L’insécurité au Portugal

On dit souvent que le Portugal est un pays très sûr en tout cas beaucoup plus sûr que la plupart des autres pays occidentaux. Eh bien c'est vrai, les indices statistiques nous le disent.

Global Peace Index

Selon le Global Peace Index, qui est un indice qui mesure la paix à l’intérieur d’un pays au niveau mondial, le Portugal est classé 6e pays le plus sûr au monde. On le retrouve aux côtés de pays comme l’Islande qui est en première place ou la Nouvelle-Zélande par exemple. Pour comprendre cette performance, on peut regarder la France, qui n’est que 65^ème pays plus sûr au monde.

Attention : ce classement est un classement global. Il prend en compte plusieurs critères. Ce qui fait dégringoler la France dans ce classement global, ce sont les critères militaires. L’armée française est impliquée dans trop de pays problématiques. Ces engagements militaires peuvent provoquer des ressentiments d’autres pays qui peuvent vouloir « se venger » de la France.

Sécurité de la société civile

D’un point de vue strictement civil, la perception de la sécurité que nous pouvons avoir d’un pays est différente. Nous pensons aux agressions dans la rue, aux vols, et tout ce que les médias cataloguent dans « insécurité ».

Sur ce critère, le Portugal n’est plus aussi bien classé, il n’est plus que 17^ème pays le plus sûr du monde au niveau de sa société civile. Et la France ? 37^ème, bien, bien loin derrière notre Portugal. Dans ce classement, les pays qui sont en tête sont ceux que nous avons habituellement en tête : Islande, Norvège, Japon… tous des pays où il y a moins de vols, moins de viols, moins de crimes violents envers les personnes.

Quels crimes au Portugal ?

Si on regarde dans le détail les différents types de crimes, le Portugal est toujours un pays très sûr. Sachant que la majorité de mon lectorat connaît bien la France, nous allons prendre ce pays comme point de comparaison, afin de mieux se rendre compte de la situation portugaise.

Le pays est ainsi souvent, pour ne pas dire presque tout le temps, mieux placé que la France. Au niveau des crimes sexuels, on dirait que les Portugaises sont beaucoup plus en sécurité au Portugal qu’en France.

J’interprète ce graphique en disant qu’une Française a deux fois plus de chance de se faire violer malheureusement qu’une portugaise.

L’homicide par arme à feu est un des crimes qui contribuent le plus lourdement au sentiment d’insécurité, du moins dans les médias. Entre la France et le Portugal, pas de jaloux, les données statistiques sont équivalentes.

Mais de mon point de vue, soyons honnêtes, ce ne sont pas vraiment ces deux crimes, les viols et les homicides, auxquels je pense en premier lorsqu’il s’agit de qualifier un sentiment d’insécurité dans un pays. Ils constituent des crimes somme toute assez exceptionnels. Pour ma part, je penserais plutôt aux vols, à la sécurité de nos biens personnels.

Les cambriolages, un problème portugais

Le Portugal est systématiquement mieux placé que la France sur la grande majorité des crimes. Mais malheureusement, il existe un gros point noir : les cambriolages, les vols sans violence.

On aurait trois fois plus de chances de se faire voler au Portugal qu’en France. Les données statistiques que nous avons sont des vols effectivement enregistrés par la police. Les gens se font cambrioler et vont porter plainte.

Et en effet, je peux en parler à la première personne. J’ai été cambriolé plusieurs fois, des amis également, et ne parlons même pas des voitures qui se font casser des vitres pour voler ce qu’il y a dedans. Le vol, c’est quelque chose de vraiment très commun ici au Portugal par rapport à la France. Je n’avais jamais été cambriolé en France !

Comment expliquer ça ?

Je ne sais pas trop, je n’ai pas trouvé d’étude pertinente sur le sujet. Peut-être parce que comme les Portugais sont plus pauvres en moyenne que les Français, que la protection sociale est moins performante que la française, les gens dans le désespoir seront plus tentés par le vol. Malgré tout, il s’agit de crimes non violents.

Humainement, les Portugais se sentent plus sûrs de leur intégrité physique, mais au niveau des biens personnels, ce n’est plus du tout le cas. Nous pouvons attribuer une bonne partie de ces cambriolages au crime organisé, à la drogue ou tout simplement au manque de respect envers les biens d’autrui. Pas étonnant que les vendeurs d’alarme fassent tant de succès !

Moralité : le sentiment d’insécurité que l’on peut avoir en France, qui est réel, avec des gens vraiment inquiets, n’existe pas vraiment tel quel au Portugal.

La criminalité, de la faute des étrangers ?

On entend souvent dire que ce sont les étrangers qui provoquent le plus de crimes au Portugal. Il vaut mieux ne pas en être trop sûr.

Ces dernières années, la criminalité a baissé de façon consistante, tandis que le nombre d’étrangers est de plus en plus important. L’arrivée massive de Brésiliens n’a pas fondamentalement changé la criminalité portugaise. Les étrangers sont venus pour travailler.

L’augmentation de la criminalité, lorsqu’elle a lieu au Portugal, est intimement liée à l’augmentation de la précarité. Les premiers précaires étant les étrangers, c’est pratiquement mathématique qu’ils se retrouvent plus souvent dans les mailles de la criminalité.

Même à l’époque de Salazar, où il n’y avait pratiquement personne né dans un pays étranger habitant au Portugal, il y avait une forte criminalité. Les crimes d’alors étaient différents, et souvent mal comptabilisés par les autorités.

Il suffit de penser aux femmes battues, qui n’osaient pas dénoncer la violence de leurs maris.

Sécurité physique

Les médias sont souvent responsables du sentiment d’insécurité de l’opinion publique. Il faut dire qu’ils sont aidés par les attaques terroristes ou des faits divers impliquants des meurtres. Il y a une ambiance générale des médias qui fait peur, ambiance que l’on ne retrouve pas dans les journaux télévisés portugais.

Le sentiment d’insécurité est subjectif, comme tout sentiment. Il peut être provoqué parce que l’on voit, et qu’on le veuille ou non, beaucoup de gens craignent l’étranger. Ils peuvent se dire (à tort…) que le Noir ou l’Arabe (pour parler crûment) vont les voler, vont leur poser des problèmes. Comme au Portugal on en voit beaucoup moins, forcément, on a un sentiment de sécurité. Sentiment qui n’est pas forcément correct !

La xénophobie ne date pas d’hier, et quand on entend que « la France n’est plus la France, je me casse au Portugal », nous savons bien qu’ils parlent de la présence de minorités « visibles », comme on aime nommer pudiquement les Noirs, les Arabes ou les Asiatiques.

Rien de tout cela au Portugal, pour l’instant les communautés étrangères ne sont pas encore accusées de tous les maux. Nous avions déjà les Gitans pour ça, mais ils restent bien trop peu nombreux pour être un véritable problème de société. Tant qu’il y a du travail, même mal payé, pour tout le monde, nous évitons la plupart des problèmes liés à la pauvreté.

En vivant au Portugal, nous ne sommes pas attaqués dans notre intégrité physique.

Finalement, il existe un autre type de criminalité, plus discret mais peut-être bien plus négatif pour un pays dans sa globalité. La corruption est un fléau, un cancer, et nous ne voyons que bien peu de personnes s’insurger activement contre cet état de fait.

Je ne me sens pas en sécurité dans un pays où il faut corrompre pour réussir à développer son entreprise. Un pays où certaines personnes on des passe-droits et qui nous donnent à nous, « petit peuple », la désagréable sensation de ne pas être dans un pays où la justice fonctionne correctement.

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