Les femmes qui portaient de grands bidons de lait sur la tête étaient une vision du quotidien dans le Portugal d'autrefois. Marchant sur de longs chemins, elles allaient vendre le lait dont elles n'avaient pas besoin au point de collecte du village, à l'ombre du géant agro-alimentaire Nestlé...
Le lait, production maison
La production laitière portugaise, celle d’avant la Révolution des Oeillets, était une affaire de gens modestes. On possédait une, deux ou trois vaches, qui donnait un peu de lait pour la famille. L’excédent était revendu dans des points de collecte, où il fallait apporter le lait, souvent à la seule force du poignet… de femmes.
Sommaire
Ce sont des souvenirs, presque émus, de femmes qui nous racontent cet ancien temps. Après la traite à la main de la vache, on apportait ce lait « en trop » dans des bidons en aluminium au « posto de recepção do leite », ou, plus simplement, « posto ». C’est, en bon français, le « point de collecte du lait ».
Ces bidons, d’une contenance de 15 à 25 litres étaient tout autant de kilos à porter sur la tête. Ce transport était, encore une fois, une histoire de femmes. Un moment presque paisible pour elles, qui les changeaient de la routine et les sortaient de la petite exploitation familiale. Un moment aussi, peut-être, pour rencontrer d’autres personnes, et, qui sait, un amoureux…
C’était bien l’un des rares moments où l’on pouvait rencontrer des personnes d’un autre village régulièrement. C’était aussi un moment, diront les plus médisants, où il était facile d’évaluer la richesse de chacun, à la quantité de lait qu’ils apportaient…
Sociedade de Produtos Lácteos
C’est en 1923 que Egas Moniz, le célèbre médecin neurologue portugais, parvint à créer une société dans son village natal de Avanca, près de Estarreja. Nous sommes ici à quelques kilomètres de Ovar et de Aveiro, une région bien connue pour sa production de lait.
Egas Moniz, qui n’avait pas encore obtenu le prix nobel de médecine (1949) à ce moment, était un fervent admirateur du suisse Henri Nestlé. C’est dans son sillage qu’il contribua à la fondation de cette nouvelle entreprise, voulant lui aussi améliorer l’alimentation des enfants.
La première activité de la nouvelle entreprise était la production de lait en poudre pour les bébés. En 1933, la Sociedade de Produtos Lácteos obtient l’exclusivité au Portugal des produits Nestlé.
En 1973, la prise de contrôle par Nestlé de l’entreprise portugaise devient totale, avec son changement de nom. Désormais, il s’agit de Nestlé Portugal.
Réseau de collecte
Pour récupérer le lait, l’entreprise créa un réseau de collecte. Dans presque chaque village producteur de lait, on a construit un petit bâtiment, identique partout, où l’on récupérait le travail des vaches. C’est ici que l’on mesurait la quantité de lait apportée par le petit producteur. Une fois par mois, les producteurs étaient payés pour leur production.
C’était ouvert tout le temps, sept jours sur sept, mais à horaires fixes. Deux fois par jour, un camion venait récupérer le lait, pour l’apporter à un centre de traitement pour y être pasteurisé.
L’entreprise de Avanca contribua décisivement à la baisse de la mortalité infantile grâce à l’amélioration de l’alimentation des jeunes enfants. De plus, elle développa la production laitière du pays, améliorant quelque peu la vie de nombreux paysans.
Nestlé Portugal
Aujourd’hui, Nestlé est toujours présent à Avanca, où se trouve l’une de ses quatre usines portugaises, avec Porto, Coruche et São Miguel aux Açores. Ce sont au total 1850 salariés qui travaillent pour Nestlé au Portugal.
A Avanca, on y produit les céréales du petit-déjeuner, comme Chocapic, Nesquik ou Estrelitas ou bien les cafés solubles comme Tofina ou Mokambo…
Nestlé est toujours aujourd’hui une entreprise incontournable du quotidien des Portugais, qui a par le passé beaucoup fait pour l’amélioration de la qualité de vie portugaise. Aujourd’hui, grande multinationale agro-alimentaire, Nestlé essuie les reproches que l’on peut faire à ce genre d’entreprise. Personnellement, le seul reproche que je puisse vraiment leur faire, c’est de ne pas être une entreprise de capitaux portugais…
Soutenir le Portugal en français
Aidez-nous à faire connaître le Portugal, en français !
Nous ne voulons pas faire payer pour accéder aux contenus. Le Portugal en français n’aurait alors plus de raison d’exister !
Le Portugal en français est un site gratuit, et il le restera, grâce à vous !