Depuis 2013, il y a plus de "nouveaux" portugais par demande que de naissances au Portugal.
La nationalité portugaise est de plus en plus attractive, et chaque année, les étrangers désireux de l’obtenir sont toujours plus nombreux.
Sommaire
De plus en plus de demandes de nationalité
En 2018, ce sont presque 128 000 personnes qui ont obtenu le « Cartão de Cidadão ». Ce nombre, en constante hausse depuis des années, est désormais bien supérieur aux naissances portugaises.
En 2018, 87.000 bébés sont nés au Portugal. Tous ne sont pas nés portugais.
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La presse fait état, en 2024, de plus de 500.000 demandes de nationalité en attente dans les couloirs de l’administration portugaise.
À savoir : la bi-nationalité est parfaitement possible, le Portugal n’exigeant pas à ses nationaux de n’avoir qu’une seule nationalité, y compris pour les emplois stratégiques ou de sécurité nationale.
Des portugais de toutes origines
Les chiffres que je présente ici, trouvés sur les principaux journaux portugais, manquent de précisions. Le premier réflexe serait de croire qu’il s’agit d’étrangers à 100% qui demandent la nationalité, par naturalisation.
Mais en fait, c’est un peu différent. Les journaux portugais sont absolument scandaleux avec la présentation de leurs chiffres !
Enfants d’émigrés
Il y a, dans ces chiffres, les fils de portugais nés à l’étranger ! Ils ne comptent pas en tant qu’enfants « naturalisés », mais leurs parents doivent tout de même faire la demande auprès de leur consulat. Ce sont eux, la grande majorité d’acquisitions de nationalité.
Voyons un peu ce que nous dit le Instituto Nacional de Estatística (INE), sur les étrangers qui ont acquis la nationalité portugaise entre 2008 et 2016.
Au total, ils ont été… 225.428.
En 2018, ils ont été 28 856.
Diantre ! Mais les journaux nous disent qu’en 2018, 128 000 personnes ont acquis la nationalité ? Les chiffres auraient donc complètement explosé depuis 2016, où seuls 29 351 personnes avaient acquis la nationalité portugaise ?
Si nous regardons 2022, 46.229 étrangers ont obtenu la nationalité. C’est une nette augmentation par rapport à 2018, mais un recul face à 2021 (54.537).
De ces naturalisés de 2022, seulement 20.844 habitent au Portugal.
Et c’est ici que l’on voit la différence entre les journaux, et la réalité statistique.
Les enfants nés de parents portugais ne sont pas comptés dans les chiffres de l’INE. Les enfants nés de parents portugais ne sont pas « naturalisés », mais Portugais d’origine. Mais les journaux, eux, préfèrent nous les inclure dans leurs chiffres globaux de « demandes de nationalité » (et non pas de naturalisation).
C’est beaucoup plus sensationnel. Lorsque l’enregistrement des enfants nés de parents Portugais est trop tardif, ils peuvent quand même obtenir la nationalité, mais par naturalisation. Ce sont eux qui représentent la plupart des naturalisés alors qu’ils n’habitent pas au Portugal.
D’ailleurs, à ce propos, beaucoup de portugais émigrés renoncent à faire la demande de nationalité portugaise pour leurs enfants. C’est très vrai lorsqu’ils ont déjà une autre nationalité, et encore plus lorsque les difficultés administratives sont trop importantes.
Rappelons qu’il suffit que l’un des parents, voire même un seul grand-parent, soit portugais pour pouvoir faire la demande de nationalité.
Nous avons donc ici des « portugais de sang« , même si beaucoup ne parlent même pas portugais. C’est l’élargissement de ce droit du sang en 2015 qui a provoqué la très forte augmentation des demandes de nationalité.
En 2018, 6.348 personnes avaient fait la demande de naturalisation grâce à leur grand-père. 85% de ces personnes sont originaires du Brésil.
Anciens territoires portugais
Le Portugal considère que les personnes nées dans un territoire portugais peuvent devenir portugaises. Ainsi, les personnes nées dans un de ses anciens territoires avant qu’ils n’obtiennent l’indépendance peuvent accéder à la nationalité.
Ils sont considérés portugais, comme les autres enfants d’émigrés en France, en Allemagne, au Royaume-Uni…
Timor Oriental
Cette ancienne colonie portugaise, envahie par l’Indonésie et redevenue indépendante en 2002, a de très fortes liaisons avec le Portugal. Ses habitants sont en grande partie portugais eux-mêmes. Virtuellement, la quasi totalité de la population pourrait demander la nationalité portugaise.
L’engouement pour la nationalité portugaise est tel que le consulat du Portugal au Timor Oriental est obligé de temps à autre de repousser la foule venue faire la queue pour obtenir les précieux papiers.
Ainsi, chaque jour, le consulat de Díli doit gérer de 45 à 60 nouvelles demandes de nationalité.
Macao, Daman et Diu
Toutes les personnes nées dans les anciens territoires portugais, comme Macao ou les villes aujourd’hui indiennes de Goa, Daman et Diu peuvent également demander la nationalité portugaise.
António Costa, l’actuel premier ministre portugais est d’ailleurs un descendant de portugais de Goa.
Portugais parce qu’ils habitent au Portugal
Si un étranger habite légalement depuis au moins 5 ans au Portugal, il peut faire une demande de naturalisation. Ce sont peut-être les plus concernés par la nationalité. Habitant légalement, ils peuvent travailler ou toucher des allocations en toute tranquillité.
Mais ils ne peuvent pas participer véritablement à la vie portugaise. Ils n’ont pas le droit de vote, ils n’ont pas le droit de se faire élire.
En se naturalisant, c’est, à mon sens, un honneur qu’ils font au Portugal. Ils choisissent, en plus d’y vivre, de devenir pleinement portugais.
Problème : on n’exige plus la connaissance de la langue portugaise. Est-ce compatible avec une demande de naturalisation de la part d’un adulte ?
Il ne faut pas oublier que l’écrasante majorité des immigrés au Portugal sont lusophones et ne sont donc nullement concernés par la connaissance de la langue.
Portugais par mariage
C’est un sujet assez peu polémique. On se marie à un portugais ou une portugaise, on peut demander sa nationalité. C’est logique, d’autant plus que les enfants issus de cette union pourront également être portugais.
Pour l’état portugais, le mariage, mais aussi la « união de facto » (équivalent de l’union libre française) sont des critères pour attribuer la nationalité. Il suffit au conjoint en union libre de prouver qu’ils vivent ensemble depuis au moins 3 ans.
Selon l’INE, entre 2008 et 2016, 33.912 personnes ont ainsi obtenu la nationalité par mariage ou « união de facto ».
Juifs portugais
Les lointains descendants des juifs expulsés du Portugal il y a 500 ans peuvent faire la demande de nationalité. Et beaucoup de juifs séfarades ne s’en privent pas. Ils ont été élevés dans le souvenir de cette lointaine origine, de cette expulsion injuste.
Aujourd’hui, l’état portugais a voulu réparer cette injustice.
En 2018, 14.000 juifs ont fait la demande de nationalité portugaise. De ces 14.000, 10.000 sont israéliens.
En 2024, la loi d’attribution de nationalité aux descendants d’anciens Juifs Portugais a été modifiée, face à quelques supposés abus. Désormais, il faut avoir habité au Portugal légalement pendant au moins 3 ans pour pouvoir demander la nationalité portugaise en tant que descendant de Juif Portugais.
Une nationalité de plus en plus souple
Le Portugal est l’un des pays d’Europe qui simplifie le plus l’obtention de sa nationalité. Le faible nombre de naissances est sans doute l’une des principales raisons. Les attributions de nationalité ont explosé ces dernières années. A titre de comparaison, en 2004, seuls 1.413 étrangers avaient été naturalisés portugais.
Il s’agit d’une forte augmentation depuis 2004, mais ne correspond en aucun cas aux chiffres trompeurs qui nous font croire, sans vérification, qu’il y aurait eu plus de 100 000 naturalisés en un an.
Les étrangers naturalisés sont toujours, et de loin, les Brésiliens. Oubliez les migrants et autres musulmans, si chers aux théoriciens du « grand remplacement », ils ne sont qu’une infime partie de l’immigration au Portugal.
Achat de nationalité ?
Il est bien sûr illégal d’acheter une nationalité. Mais certaines personnes permettent d’obtenir des faux papiers, en échange de 8000 euros.
Avec ces faux papiers, il est alors possible de faire une demande de nationalité portugaise. L’acquisition frauduleuse de nationalité provoque la déchéance automatique de nationalité… sauf si pendant 10 ans, le fraudeur a réussi à vivre normalement avec sa « fausse » nationalité portugaise.
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