Le Mondego est un fleuve qui autrefois servait de ligne défensive des territoires chrétiens, reconquis de haute lutte aux souverains musulmans ibériques. C'est ainsi que l'on retrouve dans son bassin de nombreux châteaux, aux avant-postes de la défense du Portugal de Dom Afonso Henriques (Alphonse Ier).
Le château de Penela, à quelques kilomètres de Coimbra, était ainsi au centre de ce dispositif défensif.
Sommaire
Penela, la petite falaise
La région du château est constituée de nombreuses collines, au flancs souvent abrupts. Quand on arrive à Penela, Il est facile de comprendre pourquoi le site a été choisi pour accueillir un château. Il s’agit en effet d’un gros rocher, d’où l’on peut observer les alentours sur plusieurs kilomètres. Une position facilement défendable.
Étymologiquement, Penela dériverait du mot Penha, qui signifie en portugais falaise. Penela en serait le diminutif, d’où le « petite falaise ». Cette hypothèse ne semble pas vraiment discutable lorsque l’on regarde la fortification d’en bas, mais d’autres s’appuient sur une légende racontant une toute autre histoire pour raconter l’origine du nom.
Lorsque le premier roi du Portugal assiégeait le château occupé alors par les musulmans, il aurait dit, pour encourager ses troupes, qu’ils avaient déjà un « pied dessus », un « pé nela ». Cette légende, même si elle est sympathique, n’a rien de réaliste, comme nous allons le voir…
Histoire du château de Penela
La présence d’une fortification depuis la période celtique, avant même les Romains semble bien incertaine. Même si le lieu est idéal, sur la route romaine reliant Coimbra à Tomar, aucune preuve archéologique n’est venue, pour l’instant, confirmer ou infirmer l’ancienneté du site. Son histoire remonte, de ce que l’on sait, au XIe siècle, lorsque le roi Ferdinand Ier de Léon achève la conquête définitive de Coimbra, en 1064. Dans ce contexte, le roi concède l’année suivante à Penela une « charte de foral » (ou plus simplement foral), c’est à dire un document où est établie officiellement une nouvelle municipalité, avec ses droits et devoirs.
A ce moment, Penela possédait déjà une fortification, mais rien ne vient signaler une possible présence plus ancienne. Peut-être existait-il déjà une tour pendant la période romaine ? Peut-être que les Maures y avaient déjà établit un château? Nul ne le sait, le foral ou l’archéologie ne le précisent pas. C’est le mozarabe Sesnando Davides, seigneur de Coimbra et fidèle allié du roi, qui aura la charge de reconstruire le château, dans les années 1070-1080. Sesnando affirme par ailleurs dans son testament (1087) qu’il a été le responsable du peuplement du château.
En 1137, Dom Afonso Henriques attribue à son tour un foral à Penela. Ceci n’est que compréhensible si dans l’intervalle, les Maures avaient reconquis à leur profit Penela. C’est fort probable, la Reconquête s’étant construite sur une série de victoires et de défaites, d’avancées et de reculs territoriaux tout au long des siècles d’occupation musulmane du territoire ibérique.
Le château, devenu définitivement chrétien, sera alors rénové par le premier roi du Portugal, avec la transformation du petit château originel de Sesnando Davides en donjon et la construction d’un premier rempart entourant ce qui n’était alors qu’un village. Il sera par la suite continuellement restauré et amélioré. Une première fois sous le fils même de Afonso Henriques, Sanche Ier (1188-1211) puis une deuxième fois par Denis Ier (1279-1325), avec la construction du donjon (autour de l’année 1300) et des remparts de la ville.
L’église du château, dédiée à Saint Michel (São Miguel) sera construite au début du XVe siècle. Les derniers travaux concernant encore l’aspect purement défensif du château auront lieu au début du XVIe siècle. Avec le temps, les fonctions militaires de Penela s’estompent, pour n’être plus qu’un lointain souvenir lors du grand tremblement de terre de 1755 et de l’effondrement conséquent du donjon.
Le château que nous pouvons aujourd’hui voir est une restauration datant des années 1940, lorsque le régime Salazariste entreprend une vaste campagne de restauration des grands monuments portugais.
Eglise de São Miguel
Les premières traces écrites de l’église datent du foral de 1137. D’architecture romane, l’édifice sera reconstruit en 1420 puis rénové un siècle plus tard, pour ne plus bouger dans les grandes lignes jusqu’à aujourd’hui. A l’intérieur, des décorations en « talha dourada », ou « taille dorée », des sculptures sur bois dorées typiquement portugaises, caractéristiques du Baroque du XVIIe et XVIIIe siècles. On retrouve dans l’église une statue de Vierge à l’enfant, oeuvre de Jean de Rouen, un sculpteur d’origine française très actif dans le Portugal du XVIe siècle.
Avec l’or venu du Brésil, qui coulait à flots pour ainsi dire au Portugal pendant le XVIIIe siècle, le pays entreprit de se couvrir d’églises, souvent au détriment des anciens lieux de culte issus du Moyen Âge. L’église de São Miguel est une rescapée de cette période, même si la taille dorée est partout. Les anciennes colonnes en témoignent encore. Pour les plus attentifs, on peut observer sur certains détails d’anciens éléments de l’église primitive qui ont été réemployés lors de la reconstruction de l’église à la Renaissance.
Un château-fort exceptionnel
Les fortifications utilisent à fond les avantages de leur situation, sur un pic rocheux. Il ne devait pas être aisé de venir à bout de ces puissantes murailles ! Le château possédait, à l’époque du premier roi du Portugal, tout ce qu’il fallait pour tenir un long siège.
On ne pouvait entrer que par un seul passage, taillé à même la roche, ne permettant pas le passage rapide de soldats en grand nombre. Au centre du château, une grande citerne avait la charge de recueillir les eaux de pluie, essentielles en cas de siège prolongé.
Aujourd’hui, loin de ses fonctions défensives, le château est un haut lieu culturel de la région. Chaque année y est installée une grande crèche animée de Noël, qui a elle seule vaut le déplacement. En parallèle, des groupes de médiation culturelle viennent au contact du public, en leur proposant de l’Histoire vivante, en endossant les habits et coutumes des contemporains de Jésus Christ…
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