Connaissez-vous Carlos Mar ? Cet auteur compositeur interprète est un artiste luso-descendant qui chante en Portugais. Si vous voulez le découvrir, rien de mieux que de le voir en live. Il sera à l’Orient Express, 12 rue Claude Tillier, à Paris, samedi prochain dès 20h30 où vous pourrez entendre sa musique.
Avec les sept titres de son album « A Caminho », dont la chanson « San Sebastian » que j’aime beaucoup, il nous transporte dans un monde poétique et onirique. Écoutez quelques titres sur son myspace et découvrez l’entretien que Carlos Mar m’a accordé pour Lusitanie.fr :)
Lusitanie.fr : Tu habites en France, mais tu chantes en Portugais, pourquoi ce choix ? Est-ce que ça ne devient pas un handicap auprès de ton public français ?
Carlos Mar : Quand j’ai commencé à écrire mes premiers textes, je l’ai d’abord fait dans la langue de Molière. Mais le résultat ne me plaisait pas. La façon de structurer les phrases, les sonorités, les mots n’étaient pas en phase avec les émotions et les messages que je voulais transmettre. J’ai donc commencé à écrire en Portugais et le lien s’est fait très naturellement.
Chanter en Portugais n’est pas forcément un handicap pour le public français, notamment le public parisien qui souhaite découvrir des univers un peu différents. D’ailleurs, aujourd’hui mon public est essentiellement Français même si des Portugais viennent régulièrement me voir en concert.
Un handicap est quand même bien présent lorsque j’aborde des structures professionnelles de la musique en France (labels, majors,..) car une niche de folk/rock/pop en Portugais est improbable et aura du mal à se faire une place dans les radios ou dans les bacs.
Pour finir, n’oublions pas que la communauté portugaise (sans parler de la communauté lusophone) est très importante en France et que de mon point de vue, le principal handicap pour moi et pour d’autres artistes lusophones c’est le faible appui et d’aide des structures culturelles portugaises en France. A quand l’ouverture d’un café culturel qui ouvre ses portes aux artistes qui veulent s’exprimer ? La création d’un Festival Musical Lusophone ? Une aide financière pour que ces artistes s’expriment au Portugal ? etc, …
L : Comment les Portugais de France perçoivent ta musique d’influence folk, différente de ce qu’ils ont l’habitude d’entendre en Portugais ?
CM : Il m’est très difficile de connaître la part des Portugais de France qui ont pris connaissance de mon projet mais ceux qui m’ont vu en concert semblent apprécier puisqu’ils continuent à venir me voir régulièrement, à m’encourager en me laissant des messages sur mes sites, à acheter mon album,…
Ma musique semble plutôt plaire à la tranche 30-40 ans mais ce n’est que la face cachée de l’iceberg. Les 20-25 ans semblent moins réceptifs car plus tournés vers du R&B, Hip Hop…
L : Tu travailles surtout avec des Français, as-tu déjà pensé à réaliser un album avec des Portugais ?
CM : Le fait de travailler avec des Français n’a pas été un choix délibéré. D’ailleurs, lorsque j’ai commencé mon projet en solo, il n’y avait que des Portugais. La nationalité n’est pas une priorité pour moi. Ma priorité est de travailler avec des gens sérieux et motivés et avec qui je partage un certain nombre de valeurs musicales et personnelles. Mais pour répondre à ta question, oui, je pense inviter un ou deux Portugais sur mon prochain album, parce que j’admire leur parcours et que leur personnalité m’inspire.
L : Comment tes collaborateurs français perçoivent la langue portugaise?
CM : Mes collaborateurs apprécient le Portugais pour sa musicalité même s’ils ne le comprennent pas. Je dois dire que certains maîtrisent mieux l’accent que d’autres ;-).
L : Comment vois-tu le retour à la langue portugaise de la part d’artistes qui initialement chantaient en Anglais ?
CM : Le fait de chanter en Portugais ne va pas me faire dire que musicalement la musique sera meilleure. Par contre, ce que je peux dire c’est que le Portugal n’a jamais été un pays anglophone et que le Portugais est une belle langue qui mérite une meilleure place dans la musique.
Mais où en est-on des quotas radios pour la musique portugaise ?
Je me souviens déjà qu’à l’époque de sa mise en place, la polémique s’était installée dans le milieu (majors, radios,…) pour comprendre ce qu’on qualifiait de « chanson portugaise » : une chanson chantée en Portugais ? une chanson faite par des Portugais ? ou une chanson faite au Portugal ? etc.
Appuyées par les maisons de disques, les nouvelles générations de musiciens au Portugal ne parient que sur l’Anglais. Malgré l’existence de très bons projets en Anglais, je pense que la musique portugaise est aujourd’hui menacée. Donc, un retour au Portugais sera toujours profitable s’il s’inscrit dans une logique personnelle, culturelle, musicale.
L : As-tu un message à faire passer dans tes chansons, es-tu un chanteur engagé ?
CM : Il est évident que j’ai des messages à faire passer dans mes chansons. Je pense que c’est le besoin primaire de tout artiste qui rend sa musique publique, celui de partager. Dans ma chanson « Condenado », je parle de la drogue, et plus précisément des difficultés d’un individu à s’en sortir ; dans « Lutar até ao fim » sur une rythmique joyeuse j’aborde le thème du harcèlement moral, dans « Saudade » je parle du manque d’un être aimé,… Je ne me considère pas un chanteur « engagé » comme on a l’habitude de l’entendre, mais j’écris et je chante des thèmes qui me touchent ou qui me révoltent.
L : Est-ce que des concerts sont prévus au Portugal ? Si oui, où et quand ?
CM : Pour l’instant je n’ai pas de confirmation pour des concerts au Portugal. Je prévois d’y aller courant 2009 et faire une série de concerts à Porto, Braga, Famalicão et Lisbonne, voire dans d’autres villes.
Merci à l’équipe de lusitanie.fr et à très bientôt
Carlos MAR
Lusitanie.fr : merci à toi Carlos et bonne route :)
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