À la découverte du vin de l’Algarve, Portugal

L'Algarve, région touristique du Portugal par excellence, est de plus en plus réputée pour la beauté de ses vignobles et la qualité de ses vins. Un aspect de la gastronomie de l'Algarve encore méconnu, qu'il serait dommage de passer à côté !

Les vins de l’Algarve ne sont toujours pas très connus. Il faut dire que la région portugaise brille aux yeux du monde avant tout pour la qualité de ses plages et de son climat. Le vin au Portugal, c’est ailleurs. C’est le Douro, c’est l’Alentejo, mais qui pense à l’Algarve?

Pourtant, les vignobles d’Algarve sont toujours plus nombreux, chaque année un peu plus réputés. Avec le tourisme de plage se mêlent désormais l’oenotourisme et le tourisme gastronomique.

Après tout, après une bonne journée de plage, il faut bien boire et manger !

Vignobles récents

La méconnaissance des vins de l’Algarve n’est pas vraiment une surprise. Jusque dans les années 1990, il n’y avait pas à proprement parler de vignobles dans la région.

Il s’agissait principalement de toutes petites productions, souvent familiales. Nous parlons ici d’agriculture de subsistance comme presque partout au Portugal. Le vin n’était qu’un produit agricole parmi d’autres, entre le maïs, les haricots, les pommes-de-terre ou l’élevage. Ce que la famille ne consommait pas était revendu dans des coopératives agricoles. Il en ressortait du vin trop souvent de piètre qualité, tout juste bon à concurrencer la piquette.

Les familles de l’Algarve ne savaient pas la chance qu’elles avaient. L’Algarve, c’est une région bénie des Dieux. Elle a un climat idéal, mais aussi des sols parfaitement adaptés à la création de très grands vignobles. Il a fallu toute la curiosité et connaissances de quelques experts vinicoles il y a quelques années pour qu’enfin, on commence à exploiter les richesses de l’Algarve.

Le pari était osé. Dans l’imaginaire portugais, les vins de l’Algarve étaient rares, avec la réputation d’être infâmes. Imaginez donc, la mode était plutôt à arracher des vignes pour faire des hôtels plutôt que l’inverse ! Une ironie, lorsque l’on sait que la vigne est arrivée précisément d’abord en Algarve, par la main des Phéniciens il y a plus de 2000 ans.

Cliff Richard et la Quinta do Moinho

Quand le très connu chanteur britannique Cliff Richard, habitant l’Algarve depuis de nombreuses années, avait lancé un pari de produire du vin, ils furent nombreux à lui rire au nez. Comme d’habitude, les Anglais n’en font qu’à leur tête, et heureusement.

Le parallèle avec le vin de Porto est facile à faire. Les locaux ne voyant pas la richesse sur laquelle ils se reposent, il a fallu que ce soit un étranger pour leur montrer.

Les premières vignes furent plantées en 1997 à Quinta do Moinho, propriété du chanteur, puis en 2001 à Quinta do Miradouro et finalement en 2004, à Quinta Vale do Sobreiro.

Aujourd’hui, son « Adega do Cantor » (Cave du Chanteur) est une des entreprises vinicoles les plus réputées de l’Algarve, produisant des vins d’excellence à Guia, à quelques kilomètres seulement d’Albufeira. Pari gagné pour le chanteur, les moqueries étant transformées en admiration.

Pour goûter au vin de Cliff Richard, nous pouvons commencer par le « Vida Nova », le plus accessible. Nous parlons ici d’un bon rouge à près de 6 euros la bouteille, un peu moins pour le blanc.

Un terroir idéal

L’Algarve, c’est une région protégée des vents du nord par ses montagnes, avec un climat méditerranéen mais une humidité toute atlantique. Les deux grandes zones géographiques que sont le Barlavento et le Sotavento démultiplient le nombre de sols différents, chacun avec ses propres caractéristiques.

Plusieurs cépages se développent en Algarve, mais il y en a un qui retient notre attention, le Negra Mole. Il est unique de l’Algarve, et permet d’avoir des vins très différents.

Nous ne devrions pas parler de terroir de l’Algarve, mais bien de terroirs au pluriel, tant la diversité est de mise. Si cette diversité est une richesse aujourd’hui, elle ne l’était pas par le passé.

Les viticulteurs d’autrefois ne savaient tout simplement pas. A chaque terroir, à chaque sol, une façon particulière de faire. Sans connaissances, sans techniques, le vin produit était presque forcément médiocre. Les années de sècheresse se transformaient toujours en catastrophes.

Nous l’avons vu, Cliff Richard avait beaucoup misé sur « sa » région. Mais il ne l’avait pas fait au hasard. S’entourant des meilleurs experts, il développa la meilleure solution adaptée à ses Quintas.

Heureusement pour notre fierté patriotique, le Britannique ne fut pas seul dans cette démarche. En parallèle, le portugais João O’Neill Mendes créa sa Quinta do Morgado da Torre en 1999, rapidement suivi par d’autres producteurs. De la poignée de producteurs du début des années 2000 nous sommes maintenant passés à une cinquantaine, établis un peu partout en Algarve.

Aujourd’hui, ce travail est enfin reconnu, avec non seulement de très bonnes bouteilles, mais également avec l’arrivée des grandes entreprises vinicoles portugaises. Elles investissent en Algarve, en rachetant ou en créant de nouvelles « Quintas », en misant sur le marketing et l’image de marque du vin de l’Algarve… qui le mérite !

Vins DOP/DOC (AOP/AOC) de l’Algarve

Cette qualité enfin reconnue n’est pas un succès d’estime ou un vague sentiment d’un blogueur égaré. Non, elle a réellement été reconnue par les instances dirigeantes, en attribuant aux quatre grands terroirs de l’Algarve un DOP, denominação de origem protegida, équivalent portugais de l’AOP (appellation d’origine protégée).

Quatre DOPs existent : Lagos, Portimão, Lagoa et Tavira. Toutes avec leurs forces et qualités, produisant des blancs, des rouges et… des rosés.

Si je devais désigner un vin à goûter, je choisirais forcément un vin de chez la plus ancienne Quinta : Quinta dos Correias, à Tavira. Ça, c’est mon goût pour l’histoire, qui me fait donner de l’importance à des petites choses comme le fait que c’est toujours la même famille qui l’exploite depuis leur acquisition de la Quinta à l’époque du règne de D. Maria, fin du XVIIIe et début du XIXe siècle.

Une Quinta qui, voyant le succès montant des vins de la région, décida de planter également de nouvelles vignes et d’ainsi correspondre à la demande toujours croissante.

Allez goûter, pourquoi pas, un « Fuzeta » ou un « Balsa », du nom de l’ancienne ville romaine, toute proche. La qualité des vins de l’Algarve s’améliore d’année en année. L’expérience, le savoir-faire et une meilleure connaissance des sols y font pour beaucoup.

Un autre? Alors ça serait un vin de la Quinta do Francês, bien sûr ! Son propriétaire, Patrick Agostini est un français marié à une portugaise. En 2002, il achète à Silves une propriété pour y planter des vignes.

Il lui faudra attendre 6 ans avant sa première production. Être vigneron, c’est être patient, les vignes ne poussant pas du jour au lendemain.

Pour terminer, si vous êtes sur Loulé, goûtez un petit Quinta da Tôr !

Œnotourisme en Algarve

Le développement du vin en Algarve a le bon goût d’avoir un avantage supplémentaire, en plus de la gastronomie. Il permet de faire venir dans les terres un nouveau type de touristes, qui ne voudrait pas que faire de la plage où sortir en boîtes de nuit.

Les Quintas permettent de découvrir toutes les richesses de la campagne en Algarve. Mais attention, les visites se préparent à l’avance, il faut prendre rendez-vous, nous sommes loin des « usines » du Vin de Porto. Ici, c’est encore très familial, les productions restent modestes en termes de quantités.

Pour découvrir les richesses oenologiques, nous conseillons au touriste de préparer sa visite d’Algarve au Portugal en choisissant bien les Quintas, les vignobles les plus adaptés à ce qu’il recherche. Vous êtes plutôt à la recherche d’un vignoble en agriculture raisonnée ou biologique ?

Le touriste curieux, voulant voir comment fonctionne la production de vin en Algarve, à quoi ressemblent les paysages de l’arrière-pays de la région sera comblé. L’oenotourisme portugais a naturellement a de plus en plus d’adeptes, mêlant plusieurs plaisirs en une visite. Plaisir des yeux, avec ces collines couvertes de vignes, plaisir intellectuel avec la découverte des modes de production, et évidemment, plaisir de bouche avec les vins.

La prochaine fois que vous gouterez à une bonne cataplana, pensez à prendre un vin régional, vous ne le regretterez pas !