Après nous avoir parlé de son travail artistique sur les spirales des monnaies, et de nous avoir révélé pourquoi le cinquantenaire de la première traversée aérienne de l'atlantique Sud n'a jamais été célébré sur des pièces, Carlos Catalogart nous amène ici au XVème et XVIème siècles. Il nous fait découvrir un bateau développé au Portugal, qui allait permettre de révolutionner les rapports de l'Europe au Monde.
La caravelle, un bateau portugais
De nombreuses nations sont ou furent des puissances maritimes. Mais excepté peut-être le drakkar que l’on associe automatiquement aux peuples du nord de l’Europe, aucune autre embarcation n’identifie autant une nation que la caravelle. Oui, d’autres ont contribué à l’essor de ce navire, mais par une conjonction de raisons politiques, techniques et culturelles c’est le Portugal qui a été le fer de lance de l’expansion maritime européenne.
Sommaire
Et c’est surtout sur les chantiers portugais que, aux XVème et XVIème siècles, des barques adaptées à la pêche, au cabotage ou au commerce sur les côtes méditerranéennes, se sont petit à petit transformées. D’abord en outils d’exploration des côtes africaines, puis en bateaux capables d’affronter la haute-mer et ensuite en navires de guerre et de transport de marchandises sur la route des Indes.
Une fierté nationale omniprésente en numismatique
Parmi les 175 dessins de pièces de l’Escudo – que l’on peut voir d’un seul coup sur la Spirale de l’Escudo – environ une sur trois montre un bateau ! Et presque exclusivement des bateaux de l’époque des grandes découvertes, ce passé glorieux qui a laissé tant de traces dans le pays et qui constitue encore, pour le mieux et pour le pire, un point d’ancrage de l’être portugais.
La valse des caravelles dans la numismatique portugaise a été lancée par João da Silva en 1932 avec un dessin d’un descendant proche des caravelles, une « nau », qui a trôné pendant trois décennies sur les pièces de 2$50, 5$00 et 10$00 jusqu’à ce que Martins Barata e Norte de Almeida le remplacent par un dessin de caravelle en 1963 sur les mêmes dénominations. Des pièces dont beaucoup de portugais se rappellent encore car elles ont circulé longtemps.
En comparant les deux pièces on voit bien les différences entre les bateaux. La caravelle porte des voiles triangulaires dites latines, suspendues à des vergues, un long baton sur lequel la voile est accrochée. Les voiles sont suspendues elles-mêmes en haut des mâts, ce qui leur permettaient de tourner plus au moins librement autour, et surtout de remonter le vent – qui voudrait partir et ne pas pouvoir revenir ?
La caravelle, un bateau maniable
C’est un bateau avec un seul pont et un seul château à la poupe du bateau, car la manœuvre de la grande voile latine demandait de l’espace devant. Et avec une faible calaison car on avait besoin de s’approcher de la terre, de remonter les fleuves … Avec des variantes, c’est le bateau qui a dominé l’exploration de la côte ouest africaine, jusqu’à ce que Bartolomeu Dias parvienne à passer au-delà du Cap de Bonne Espérance et à remonter un peu la côte est de l’Afrique.
Lire : L’Expansion Maritime portugaise en quatre étapes
Mais ensuite, la navigation a changé. Le temps passé en haute mer dominait désormais le voyage, le besoin de tonnage pour les longs voyages (hommes, eau, nourriture, marchandises) a augmenté, le nombre d’armes lourdes (canons) à bord aussi.
La caravelle a donc subi des évolutions qui ont abouti à des navires avec au moins deux ponts, un château à la poupe et l’autre à la proue, rendu possible par des voiles rondes (au fait carrées, que le vent arrière gonfle et arrondi, d’où le nom) sur les mâts avant. Certains bateaux que Vasco da Gama a amené dans son voyage jusqu’en Inde avaient déjà été pourvus – grâces aux bons conseil de Dias – de certaines des caractéristiques de ces Naus de Carreira – les nefs pour le long cours.
La pièce de 50 escudos
Pour la troisième pièce de l’ère des Escudos portant un bateau, Euclide Vaz a repris une des plus anciennes représentations d’une caravelle, celle sur une assiette maure-espagnole de 1420. Cette pièce de 50 Escudos de 1986 a été frappée jusqu’à l’avènement des Euros. Où l’on voit que souvent, la numismatique permet de remettre en valeur l’héritage iconographique du passé.
La fin du XXème siècle numismatique portugais, après la révolution des œillets et l’adhésion à la communauté européenne, a vu une déferlante de représentations d’embarcations des découvertes sur les pièces portugaises. Armés des quelques concepts nautiques simples introduits ici et de ceux qu’il est facile de glaner sur d’autres sources d’information on peut, sur la Spirale des Escudos suivre, découvrir et surtout comprendre les dessins des pièces portant un bateau.
Ici une caravelle, la, non c’est une nau, et cet hybride … peut-être une caravela redonda, une caravela de armada, une caravela mexiriqueira, un caravelão ? Oui, ces pièces informent, émerveillent et permettent de voyager dans le temps, tout au long de la dernière moitié du XVème et de la première moitié du XVIème, cette période des découvertes qui a changé les rapports de l’Europe au Monde, et surtout qui est venu confirmer que la Terre, il n’y en a qu’une et on en fait vite le tour. Même sur des caravelles.
Soutenir le Portugal en français
Aidez-nous à faire connaître le Portugal, en français !
Nous ne voulons pas faire payer pour accéder aux contenus. Le Portugal en français n’aurait alors plus de raison d’exister !
Le Portugal en français est un site gratuit, et il le restera, grâce à vous !