Bana, le monstre de la Morna et de la chanson cap-verdienne
Bana, le monstre de la Morna et de la chanson cap-verdienne

Bana, le monstre de la Morna et de la chanson cap-verdienne

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Vous connaissez tous probablement Cesária Évora, qu'on ne présente plus. Mais vous vous doutez bien que le Cap-Vert, malgré la petite taille de cet archipel au large de l'Afrique, regorge de talents musicaux ! Je vous avais déjà parlé de Lura, un peu de Tito Paris, mais pas encore de Bana.


Bana, c’était le monstre sacré de la musique du Cap-Vert. Né en 1932, il nous quitta en 2013, après une vie musicale remplie. Comme la majorité de ses compatriotes, il a dû émigrer pour fuir la pauvreté de son pays. Toujours aujourd’hui, la majorité des Cap-Verdiens vont à Lisbonne… à un tel point qu’il existe plus de Cap-Verdiens à l’étranger qu’au Cap-Vert !

Ses débuts professionnels ne sont pas encore musicaux.

Bana, un géant de plus de deux mètres fut d’abord le garde du corps d’un autre Cap-Verdien, B.Leza. B.Leza, de son vrai nom Francisco Xavier da Cruz, était compositeur et interprète de mornas. Sa voix hors-normes fut vite remarquée.

Heureusement que Bana est venu en métropole à cette époque. N’oublions pas que dans les années 1950, Lisbonne était la capitale d’un pays unique, qui s’étendait sur plusieurs continents. Le Cap-Vert était un peu pour le Portugal ce que sont les Antilles à la France.

Il m’est impossible de ne pas bouger au son de cette musique, très justement intitulée « mexe mexe » (« bouge bouge »). J’adore.

Pourtant, ce n’est pas au Portugal qu’il enregistra son premier album, mais au Sénégal. Les liens entre le Cap-Vert et le Sénégal sont évidents : l’archipel se trouve juste en face de Dakar. Bana s’établira « définitivement » à Lisbonne en 1969. En venant à Lisbonne, il a pu avoir le succès qu’il mérite, un succès qui lui permette de vivre de son Art. Et quel Art ! Il était véritablement doté d’un talent pour le chant, d’un talent pour la musique hors-normes. S’il était surnommé le monstre de la Morna, ce n’est pas uniquement à cause de sa très grande taille.

Bana au grand coeur

Bana était également un ami avec un grand A, un cœur de la taille de son corps. Cesária Évora, même reconnue comme étant la reine de la Morna dans son pays, sombra dans 10 ans de misère et d’alcool : la musique ne payait malheureusement pas au Cap-Vert. Ce furent 10 années sans chanter, sans spectacles, rien. C’est Bana qui a finalement convaincu Cesária Évora de venir au Portugal, alors qu’elle venait de traverser les pires années de sa vie.

Elle fit plusieurs spectacles et concerts au Portugal, laissant le pire derrière elle. Puis un Français descendant de Cap-Verdiens nommé José da Silva (un homonyme de votre serviteur ^^ ) découvre sa musique au Cap-Vert. Il la persuade de venir à Paris, où elle enregistre un album, album qui eu le succès que l’on sait…

Splendide duo avec Ildo Lobo : Bo Oio Preto , le créole portugais est vraiment beau à entendre avec de telles voix :)


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