteuse de la Civilisation, surtout Chrétienne. Le siècle des Lumières, avec son rationalisme était aussi de la partie, où l’objectif était bien de sortir l’humanité de l’obscurantisme.

Mais les intérêts économiques des puissants jouaient toujours contre ces nobles objectifs. Mieux vaut un Noir dans des plantations de canne à sucre qu’un Noir qui sache lire, pensaient les riches propriétaires Brésiliens…


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