Les banques portugaises veulent attirer les portugais partis à l'étranger. Le pays propose des aides au retour. Mais est-ce que ça suffit ?
Les émigrés
Le Portugal a toujours été une terre d’émigration. Des gens partis du pays, à la recherche de meilleures conditions de vie ou simplement à l’aventure. Des gens qui ont découvert une autre façon de travailler, d’autres cultures, qui leur ont permis d’avoir une vie digne. Il y a aujourd’hui des millions de portugais ou de luso-descendants qui vivent et travaillent en dehors du Portugal.
Sommaire
Malgré l’éloignement du pays, beaucoup d’entre eux continuent de l’aimer et à vouloir investir en terres lusitaniennes.
Qui est considéré comme étant « émigré » ?
C’est une Loi du 29 novembre 1995, encadrant le régime juridique de l’épargne des émigrés qui nous montre ce que l’état portugais considère comme étant un « emigrante ». Il faut pour cela que l’émigré réponde à l’une des conditions suivantes :
- Avoir quitté le Portugal pour exercer à l’étranger une activité rémunérée. Il y habite de façon permanente. C’est l’émigré traditionnel.
- Après l’émigration, avoir obtenu une autre nationalité et continuer d’habiter à l’étranger, tout en y exerçant son activité. On est pas moins portugais parce qu’on a obtenu la nationalité de son pays d’accueil.
- Les travailleurs temporaires qui, par la législation du pays d’accueil, ne peuvent pas obtenir le statut d’émigré, et qui, sur une période de 12 mois, y effectuent leur travail sur au moins 6 mois, suivis ou interpolés. Si le travailleur réside ainsi en dehors du Portugal plus de 6 mois, ils peuvent être considérés comme étant des émigrés. Les travailleurs de la mer sur des bateaux de drapeau étranger sont également considérés.
- Les retraités et pensionnaires qui ont travaillé à l’étranger et qui y ont vécu ainsi que leurs conjoints, du moment qu’ils touchent une pension ou retraite payée par le pays d’émigration.
- Les descendants au premier degré d’émigrés portugais, que ceux-ci aient la nationalité portugaise ou pas, s’ils résident à l’étranger et y exercent une activité rémunérée.
Compte épargne « emigrante »
Il y a longtemps de cela, le portugais qui plaçait son épargne dans une banque portugaise avait un régime fiscal préférentiel. Il fallait bien cela pour attirer leurs capitaux. En 2006, une nouvelle Loi mit fin à ce régime préférentiel pour les nouveaux investissements.
Aujourd’hui, il ne reste plus rien de ces anciens comptes épargnes, à part des arguments commerciaux ou des commodités logiques pour un émigré. Lorsque l’on parle d’argent, il s’agit de bien maigres avantages.
Depuis l’affaire de la banque BES qui fit faillite, il est difficile pour un émigré portugais de faire confiance aux banques portugaises. De nombreux clients émigrés avaient investi dans des produits bancaires à risque élevé chez BES, sans vraiment le savoir. Du jour au lendemain, ils avaient perdu énormément d’argent.
On verra toujours, dans l’offre commerciale des banques portugaises, des produits d’épargne « spécialement » dédiés aux émigrés. Ils n’ont rien de particulier, à part leur dénomination. Leur rendement est nul, la sécurité du placement est identique ou pire qu’en France ou en Suisse.
Les comptes en banque pour émigrés, c’est du pur marketing. On fait croire à l’émigré qu’il s’agit d’un produit spécial pour lui. Lors de mon retour au Portugal, mon compte épargne chez CGD n’a fait que changer de nom. Les avantages ou désavantages sont restés les mêmes.
C’est plus important d’avoir beaucoup d’argent sur un compte bancaire, émigré ou pas. Si vous avez 100 000 euros sur un compte courant, que vous soyez portugais, émigré, chinois ou philippin, vous verrez que votre banquier sera beaucoup plus serviable que si vous n’êtes qu’un bon émigré qui n’a que 1000 euros sur le compte…
Avantages fiscaux pour émigré
L’Etat portugais a trouvé une meilleure solution pour faire revenir ses émigrés. Désormais, avec le programme « REGRESSAR« , l’émigré de retour au pays ne paiera des impôts (IRS) que sur 50% de ses revenus pendant 5 ans.
Il s’agit d’un sérieux coup de pouce pour ceux qui paient beaucoup d’impôts. Mais pour les autres, ceux qui savent qu’en revenant au pays, ils gagneront forcément beaucoup moins, cet avantage est moins visible.
Pour en profiter, il ne faut pas avoir résidé fiscalement au Portugal les trois années antérieures au retour. Précisions : il s’agit d’une aide au retour, il faut donc avoir vécu au Portugal à un moment donné.
Cette offre est valable pour les portugais, mais également pour les citoyens étrangers ayant vécu au Portugal. Elle est automatique, la « Autoridade Tributária e Aduaneira » appliquant directement le barème d’imposition.
RNH et REGRESSAR
Les émigrés peuvent eux aussi bénéficier du programme RNH. La fiscalité est avantageuse pour ceux qui ont une profession « à haute valeur ajoutée » avec un taux plafonné à 20%. Avantageuse aussi pour les retraités, hors fonction publique : ils sont imposés à 10%.
Ce statut, valable pour une durée de 10 ans, est plus intéressant que les avantages fiscaux du programme REGRESSAR, mais contrairement à celui-ci, n’est pas automatique.
Ces deux programmes fiscaux ne sont pas cumulables. Si vous pouvez, optez pour le RNH, plus avantageux.
Exemption d’IMT ?
Il n’y a plus, comme autrefois, une exemption d’IMT, l’Impôt Municipal sur les Transactions onéreuses. L’IMT, c’est la taxe que l’on paie à l’achat d’un bien immobilier. L’acheteur, qui utilisait son compte épargne, « conta poupança emigrante », avait ainsi ce petit avantage fiscal, aujourd’hui disparu.
L’Etat portugais attribue également des aides financières aux émigrés qui en font la demande, toujours dans le cadre du programme REGRESSAR. Ces aides peuvent aller jusqu’à 6500 euros. Il est exclusivement réservé à ceux qui reprennent un travail salarié au Portugal.
Lire : Emigrantes, le Portugal vous offre jusqu’à 6500 euros pour revenir.
Nous le voyons, l’Etat tente de faire revenir ses émigrés avec des aides et quelques petits avantages. Le succès de ces mesures est très faible, les candidats au retour en ayant bénéficié étant en nombre dérisoire.
Il faudra faire plus pour que les émigrés reviennent
Partis pour une vie financière bien meilleure, ce n’est pas 6500 euros de cadeau ou un petit avantage fiscal qui motive leur retour, mais bien l’amour du pays. C’est comme ça que l’on explique que chaque année, les portugais de l’étranger envoient au Portugal des milliards d’euros, malgré les rendements quasiment nuls.
Le véritable changement aura lieu le jour où les salaires seront corrects, que ce soit pour un émigré ou pour les portugais restés au pays.
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